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Une bien forte tempête

Apparence que, le 8 février 1895, on essuya une forte tempête, à l’échelle même de l’Amérique. C’est ce que raconte La Tribune de Saint-Hyacinthe le 15 février.

Après les froids sibériens des 5, 6 et 7 février, nous avions comme compensation un blizzard américain, avec accompagnement de neige et brouillard, de sorte que le 8 février les trains de tous les chemins de fer ont été contremandés ou enneigés. Ni train, ni malle de Montréal le 8, et le 9, vers deux heures, le blocus a été levé malgré la neige et le vent.

L’inauguration du chemin de fer des Comtés Unis [desservant la région au sud de Sorel] a été forcément remise à 8 jours. Nous pourrons nous vanter d’avoir eu la plus mauvaise semaine de mémoire d’homme.

Toute l’Amérique du Nord a souffert de cette tempête.

Et il semble que la tempête du 8 février fut particulièrement violente à Québec. Le journal se réfère à la description qu’en fait L’Électeur, le 9 février :

L’ouragan d’hier laissera des souvenirs.

Le chapitre des dégâts ordinaires, cheminées décapitées, enseignes arrachées, est moins chargé peut-être que lors de la tempête du 27 décembre; le vent avait aussi une moindre vélocité, n’ayant pas dépassé hier 80 milles à l’heure, ce qui est encore joli. Mais, cette fois, il y a du nouveau : la marée atteint des hauteurs inouïes s’il faut en croire les uns, ce qui ne s’était pas vu depuis trente ans selon d’autres. Un vieux batelier de la Basse-Ville nous exprimait cette dernière opinion hier soir.

Tous les quais de la Basse-Ville ont été submergés. Tous les sous-sols des magasins chez Garneau, Thibaudeau, Turcotte, Drolet, Poitras, etc. ont été inondés jusqu’à la rue Dalhousie qui a été submergée dans toute sa longueur. Plus que cela : l’eau a pénétré dans les caves de la Basse-Ville jusque dans St Roch à la hauteur de la rue Desfossés [aujourd’hui le boulevard Charest]. Les dommages sont énormes et, par malheur, il n’y a pas d’assurance contre ces sortes d’accidents.

À Lévis, la marée s’est élevée à 5 ou 6 pieds au-dessus des quais, et les résidents effrayés se sont apprêtés à déménager. Plusieurs ont dû conduire leurs animaux en lieu sûr. Ce matin, l’eau a laissé en se retirant de véritables icebergs sur les quais.

Hier après-midi, tous les trains ont été en retard.

Le fleuve a encore manqué une fameuse chance de geler de bord en bord. Ce matin, il est littéralement couvert de banquises, mais ce pont de glace est mouvant et aura disparu à la prochaine marée.

La tempête a été exceptionnellement violente dans toute l’Amérique du Nord. À New-York, on dit qu’elle dépasse en violence, sinon en durée, la mémorable bourrasque du 12 au 15 mars 1888.

La marée a été désastreuse au Cap Breton. On est sans nouvelles de tous les points de la côte, mais s’il faut en juger par ce qui s’est passé à South Ingonish, ça été une véritable catastrophe. Dans ce seul endroit, vingt-deux habitations ont été emportées à la mer.

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