Vive les vacances !
Le 17 juin 1905, un quidam raconte dans La Patrie ce qui se passait dans son jeune temps à la fin des classes. Il intitule son texte Les récompenses des bons écoliers.
Vivent les vacances !
À bas la rentrée !
Les maîtr’s sont à vendre,
La baraque à louer !
Tel est le gai refrain qu’avec entrain nous chantions, sur l’air d’Au clair de la lune, quand approchait l’époque impatiemment attendue de la distribution des prix et, surtout, des vacances, dans la célèbre institution où nous fîmes de si brillantes études.
Certaines paroles de ce refrain étaient bien quelque peu irrévérencieuses à l’égard de ceux qui s’appliquaient, avec plus ou moins de succès, à meubler nos jeunes cervelles, et du toit sous lequel nous avions passé, certes, l’une des plus heureuses parties de notre existence; mais, comme les grandes personnes, nous connaissions déjà la soif de la vengeance et nous nous dédommagions par notre insolence des pensums qui nous avaient été infligés et des retenues que nous avions subies.
Les maîtr’s sont à vendre,
La baraque à louer !
En chantant ces vers boiteux, nous voyons devant nous s’ouvrir une ère de liberté, d’indépendance et de plaisirs qui nous semblait ne devoir jamais finir. Nous fermions nos livres et nos cahiers barbouillés de taches d’encre, nous brisions nos plumes et nos crayons; les plus enthousiastes déchiraient même les bouquins dont l’étude les horripilait le plus.
Et, en attendant le moment de la fermeture de l’école, comme le prisonnier attend l’heure de sa mise en liberté, nous rêvions au bonheur constant des jeunes sauvages qui n’ont point de maîtres, point de leçons à apprendre, et qui passent leur temps à courir dans les bois et à grimper aux arbres.
Mais il fallait, avant d’être lâchés, passer par la distribution des prix, cérémonie imposante que quelques-uns — les studieux — voyaient venir avec joie, mais que beaucoup redoutaient.
La sortie définitive était particulièrement embarrassante pour les paresseux et les cancres qui défilaient, la tête basse, les bras ballants, n’ayant rien à porter, sinon un ou deux accessits très peu encombrants, tandis que les bons écoliers exhibaient triomphalement de grosses piles de livres de toutes les couleurs, dorés sur tranches, et une ample moisson de couronnes, témoignages tangibles de leur intelligence et de leur application.
Oui, pour maints élèves, cette sortie gâtait décidément le plaisir des vacances, et les réprimandes paternelles et maternelles qui la suivaient leur mettaient à l’âme un malaise dont ils ne pouvaient se débarrasser avant plusieurs jours.
Juste châtiment qui portait quelquefois ses fruits.
L’humiliation, le désir de faire preuve d’intelligence comme leurs camarades a remis dans la bonne voie bien des enfants, et leur a fait comprendre l’importance, la nécessité et même le charme de l’étude.
Cela dit, vous deviez sans doute avoir une courte chanson, vous aussi, à votre sortie des classes. Nous, nous y allions de celle-ci:
Vive les vacances
Au diable les pénitences
On met l’école en feu
Et les pisseuses dans l’milieu.
Source de l’illustration : Mon troisième livre de lecture, Montréal, Librairie Granger Frères Limitée, 1956. Textes de Marguerite Forest et Madeleine Ouimet, illustrations de Jean-Charles Faucher.
Cette chanson me ramène des souvenirs de fin de classe, déjà bien loin.
Pour nous la chanson différait un peu:
Vive les vacances
Au diable les récompenses
Mettons l’école en feu
La maîtresse au milieu
Beaux souvenirs
Ah, j’aime, chère Marielle.
La nôtre, dites donc, une chanson de gars, était encore plus impolie que la vôtre. Et c’est ainsi que nous désignions les religieuses qui nous enseignaient.
Merci beaucoup. Je n’avais jamais entendu cette version.
Cher vous, avant de m’engloutir dans la saison, de disparaître dans mon champ de terre noire,travailleure autonome ,le temps des vacances n’est jamais juste-là où on avait projetter et une autre date vient souvent casser la baraque, un jour la famille ne suit plus, et on court après nos si beaux enfants qu’on voulait libre et enchanteleur, que du bon pour l’été…j’irai vous voir sur le quaie des grèves de la ville.
Ah, vous aussi, chère Mildred, que du bon pour l’été ! Et espérons que le jour de votre venue, ce ne sera pas un «quai des brumes». Je blague. Ce peut être fort agréable un «quai des brumes». Je me rappelle avoir vu en spectacle Lhasa de Sela, toute jeune, inconnue, au Quai des brumes, rue Saint-Denis à Montréal. Et puis cela me rappelle le très beau film de Carné avec les grandes vedettes Michèle Morgan, Michel Simon, Jean Gabin et Pierre Brasseur. Souhaitons-nous alors un quai des Brumes lors de votre venue sur ce quai des grèves de la ville.