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En février 1895, à Québec, tournant les pages du calendrier

C’est l’hiver. Voici le chant de la vie diverse. Mais pas toujours heureuse pour les pauvres Chinois.

Le 1er février. « Ce matin, une brume épaisse recouvrait le fleuve. On ne pouvait voir à dix pas devant soi, et les bateaux ont dû attendre que la brume se fut dissipée pour traverser. Les vieux nous disent que cela présage de la pluie, d’autres que c’est signe de maladie. » Le Quotidien (Lévis).

Le 2 février. « Une buanderie chinoise de St-Roch de Québec a été envahie hier soir par vingt-cinq voyous de nationalité canadienne-française, qui ont maltraité les pauvres Chinois. Cependant ces derniers ont réussi à mettre ces malfaiteurs à la porte. Ceux-ci ont alors brisé toutes les vitres du magasin. La police ne s’est pas montrée, bien qu’il y eut un poste près de la buanderie. On croit que c’est le fanatisme qui est la cause de l’attentat. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville)

Le 2 février. « M. Télesphore Giroux, le fameux guérisseur populaire, a été trouvé mort dans son lit, dimanche soir, à Beauport, où il demeurait. M. Giroux a succombé à une syncope du cœur. Le défunt était un personnage qui jouissait d’une certaine renommée, non seulement à Beauport, mais on peut dire dans tout le district de Québec. Les malades venaient d’un peu partout lui demander conseil; on dit même qu’il a accompli des guérisons étonnantes. Le gros public prêtait à feu M. Giroux un pouvoir quasi surnaturel. Son genre de vie n’était pas de nature à dissiper cette croyance. Il vivait depuis dix-huit ans de la manière la plus singulière, presque en anachorète; il était volontairement isolé de sa famille et retiré dans une modeste chambre de sa résidence, faisait carême tout le long de l’année et couchait sur un lit de trois planches mal jointes, sans oreillers ni couvertures. On dit même qu’on a trouvé dans sa chambre un cilice et d’autres instruments de pénitence. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville)

Le 8 février. « Le froid n’a pas interrompu le travail des coupeurs de glace hier. Quelques-uns avaient leurs vêtements tellement gelés qu’on a été obligé de les ramener en voiture. La glace est magnifique et mesure plus de vingt pouces d’épaisseur. » Le Quotidien (Lévis).

Le 14 février. « L’activité renaît déjà dans le bassin Louise. La Compagnie du havre a engagé une vingtaine d’hommes hier matin et la Compagnie du Richelieu a déjà une cinquantaine d’hommes employés aux réparations à ses bateaux et à ses pontons. » Le Quotidien (Lévis).

Le 18 février. « Le jeu de dames est toujours en vogue. Ces jours derniers, un concours a été organisé entre amateurs. M. Damase Turgeon, employé de la compagnie du Pacifique, M. Beaulieu, barbier, et M. Cameron, de la police municipale de Québec, s’étaient inscrits. Voici quel a été le résultat du concours. Turgeon, 58 parties; Beaulieu, 52; Cameron, 41. Ce concours nous en rappelle un autre plus sérieux. Il y a quelques années, un Américain arrivait à Québec, se logeait au Lion d’Or et lançait un défi à tous les joueurs de dames de Québec. Feu M. Lacroix, qui était alors à peu près le champion de Québec, releva le gant. Il perdit, paraît-il, vingt-six parties sans pouvoir en gagner une seule. » Le Quotidien (Lévis).

Le 21 février. « L’hippodrome de la rivière St-Charles est très achalandé. Tous les jours, les meilleurs chevaux y vont lutter de vitesse. » Le Quotidien (Lévis).

Le 22 février. « On reste étonné en constatant l’énorme quantité de neige charroyée durant l’hiver sur le pont de la rivière St-Charles jusqu’à la Jetée Louise. Il y a des montagnes que viennent grossir tous les jours des centaines de tombereaux. » Le Quotidien (Lévis).

Le 25 février. « Des amateurs ont décidé d’organiser un grand concours de jeu de dames qui commencera ce soir aux salles de l’Union commerciale [dans le faubourg Saint-Roch]. » Le Quotidien (Lévis).

Le 26 février. « Demain soir, les raquetteurs de l’Union commerciale [dans le faubourg Saint-Roch] avec flambeaux, costume et corps de clairons paraderont dans les rues de Québec. » Le Quotidien (Lévis). Surprenant de constater que, même le Mercredi des cendres, en plein carême, les raquetteurs continuent de parader.

 

L’illustration est une scène du marché de la haute-ville, devant l’église Notre-Dame, à Québec, une «eau-forte sur papier collé sur carton» de T. G. Marley. Source : Musée du Québec, Cote A 61 163 E. Photographie de Neuville Bazin. Il est étonnant d’apercevoir deux dates sur l’image: 1831 et 1836.

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