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Pourquoi part-on vivre aux États-Unis ?

Nous évoquions, voilà quatre jours, la saignée démographique que le Québec vit. En 1889, le gouvernement d’Honoré Mercier mandate le juge Ambroise Choquet, habitant la Nouvelle-Angleterre, pour faire enquête. L’hebdomadaire de Joliette, L’Étoile du Nord, du 6 février 1890, fait écho à son rapport.

 

M. Ambroise Choquet, qui a été nommé agent spécial du gouvernement de Québec pour s’enquérir de la situation des Canadiens français dans les États de la Nouvelle-Angleterre, et de la cause de leur immigration, rend compte ainsi de la mission qui lui a été confiée.

Il dit que les causes principales qui les ont portés à immigrer sont au nombre de deux ou trois; la première, c’est le besoin de protection pour la classe ouvrière contre leurs créanciers; c’était que leurs gages étaient saisis pour payer leurs dettes, et qu’il ne leur restait plus rien pour vivre. Que reste-t-il à faire à un pauvre ouvrier, dans cette circonstance, disent-ils, rien autre chose que d’aller dans un pays où son argent lui sera remis pour prix de son rude travail.

Quelques Canadiens de la Nouvelle-Angleterre se plaignent ainsi que pour une simple petite dette, on fait vendre les articles dont ils se servent, ou tout autre chose nécessaire à la vie; dans le nouveau pays où ils ont immigré, il n’y a pas de crédit, par conséquent pas de dettes.

Une autre raison, c’est que les gens de la campagne, particulièrement les cultivateurs, ont une fausse impression de la manière de vivre aux États-Unis. Ils croient qu’il suffit de s’y rendre pour y mener une vie de grands seigneurs; ils croient que de l’autre côté des frontières, on va se les arracher pour leur donner un emploi, et que de lui-même l’argent va venir remplir leur bourse. Il y en a plusieurs aujourd’hui qui voudraient se revoir à cultiver la terre qu’ils ont quittée pour aller s’enfermer dans ces manufactures, sorte de prison où ils consument le meilleur de leur vie.

Quant aux chances de rapatriement, elles sont bien faibles, d’après M. Choquet, et même presque désespérées. Une fois qu’ils se sont habitués à ce genre de vie, ils ne peuvent plus s’en séparer.

 

L’illustration provient de cette page consacrée à Ambroise Choquet.

6 commentaires Publier un commentaire
  1. alain gaudreault #

    Quand je suis aller visiter grosse île avec ma famille j’ai été frapper par la quantité d’immigrants entrer par le st-laurent.Pendant qu’il entraient 3.5 millions d’immigrant ,dans la même période ou 1.5 millions de nos concitoyens partaient vers les usa!Le mémorial des irlandais ma boulversé,mais j’avais une pensée triste pour nos frères et soeurs qui sont partis, parfois avec rien,seulement avec leurs souvenir tandis que le gouvernement subventionnais des européens pour l’ouest canadien,Quelle tragédie!Ou est le mémorial de la grande exode des canayens!Mes mots sont peut-etre trop dure,avont été victime d’une sorte de soft-génocide?

    1 mars 2013
  2. Jean Provencher #

    La question de l’émigration des nôtres vers la Nouvelle-Angleterre, cher Monsieur Gaudreault, est assez complexe, mais je ne crois pas qu’on puisse parler d’une «sorte de soft-génocide» comme vous dites.

    1 mars 2013
  3. alain gaudreault #

    Existe t-il un bon livre sur la question?

    1 mars 2013
  4. Jean Provencher #

    Il faut avoir à l’œil les ouvrages de l’historien Yves Roby.

    1 mars 2013

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