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Le fleuve Saint-Laurent, un cours d’eau d’embûches

Piloter sur le Saint-Laurent est fort complexe. Gens de terre, nous n’en avons absolument aucune idée. Le quotidien montréalais La Patrie, à la une de son édition du 2 janvier 1900, fait écho au rapport du Comité des pilotes de Montréal pour l’année 1899. Attrapons quelques passages de ce rapport. Ne vous laissez pas rebuter, entêtez-vous à poursuivre la lecture. Manifestement, nous sommes complètement dans un autre monde. Et fort complexe, à l’évidence.

Une partie des améliorations suggérées par les pilotes à l’enquête de 1898 et pendant l’inspection du chenal dans l’automne de la même année ont été faites, le service des bouées, en général, s’est fait d’une manière satisfaisante.

Pendant l’inspection plus haut mentionnée, il fut décidé, à la demande des représentants des intérêts maritimes, que quelques bouées additionnelles seraient posées dans la traverse du Cap Santé, malgré les protestation du représentant des pilotes, alléguant que cette partie du fleuve était le plus souvent franchie la nuit, ces bouées, que rien ne signalait, placées dans un chenal ordinairement libre, constituaient un danger permanent.

Après plusieurs rapports et protestations, on finit cependant par une entente avec le comité du pilotage de la Commission du Port; des lumières d’alignement furent ajoutées, ce qui permit de continuer le service de nuit sans risquer des dommages.

Nous espérions que les lumières projetées à la Pointe-à-Bazile seraient placées dans le cours de l’été, cette partie du chenal laissant beaucoup à désirer sous ce rapport; nous ne doutons pas qu’elles le seront au printemps.

Un nouveau chenal a été balisé au sud de la barre St-Augustin, lequel est supposé avoir une profondeur de trente pieds à marée basse, mais n’ayant eu aucune rapport officiel, et par là même rien pour nous guider au cas de déplacement de quelques-unes de ces bouées, aucun pilote n’a voulu prendre les risques d’y passer.

Nous croyons nécessaire que des sondages soient faits tous les ans à Champlain, à cause du sable mouvant qui forme le fond du chenal et le remplit graduellement.

Ayant constaté que, pendant les basses marées de septembre dernier, nous avions plus qu’un pied d’eau de moins dans la partie Est de ce chenal que la profondeur moyenne, nous avons signalé ce fait au département des Travaux publics; ce département s’est empressé d’y envoyer un dragueur.

Le redressement des courbes et l’élargissement du chenal depuis la Longue-Pointe à Contrecœur ont de beaucoup facilité la navigation, et les vaisseaux de fort tonnage peuvent maintenant y naviguer librement.

Le plus urgent, croyons-nous maintenant, serait l’élargissement du chenal du lac St-Pierre et plus spécialement la traverse de la Rivière du Loup, où nous éprouvons beaucoup de difficultés à faire les rencontres, surtout lorsque l’eau est basse. L’espace restreint et la pression de l’eau rendent la manœuvre des vaisseaux d’un fort tonnage presqu’impossible et nous expose à de sérieux accidents.

 

Voilà une idée de la complexité de naviguer sur le fleuve Saint-Laurent de Québec à Montréal. Et ces gens ne réclament pas des augmentations de salaire, ils ne parlent que de sécurité.

Extraite du journal L’Opinion publique du 6 décembre 1877, la gravure est celle du Newfield, un vapeur propriété du gouvernement fédéral, quittant Montréal, dit-on, chargé de produits du Canada à destination de l’Exposition de Paris. On trouve cette image à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Bateaux à vapeur».

4 commentaires Publier un commentaire
  1. jean cloutier #

    Bonjour M. Provencher
    Je vous souhaite également une bonne année 2013, la santé et plein de belles choses à nous raconter.
    Nous remarquons dans votre article que de toutes les époques, les pilotes n’ont pas seulement piloté machinalement les navires, mais ont aussi participé aux améliorations et aménagements du fleuve afin d’offrir un service toujours plus sécuritaire. Plusieurs aides à la navigation, bouées, phares et feux d’alignements ont été installés suite aux demandes et recommandations des groupes de pilotes. Encore aujourd’hui avec des navires toujours plus gros, que ce soit avec la Garde côtière ou le port de Québec, les pilotes font parti des différents comités assurant la sécurité sur le Saint-Laurent.

    Cordiales salutations

    5 janvier 2013
  2. Jean Provencher #

    Ah, merci beaucoup, cher Monsieur Cloutier. Et bravo pour les pilotes !

    5 janvier 2013
  3. Jean Provencher #

    Chanceuse êtes-vous, chère Vous. Et on répète que qui est né au bord du fleuve Saint-Laurent ne peut plus habiter ailleurs que sur son rivage.

    8 janvier 2013

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