Skip to content

Le club de raquette Le National Indépendant

En 1900, dans la grande région de Québec, les clubs de raquetteurs sont nombreux. Et, la neige venue, ils se manifesteront à tous les ans jusqu’au début des années 1960.

Voici celui du quartier Saint-Sauveur, à Québec. Un texte du journal Le Monde illustré du 29 janvier 1898

Nous présentons à nos lecteurs, dans le présent numéro, un groupe formé des officiers et des membres du club de raquette le National Indépendant, de Saint-Sauveur, Québec. Ce club, qui a été fondé en décembre 1896, est composé exclusivement de Canadiens français choisis parmi la fleur de la jeunesse Québecquoise.

La constitution de ce club, que nous avons lue, mais que nous regrettons de ne pouvoir publier faute d’espace, comporte des articles où la moralité, la sobriété et l’honneur des membres de ce club sont fièrement affirmés. Bravo ! voilà ce qui s’appelle être vraiment Canadiens français !

Parmi les officiers d’honneur du National Indépendant, nous voyons sir Wilfrid Laurier, l’hon. S.-N. Parent, les échevins Chs-E. Roy et U. Cartier, M. J.-B. Caouette, poète-lauréat de l’Académie des Muses Santones, et M. J.-B. Thibaudeau, président général de la société Saint-Vincent de Paul, de Québec.

Sa devise est : « Brave la neige et va ton chemin ». L’uniforme du club est noir, mais le turban et le gland de la tuque ainsi que le capuchon, le ceinturon et les bas sont d’un beau jaune orange.

La ville de Québec compte déjà plusieurs clubs de ce genre composés de braves et joyeux sports [on dit sports plutôt que sportifs en 1900], mais nous ne craignons pas de dire que le National Indépendant est un des plus remarquables, sinon le plus remarquables à tous les points de vue. Aussi sa popularité grandit-elle de jour en jour au sein de la vieille cité de Champlain. Longue vie et prospérité au National Indépendant…

Puis l’hebdomadaire montréalais donne le nom des membres du club. Qui sait, peut-être avez-vous un parent, jeune homme alors, parmi ces raquetteurs. Les voici : Omer Cloutier, Nap. Dulac, Adélard Émond, Albert Beaupré, Jos. Rancour, Léon Gingras, Alf. Rochette, Jos. Côté, Léandre Grenier, Édouard Plante, Eug. Gingras, Arthur Mordor [peut-être plutôt Mondor], Alf. Nolet, Elz. Blais, Émile Tardif, Albert Mercier, Alf. Désy, Rosaire Bolduc, M. Goulet, Jacques Labrecque et Francis Perrault.

Une rapide recherche dans les annuaires de rues de Québec pour le quartier Saint-Sauveur nous dirait, qui sait, à quelle adresse ils habitaient. Ainsi trouve-t-on alors un Jacques Labrecque, cordonnier, habitant au 11, rue Saint-Germain, dans Saint-Sauveur. Au sein d’une équipe de raquetteurs, cet homme de métier peut être fort utile. Un bris d’équipement en plein champ ou en forêt retarde tout l’équipage.

Chaque club de raquetteurs, tradition oblige, a un chant qui lui est propre. Voici celui du National Indépendant, composé par J.-B. Caouette, sur l’air de «En revenant de la Vendée».

 Peut-il s’agir de l’air de cette chanson interprétée ici par Bernard Simard, folkloriste de la région de Lanaudière, à la belle voix, présent ici au Festival de chants de marins à Paimpol en 2009 ?

I

Quand nous allons raquett’s aux pieds (bis)
Nous marchons comme des troupiers;

Refrain

Viv’ le National
Formé de Canadien français
Qui n’auront peur jamais !

II

Bravons nos froids de Sibérie (bis)
La neige et la bise en furie;

III

Soldats d’un genre tout nouveau (bis)
Prenons pour arme le flambeau;

IV

À l’exemple de nos aïeux (bis)
Montrons-nous fiers et courageux;

V

Ne ménageons jamais nos pas (bis)
Franchissons tous les embarras;

VI

Nous reviendrons à Saint-Sauveur (bis)
L’âme et l’esprit de bonne humeur;

 

VII

Pour soutenir notre gaîté (bis)
Nous boirons plus d’une santé;

VIII

Sans étiquette, en vrais lurons (bis)
Nous mangerons et fumerons;

IX

Et tour à tour nous danserons (bis)
Lanciers, quadrill’s et cotillons.

X

Aux jeunes filles, les garçons (bis)
Feront l’amour en deux leçons !

XI

L’amour promet au noble cœur (bis)
Le mariage et le bonheur…

XII

La morale de ces couplets (bis)
C’est d’éviter tous les excès !

XIII

Amusons-nous en citoyens (bis)
Comme des braves Canadiens !

XIV

O raquetteurs, soyons unis (bis)
Si nous voulons rester amis !


 

L’illustration paraît dans Le Monde illustré du 29 janvier 1898. On la trouve à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Raquette (sport)».

16 commentaires Publier un commentaire
  1. alain gaudreault #

    Je me souviens d’un film sur un fameux club de raquetteurs.je crois qu’on peu le retrouver sur le site de l’ONF!

    31 décembre 2012
  2. Jean Provencher #

    Il faudrait fouiller, en effet, cher Monsieur Gaudreault. Mais il me semble que Jean-Claude Labrecque, notre grand cinéaste, est l’auteur d’un documentaire, justement, sur les raquetteurs.

    31 décembre 2012
  3. alain gaudreault #

    http://www.onf.ca/film/raquetteurs_en

    31 décembre 2012
  4. Jean Provencher #

    Ô ! Super ! Merci beaucoup ! Ce n’est donc pas Labrecque, mais deux autres de nos grands cinéastes, Michel Brault et Gilles Groulx.

    31 décembre 2012
  5. Jean Provencher #

    Quel beau documentaire ! Véritable pièce d’archives ! Et je vois que Marcel Carrière, un autre de nos grands cinéastes, assure le son. J’ai eu le bonheur de connaître Marcel l’an dernier. Lui et moi étions deux lauréats des Prix du Québec. Marcel a gagné le Prix du cinéma, le Prix Albert-Tessier. Et quel homme attachant ! Nous étions de véritables complices.

    31 décembre 2012
  6. Jean Provencher #

    Quel document ! Mais c’est le chant du cygne des raquetteurs alors. Durant les années 1960, on s’apercevra, sans même s’en rendre compte, que les majorettes, qui apparaissent ici, viendront à prendre la place des raquetteurs dans les défilés.

    31 décembre 2012
  7. alain gaudreault #

    Le canot et la raquette ont été nos principal moyens d’explorations et peut-etre le traineaux a chien!

    31 décembre 2012
  8. Jean Provencher #

    Absolument. Et quelle belle manière de terminer l’année sur ce site internet ! Eh, encore merci, Monsieur Gaudreault.

    31 décembre 2012
  9. alain gaudreault #

    Le documentaire nous a donné de grands cinéastes,certains ont débuter avec le genre pour ensuite faire de la fiction et d’autres sont rester et ont connus la gloire comme pierre perrault.Je cherche le nom d’un essayiste qui vécu dans le bois comme ingénieur forestier.populaire dans les années 60/70.ces livres sont éditer aux éditions de l »homme?

    31 décembre 2012
  10. Jean Provencher #

    Coudon, parlez-vous de mon oncle Paul, Paul Provencher, le coureur des bois ? Il a beaucoup publié aux Éditions de l’Homme.

    31 décembre 2012
  11. alain gaudreault #

    C’est votre oncle,et ben ça parle aux yable.La réfférence dans son domaine au québec a l’époque.je crois avoir lus presque tout ces livres.j’en ai trouvé dans des ventes de livres a rabais,quand j’en vois un je l’achete a tout coup.je me souviens un peu de sa liste d’épicerie pour un hiver dans le bois;lard salé,feves,farines en quantité industrielle ,témoins d’un époque révolus et qu’il fait bon revoir!

    31 décembre 2012
  12. Jean Provencher #

    Ça parle au yâble certain ! Je l’ai bien connu. Je suis en lien aussi avec son fils Jacques.

    31 décembre 2012
  13. alain gaudreault #

    Vous avez l’histoire dans le sang chez les provencher,j’ai trouver un liens que je vais explorer:http://www.paulprovencher.ca/

    31 décembre 2012
  14. alain gaudreault #

    J’attend a demain pour vous souhaiter la bonne année monsieur l’historien.

    31 décembre 2012
  15. Jean Provencher #

    Vous êtes adorable. Mais on peut se serrer la pince maintenant. Chose certaine, je serai là demain.

    31 décembre 2012
  16. Jean Provencher #

    Hier, 2 janvier, Marcel, ce cher Marcel Carrière m’écrivait :

    Ce film LES RAQUETTEURS nous ramène à la fin des années cinquante, nous cherchions à tourner des films sans trop d’entrave, avec une caméra légère sans fil entre celle-ci et le magnétophone tout en étant synchrone. Ce film est considéré comme l’ancêtre du CINÉMA DIRECT. Dans une autre veine, j’ai réalisé en 1967 un film avec les Zouaves   » AVEC TAMBOURS ET TROMPETTES « . Ils sont disparus peu après…. Le film est disponible sur le site de l’O.N.F. et c’est gratuit.

    3 janvier 2013

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS