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La barque Orion

Il y a de ces moments dans la vie d’un historien qui sont jouissifs. Dans la quête que je mène sur la vie en 1900, il m’arrive de tomber, ô bonheur, sur de véritables dates repères. En voici une.

Il faut savoir qu’au début du 20e siècle, la navigation commerciale à voiles est, à toutes fins utiles, terminée. Voilà au moins 50 ans maintenant qu’on traverse les mers à la vapeur et non à voiles. Le 9 mai 1853, par exemple, le Genova arrive à Québec en provenance de Liverpool et réalise la traversée en 20 jours.  C’est là le premier navire à vapeur en bois, à roues à aubes, à traverser l’Atlantique d’est en ouest.  Il jauge 350 tonneaux et va avec un tirant de 14 pieds d’eau. L’avenir s’annonce avec l’arrivée de ce premier vapeur. Bientôt, les bateaux de bois à vapeur ne seront plus que d’acier. Mais il n’empêche. L’envoi est donné.

À Québec, quel sera donc le dernier navire commercial à voiles, ayant fréquenté la haute mer, à se présenter ?

Le 29 juin 1900, La Patrie nous annonce qu’à Québec, la barque Orion est entrée en rade hier après-midi, toutes voiles dehors, avec une cargaison de mélasse des Barbades consignée à M. J. B. Letellier. C’est le premier voilier qui arrive ainsi dans le port depuis trois ans. C’était un spectacle très ordinaire, il y a vingt ans. Il n’était pas rare de voir à cette époque-là une quinzaine de navires doubler la pointe de l’Ile et entrer dans le port toutes voiles au vent.

Le même jour, le journal Le Soleil, de Québec, confirme l’événement. Les promeneurs sur la Terrasse, hier, ont été témoins d’un fait bien rare aujourd’hui : une barque, l’Orion, venant des Barbades, entrait toutes voiles déployées dans notre port. Il y a quelque vingt ans, de véritables flottilles de voiliers nous arrivaient à la fois. Et le journaliste de conclure avec grande justesse : Aujourd’hui la vapeur a remplacé la voile.

Est-ce bien le dernier grand voilier commercial à se présenter à Québec ? Je ne pourrais le certifier. Mais il ne m’est pas arrivé d’en trouver un autre par la suite. Chapeau à ces journalistes attentifs ! Notant cet événement, ils faisaient l’histoire.

P. S. Sur internet, on trouve de nombreuses mentions en appelant « barque Orion ». Mais comment savoir si c’est bien la nôtre ? Chose certaine, il semble y avoir eu au moins deux barques Orion. La première est trop vieille pour être celle-ci. Mais est-ce la seconde, un quatre-mâts, qui fait naufrage, semble-t-il, le 11 août 1908 ? Pourrait-elle être revenue à Québec après 1900 ?

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