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Enfin la Corneille !

La libération est venue ! Avant ma longue quête dans la presse québécoise de 1900, jamais je n’aurais soupçonné que la première manifestation du printemps est le retour de la Corneille. Partout, dans chaque région, dans chaque communauté, la première personne qui aperçoit une Corneille s’empresse d’en faire part à la famille, aux voisins, et de transmettre l’information au journal. La nouvelle réjouit tout le monde.

Tournons quelques-unes des pages des journaux de mars.

À Limoilou d’abord, un petite ville qui sera annexée à Québec en 1909 : « Une personne d’Hedleyville [le Vieux-Limoilou d’aujourd’hui] dit qu’elle a vu des corneilles voler avant-hier au-dessus des maisons. Le printemps nous arrive. Le Quotidien de Lévis, 4 mars 1895.

À Sorel en 1902 : C’est le printemps ! Les corneilles sont arrivées ! Il y en a des centaines qui croassent sur les bordages du fleuve, en face de la ville. La traverse entre Sorel et Berthier est toute en glace vive. Aussi, un grand nombre de voitures traversent tous les jours et nous avons le plaisir de voir nos amis de la rive nord. Le Courrier de Sorel, 7 mars 1902.

Dans le faubourg Saint-Roch, à Québec, en 1909 : Une corneille, la première de la saison, a été aperçue hier après-midi au-dessus du quartier, se dirigeant vers le nord. La messagère du printemps est revenue vers 3 h. 45, se dirigeant cette fois-ci vers le sud. Le Soleil, 9 mars 1909.

Toujours à Québec, cette fois-ci en 1903 : Nous sommes probablement près de la température réelle et permanente du printemps. On nous informe qu’une corneille a été vue sur le chemin de Ste-Foye, hier matin. L’apparition d’un oiseau de ce genre est ordinairement considérée comme un signe de la saison printanière. Le Soleil, 11 mars 1903.

À Victoriaville en 1895 : Le printemps nous arrive rapidement. La neige fond à vue d’œil sous l’ardeur du soleil. Les trottoirs sont en grande partie découverts. Plusieurs personnes ont pu voir la semaine dernière des corneilles en assez grande quantité, indice certain du retour de la belle saison. Le Quotidien de Lévis, 18 mars 1895.

Revenons à Québec en 1902 : Ce matin, l’on voyait plusieurs corneilles planer au-dessus de la ville. Ce sont certainement les messagères du printemps qui nous arrivent. Le Soleil, 19 mars 1902.

 

Je m’arrête, on dirait une litanie. Cela me réjouit, j’aime beaucoup la Corneille, sans doute le plus intelligent de nos oiseaux.

À la vérité, beaucoup de Corneilles partent vers le sud, le froid s’annonçant, mais quelques-unes d’entre elles passent l’hiver au Québec. Dans son ouvrage Les Oiseaux du Canada, publié à Québec en 1883, Charles-Eusèbe Dionne écrit : Ce noir volatile nous arrive en troupes nombreuses au mois de mars et s’en retourne fort tard à l’automne; quelques individus hivernent même. Puis, toujours de Dionne, mais cette fois-ci dans son véritable traité d’ornithologie, Les Oiseaux de la province de Québec, publié à Québec en 1906 : À l’automne surtout, elle se voit en grandes bandes, particulièrement au moment de sa migration. Cependant il y en a un certain nombre qui hivernent dans les bois, notamment en arrière de Charlesbourg, à St-Joachim, à la Malbaie, ainsi que dans d’autres localités. Mais la presque totalité émigre plus au sud.

10 commentaires Publier un commentaire
  1. christiane hardy #

    J’ai vu et entendu ma première corneille avant-hier, le 2 mars : Saint-Jean-Port-Joli.

    4 mars 2012
  2. Jean Provencher #

    Hé, merci beaucoup, chère Vous ! Je rentre de chez moi à l’instant, elle était bien là, solitaire, au sommet de mes grands faux-trembles, plastronnant en pleine lumière par ce si beau jour, mais m’ayant à l’œil, bien sûr. Ah, malheur de malheur, je suis un amoureux éconduit. Elle devrait pourtant comprendre mon amour.

    Mais elle sait que je suis de cette race à deux pattes qui l’a tant pourchassée au fil des siècles. N’est-elle pas protégée au Québec, au temps de la nidification, que depuis 1989. Autrement, on peut l’abattre à volonté. Et qui sait, peut-être a-t-elle en mémoire que dans nos campagnes, les habitants la mettaient en croix sur les grandes portes de la grange, morte, clouée les ailes ouvertes et la tête pendante, épouvantail pour les autres oiseaux, comme le beau Christ en croix tout au fond du cimetière de Dosquet, tête tombée de côté, couronne d’épines descendue sur les yeux, absolument magnifique, gage d’espoir pour les croyants, épouvantail contre l’anéantissement suprême.

    4 mars 2012
  3. Anicée #

    J’habite la Nouvelle-Écosse et les corneilles passent l’hiver ici à mon grand bonheur.

    Anicée

    20 mars 2013
  4. Jean Provencher #

    Ah, chère Anicée, merci de votre message soudain ! Il s’en trouve ici aussi en hiver, mais moins nombreuses qu’en mars. Car un certain nombre continuent d’émigrer et nous reviennent en mars. Merci encore à Vous et bravo de vous réjouir de la présence de cette chère corneille, absolument intelligente.

    20 mars 2013
  5. Louis #

    Bonjour Mr. Provencher
    Dans ma région de Granby et Iberville les corneilles passent l’hiver ici. Comme cette année fin mars ils ont disparus pour faire leur nid. Habituellement il en a des milliers et comme par hasard ils ont disparu. Mais ont vont-elles.

    5 avril 2013
  6. Jean Provencher #

    À mon avis, cher Monsieur Louis, elle ne vont pas très loin. Ouvrez l’œil. Elles peuvent être tout près. Mais dans le temps des nids, elles se tiennent fort silencieuses pour mener leur besogne. Il y a deux ans, sur mon terrain, quand toutes les feuilles furent tombées, j’ai aperçu soudain, à ma grande surprise, quatre gros nids de corneilles, sur mon terrain. Et, pourtant, j’aurais juré que jamais les corneilles n’avaient niché chez moi. Elles s’étaient faites tellement discrètes que je ne m’étais pas aperçu qu’elles nichaient.

    P. S. Surveillez mon article de demain sur la corneille; certains n’aiment vraiment pas les corneilles.

    5 avril 2013

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