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Chronologie culturelle, 1608-2008

En août 2007, à quelques mois du 400e anniversaire de la ville de Québec, Richard Lavoie et Yves Drolet, du Groupe Sismique, ainsi que Bernard Roy et Bruno Fecteau, attablés à la terrasse de l’Hôtel Belley, imaginent un album double de 26 poèmes et chansons rendant hommage à Québec. Guy Asselin, de Caméléon Designer inc., s’associe rapidement au projet et crée la signature originale de Kebek par Québec. Moi-même, je me joindrai par la suite aux cinq premiers larrons. Finalement, près de 200 personnes travailleront au projet.

Au début de juin 2008, nous lançons l’album double à l’Espace 400e, dans le Vieux-Port de Québec, en bordure du Bassin Louise. Outre l’édition populaire, une édition de luxe, numérotée de 0001 à 2008, se présente dans un coffret de bois. Deux livrets s’y trouvent: l’un sur les artistes et les textes interprétés. L’autre offre une chronologie d’événements ayant marqué la vie culturelle de Québec depuis 1608. Voici cette chronologie.

Chronologie culturelle, 1608-2008
Illustration de la variété des «chants», à Québec et dans la région, depuis la fondation de la ville.

1608 — Samuel de Champlain et ses 28 compagnons fondent Québec.

1609 — On donne le nom de Nouvelle-France au Canada. Champlain conclut une alliance avec la nation huronne.

1610 — L’assassinat du roi Henri IV fait que Champlain et Dugua de Mons, son pourvoyeur, perdent leur appui à la cour de France.

1612 — Nommé lieutenant de la Nouvelle-France, Champlain devient ainsi le plus important personnage du pays.

1615 — Arrivée en Nouvelle-France des quatre premiers Récollets, missionnaires religieux qui continueront leur œuvre pendant près de deux siècles.

1617 — Louis Hébert et Marie Rollet s’installent à Québec avec leurs trois enfants.

1620 — L’une des filles d’Hébert et de Rollet donne naissance au premier enfant d’origine européenne à survivre dans la colonie. Champlain fait construire le fort Saint-Louis au sommet du cap Diamant.

1621 — Construction du couvent des Récollets.

1625 — Arrivée de cinq Jésuites missionnaires à l’invitation des Récollets.

1627 — La Nouvelle-France compte moins de 100 habitants, dont une dizaine de femmes.

1629 — Québec tombe aux mains des cinq frères Kirke; Champlain doit capituler et regagner la France avec 60 des 80 colons.

1632 — La Nouvelle-France redevient française. Champlain fait construire la petite église Notre-Dame-de-la-Recouvrance pour remercier la Vierge Marie. Début des Relations des Jésuites.

1633 — On baptise sous le nom d’Olivier Le Jeune, un Noir africain amené à Québec par les Kirke et maintenant domestique de Guillaume Couillard.

1635 — Fondation du Collège des Jésuites à Québec, premier collège régulier au nord du Mexique.

1636 — On lit dans les Relations des Jésuites que Québec est gardée comme une forteresse en France et que la Diane nous réveille tous les matins, soit le premier roulement de tambour de la garnison à l’aube.

1637 — Les Jésuites établissent la «réserve» de Sillery, première tentative méthodique en Amérique du Nord en vue de franciser les indigènes.

1639 — À leur arrivée d’Europe, à leur descente de bateau, les six religieuses Ursulines et Augustines entonnent le Te Deum. L’Ursuline Cécile de Sainte-Croix écrit qu’elle ne trouve rien de plus agréable que d’entendre chanter les Indiens, «tant ils chantent doucement et s’accordent bien».

1640 — Chez les Ursulines, sœur Agnès joue de la viole lors de repas de fête organisés pour les jeunes Amérindiennes. Le théâtre fait son apparition; Martial Piraube, secrétaire du gouverneur Montmagny, tient le premier rôle dans une tragicomédie.

1641 — Le Jésuite Jean de Brébeuf compose pour les Hurons le chant de Noël Iesous Ahatonhia (Jésus est né).

1646 — Les Québécois peuvent assister à une représentation du Cid de Pierre Corneille.

1647 — Construction de l’église Notre-Dame de Québec.

1648 — Jacques Boisdon reçoit la permission d’ouvrir une auberge.

1651 — Après l’incendie de leur monastère en 1650, les Ursulines réintègrent leur nouvel habitat donnant l’occasion à des cérémonies. «Pendant ces trois jours, écrit Marie de l’Incarnation, la paroisse y vint processionnellement avec le peuple chanter en musique; car on fait ici comme dans une cathédrale, soit pour le chant, soit pour les cérémonies, que les plus entendus disent y être observés avec autant de majesté que dans les églises de France les mieux réglées…»

1654 — L’Ursuline Marie de l’Incarnation écrit que les Hiroquois, venus les visiter, étoient tous ravis d’étonnement d’entendre nos petites Sauvages si bien chanter, car les Sauvages aiment le chant, et ils leur rendoient le retour par un autre chant à leur mode, mais qui n’étoit pas dans la mesure Françoise.

1660 — À partir de cette année-là, le jour de l’Épiphanie, les soldats font retentir flûtes et tambours.

1661 — François de Laval rapporte de France un orgue pour l’église Notre-Dame.

1663 — Arrivée des premières «Filles du Roi» dans le cadre d’un effort de peuplement inédit.

1664 — Pierre Boucher publie Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions du pays de la Nouvelle-France.

1666 — Lors de la translation des restes de saint Flavien et de sainte Félicité, Marie de l’Incarnation dit que la musique ne cessa point, tant dans les chemins que dans les stations dans les quatre églises de Québec. Premier recensement nominatif dans l’histoire du Canada : la ville de Québec compte 747 habitants.

1667 — Au moment du carnaval, Louis-Théandre Chartier de Lotbinière donne un bal pour célébrer sa nomination à la charge de lieutenant civil et criminel de la prévôté.

1669 — Mgr de Laval crée une école d’arts et métiers à Saint-Joachim.

1670 — On appelle maintenant «Canadiens» les Français établis à demeure au pays.

1685 — Mgr de Saint-Vallier avertit le gouverneur Denonville qu’il serait inopportun et même dangereux de renouveler ici sans y penser l’usage du théâtre et de la comédie.

1686 — Les Dames de la Congrégation de Notre-Dame ouvrent pour les filles une école d’enseignement ménager connue sous le nom de Maison de la Providence. Des cours d’hydrographie se donnent maintenant dans une maison de Québec et relèvent du «maître d’hydrographie pour le roi à Québec».

1688 — La ville de Québec compte 1 400 habitants.

1690 — Siège de la ville de Québec par la flotte de l’amiral Phipps. Frontenac répond à l’émissaire de Phipps : «Je nay point de réponse à faire à votre general que par la bouche de mes cannons et a coups de fuzil.» On considère comme une intervention miraculeuse de la Vierge la victoire qui s’ensuit.

1693 — Malgré les avertissements de l’évêque, le gouverneur Frontenac remet en honneur des soirées dramatiques.

1694 — Au moment du carnaval, on monte les tragédies Nicomède et Mithridate au château Saint-Louis. La mise en scène du Tartuffe de Molière suscite la colère de Mgr de Saint-Vallier, qui dénonce cette pièce et les autres comédies du genre comme «absolument mauvaises et criminelles». Le roi Louis XIV doit intervenir pour ramener le calme.

1697 — Les Hurons s’installent définitivement à Wendake.

1700  — Le grand vicaire et grand chantre Charles de Glandelet, secrétaire de Mgr de Saint-Vallier, cherche à remettre en vigueur le grégorien pendant la messe. Québec compte environ 2 000 personnes.

1702 — Une épidémie de petite vérole fait de 300 à 400 morts en deux mois; on défend de sonner le glas, tant c’est lugubre.

1705 — Pierre de Silva, dit Portugais, reçoit une commission pour le transport du courrier entre Québec, Trois-Rivières et Montréal; c’est le début du système postal au Canada.

1708 — Le cours d’hydrographie et la tâche de former des pilotes et des arpenteurs sont de nouveau confiés aux Jésuites de Québec.

1709 — L‘intendant Raudot légalise l’achat d’esclaves du Canada.

1711 — La flotte de Walker, remontant le fleuve pour assiéger Québec, se brise sur l’île-aux-œufs; Paul-Augustin Juchereau de Maur composera une chanson sur ce désastre.

1720 — Des Ursulines s’emploient à l’enseignement, à la dorure, au travail à l’aiguille, à la broderie sur écorce, à la tapisserie et à la fabrication de fleurs artificielles.

1726 — On interdit les jeux de hasard, en particulier dans les auberges et les cabarets. Envoi de clergé séculier au Petit Séminaire de Québec, ce qui permet de se passer de l’aide des Jésuites en introduisant l’enseignement des humanités, de la philosophie et de la théologie.

1730 — L’Ursuline Sainte-Marie-Madeleine enseigne aux jeunes la broderie sur soie, sur or et sur écorce.

1731 — L’évêque de Québec, Mgr Dosquet, se plaint que le «bas peuple» s’amuse sur la terrasse de l’évêché, les jours de fêtes et les dimanches, et «qu’on y a la tête rompue du bruit qu’y font ceux qui jouent aux quilles et à la boule».

1734 — Les Québécois peuvent profiter maintenant des cours de droit donnés par le procureur général Verrier.

1736 — L’intendant Hocquart écrit que les Canadiens «sont naturellement indociles».

1737 — De Québec à Montréal, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, on inaugure le Chemin du Roy.

1743 — Pierre-Philippe Potier, un missionnaire belge entreprend la rédaction d’un premier glossaire canadien, des calepins intitulés Façons de parler proverbiales, triviales, figurées, etc., des Canadiens du XVIIIe siècle.

1746 — Jean-François Gaultier établit une station météorologique à Québec et tient un journal quotidien d’observations jusqu’en 1756.

1749 — En visite, le Finlandais Pehr Kalm écrit que les femmes, «les jeunes filles surtout», lorsqu’elles vont et viennent dans la maison, fredonnent presque toujours «quelque chansonnette, où l’on entend le plus souvent des mots comme l’amour et cœur ».

1754 — La ville de Québec compte 8 000 habitants.

1755 — Après le Grand Dérangement, des milliers d’Acadiens gagnent le Québec.

1759 — Le clergé fulmine contre l’excès du jeu, l’ivresse, la prostitution et surtout les mascarades indécentes pendant le carnaval. Siège de Québec, bataille des Plaines d’Abraham et reddition de la ville.

1763 — Signature du traité de Paris entre la France et l’Angleterre. La proclamation royale britannique désigne le territoire laurentien sous le nom de Province of Quebec. La colonie compte 70 000 habitants de langue française, dont 8 900 à Québec. La Corriveau, déclarée coupable du meurtre de son époux, est pendue.

1764 — Établissement d’une première imprimerie à Québec par deux Écossais, ce qui facilitera la production de livres pour l’enseignement élémentaire. Le 21 juin, publication du premier journal, The Quebec Gazette/La Gazette de Québec, fondé par William Brown et Thomas Gilmore.

1765 — Le Séminaire de Québec devient collège classique. Le premier ouvrage imprimé à Québec est un manuel scolaire : Alphabets ou A.B.C. français complets.

1767 — Les Ursulines de Québec reprennent leur enseignement suspendu depuis 1759.

1769 — Une distillerie de rhum est ouverte à Québec, mais rapidement le produit qu’elle met sur le marché ne suffit pas à la demande.

1770 — Premiers concerts classiques à Québec, donnés par les fanfares militaires.

1771 — La fanfare du 10e régiment donne un concert public suivi d’un bal au profit des musiciens.

1774 — L’Acte de Québec reconnaît officiellement la langue française et remet en vigueur les lois civiles françaises. Il entre 700 000 gallons de rhum à Québec.

1779 — Le gouverneur Haldimand met sur pied la Bibliothèque de Québec, qui ouvrira ses portes en 1783 et offrira au grand public un choix de 1 800 livres, dont un millier en français.

1783 — En février, ouverture du Théâtre Thespian, rue de Buade, qui présente des pièces anglaises, des opéras-comiques et des ballets.

1784 — Le musicien d’origine allemande Frederick Glackemeyer s’établit à Québec, côte de la Montagne, et fait de sa résidence, jusqu’en 1825, le point de vente d’instruments de musique importés et le lieu d’enseignement du piano-forte, de la guitare, du violon et du violoncelle.

1788 — À Québec, Mgr Hubert ouvre une école primaire anglaise pour catholiques, mais il ne peut la soutenir plus que quelques mois, faute de ressources.

1789 — Fondation du Quebec Turf Club, le premier club de courses de chevaux au Canada.

1790 — Construction du théâtre du Marché à foin, rue des Jardins, coin Sainte-Anne, la première véritable salle de spectacle à Québec. Pendant l’hiver, des amateurs, sous la direction de Jonathan Sewell, organisent des concerts donnés par un petit orchestre de sept musiciens à la salle des francs-maçons.

1791 — La troupe des Jeunes Messieurs canadiens de la Société dramatique présente, à l’étage de la taverne de John Franks, rue de Buade, à l’emplacement de l’actuel bureau de poste, Le Malade imaginaire, L’Avare et Le Barbier de Séville, devant une brillante assemblée de dames et de messieurs tant anglais que canadiens. L’Acte constitutionnel divise la Province de Québec en deux colonies : le Bas-Canada et le Haut-Canada, et introduit le parlementarisme. La population de langue française s’élève à 140 000 habitants.

1792 — Dans la casemate de la porte Saint-Louis, ouverture d’une salle où les Jeunes Messieurs jouent Le Médecin malgré lui et La Comtesse d’Escarbagnas. Glackemeyer anime une fanfare qui donne des concerts sur l’Esplanade. Charles-Louis Tarieu de Lanaudière publie Chanson.

1793 — Le 30 décembre, première interprétation au Canada, à Québec précisément, du Messie de Haendel.

1796 — La nouvelle compagnie de théâtre fondée l’année précédente est dissoute.

1797 — Vingt-six prêtres français chassés par la Révolution s’installent au Canada.

1797 — Le cirque de la compagnie Rickett’s Equestrian and Comedy, de Philadelphie, séjourne une partie de l’été à Québec et donne un grand spectacle sur les Plaines pour lequel on engage même des Hurons de Wendake.

1800 — Dans son atelier, John Neilson imprime la première œuvre musicale, le Graduel romain.

1801 — John Neilson imprime le Processionnal romain.

1802 — Devant la pénurie de spectacles, des amateurs se réunissent chez Pierre-Louis Panet et fondent le Théâtre de Société. John Neilson imprime le Vespéral romain.

1804 — À proximité de la porte Hope, dans la côte de la Canoterie, on ouvre le Patagonian Theatre, une salle de 200 places, où on présente Le Mariage forcé et Les Plaideurs.

1805 — Inauguration de l’hôtel Union à la place d’Armes. Souscription publique par l’éditeur de la Gazette de Québec, John Neilson, pour la construction d’une salle de théâtre convenable. Joseph-Octave Plessis devient évêque de Québec; aussitôt il s’attaque à toute forme de loisir pouvant conduire au désordre, comme les courses de chevaux, la danse et les spectacles.

1806 — Fondation du journal Le Canadien.

1808 — L’opérette Colas et Colinette de Joseph Quesnel est éditée à Québec. François Romain, bibliothécaire de la Quebec Library, fonde la Société littéraire.

1810 — Lors des élections, une chanson imprimée aux ateliers du journal Le Canadien incite les électeurs à chasser la «canaille» du gouverneur James Craig entretenue à même les taxes prélevées auprès du peuple.

1813 — L’ordre des Récollets du Canada disparaît.

1816 — Ouverture d’un musée de cire. Devant un public, semble-t-il, enthousiaste, on présente le panorama de la «Grande Bataille de Waterloo», long de plus de 129 mètres.

1819 — L’abbé Jean-Denis Daulé publie Nouveau Recueil de cantiques à l’usage du diocèse de Québec, où on trouve un certain nombre de chants de Noël encore connus aujourd’hui, tels Dans cette étable, Venez, divin Messie et Nouvelle agréable. Des Irlandais célèbrent pour la première fois une messe en l’honneur de saint Patrick; ils sont maintenant près d’un millier dans la ville.

1820 — Le musicien Frederick Glackemeyer fonde la Société harmonique de Québec, qui présente des concerts à l’hôtel Union et divertira la population de Québec durant 37 ans. Les fanfares de deux régiments en garnison donnent un concert au profit des immigrants.

1821 — On met sur pied des sociétés d’éducation pour favoriser l’accessibilité des pauvres à l’école.

1822 — Le cabaretier Nicolas-François Mailhot ouvre, rue Saint-Jean, une salle de spectacle, appelée le Cirque royal où se produisent des troupes de théâtre, de ballet et d’opéra.

1823 — Le Jockey Club organise des courses de chevaux sur les Plaines.

1824 — Fondation de la Literary and Historical Society of Quebec. Pierre Chasseur, sculpteur, doreur et habile taxidermiste, tient, rue Sainte-Hélène, l’un des premiers musées au nord du Mexique, comprenant, entre autres, plus de 600 animaux naturalisés. Théodore-Édouard Molt, jeune professeur de musique, gendre de Glackemeyer, fonde la Juvenile Harmonic Society.

1825 — À Théodore-Édouard Molt, en visite à Vienne, Ludwig van Beethoven, en guise de souvenir, griffonne sur une feuille de papier un petit canon à deux voix, en do majeur, de dix mesures, d’une durée de 57 secondes, sur les mots «Freu dich des Lebens», «Prends plaisir à la vie». La ville est en pleine explosion démographique; depuis 1808, la population est passée de 8 500 à 20 000 habitants.

1826 — Mailhot transforme le Cirque royal en véritable théâtre où on joue désormais du Shakespeare, du Sheridan, du Walter Scott. Parution du premier de quatre guides historiques et touristiques pour les Américains de passage à Québec.

1827 — Fondation à Québec de la Société pour l’encouragement des arts et des sciences en Canada. Le poète et homme politique Joseph-Isidore Bédard compose la chanson Sol canadien! Terre bénie! qui paraît dans la Gazette de Québec et figurera dans la plupart des recueils de chansons jusqu’à la fin du siècle.

1828 — Le musicien-chef du 79e régiment agrémente les entractes en jouant de la flûte.

1830 — Construction de la halle du marché Jacques-Cartier à Saint-Roch, où la salle, à l’étage, sert tout de suite de théâtre. Ouverture de la bibliothèque du Quebec Mechanics’ Institute.

1831 — Visite à Québec de l’historien et homme politique français Alexis de Tocqueville.

1832 — On danse encore le menuet chez les Ursulines, en particulier «les jours de grand congé». À Place-Royale, le marchand Jean Sauvageau possède, outre son violon, deux clarinettes.

1833 — Le Séminaire de Québec crée sa première société musicale, sous la direction d’un musicien d’origine allemande, Adam Schott. Mise en place du régime municipal à Québec, avec un maire et des conseillers.

1834 — Le juge Jonathan Sewell est objet de satire dans une populaire chanson patriote, C’est la faute à Papineau. Lors de la visite du gouverneur américain de l’Illinois, la fanfare du 79e régiment donne un concert public et joue ensuite des valses et des quadrilles au mess des officiers. Incendie du château Saint-Louis; il ne sera pas reconstruit.

1835 — Au profit des veuves et des orphelins du régiment, les soldats du 79e régiment montent une comédie comportant des danses écossaises au son des cornemuses.

1836 — Michel-Charles Sauvageau forme une petite fanfare du nom de Musique canadienne. On y trouve le bassoniste François Vézina, père de Joseph Vézina.

1837 — L’influence d’un livre, de Philippe Aubert de Gaspé fils, premier roman paru en français. Rébellion des Patriotes.

1838 — La rébellion des Patriotes se poursuit.

1839 — Pour commémorer le 200e anniversaire de l’arrivée des Ursulines, «une messe en musique du célèbre Mozart fut exécutée par les élèves et les religieuses». Lord Durham, un enquêteur britannique, faisant le souhait que les Canadiens français soient assimilés, recommande que les deux Canadas soient réunis en une seule province.

1840 — Pour la fête du Sacré-Cœur chez les Ursulines, les élèves et les religieuses exécutent une messe de Mozart. Le Bas et le Haut-Canada sont unis pour former la «Province du Canada» et l’anglais devient la seule langue officielle.

1841 — Adoption de la Loi sur l’instruction publique, qui marque le début du système d’écoles primaires actuelles.

1842 — Fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste. Ouverture de la première imprimerie française. Fondation du Journal de Québec par Joseph Cauchon. Visite du romancier anglais Charles Dickens et de l’ornithologue américain John James Audubon.

1843 — L’avocat Auguste Soulard fonde la Société canadienne d’études littéraires et scientifiques.

1844 — Ouverture par les frères Octave et Joseph Crémazie de la première librairie française, À l’enseigne du livre d’or, côte de la Fabrique, qui devient un foyer culturel important. Un cirque new-yorkais monte sa tente près de la porte Saint-Louis.

1845 — François-Xavier Garneau publie le premier tome de son Histoire du Canada. À Place-Royale, après le piano, le violon est l’instrument de musique le plus répandu.

1846 — Lors d’une représentation de dioramas, grand incendie du théâtre Saint-Louis, une dépendance du château du même nom; 46 personnes y perdent la vie.

1847 — Fondation de l’Institut canadien de Québec. Le prospectus des Ursulines offre des cours d’orgue, de harpe, de piano, de guitare, d’accordéon et de musique vocale.

1848 — À Place-Royale, le maître-voilier Henry Muchmore est un véritable musicien; il joue de la flûte, de l’accordéon et du concertina, un petit instrument à anche et à soufflet voisin de l’accordéon.

1849 — Fondation du Quebec Quadrille Club qui organisera, pendant le carnaval, des soirées de danse, en particulier pour les dames, malgré l’interdiction du clergé.

1850 — Le poète américain Henry David Thoreau, de passage une dizaine de jours à Québec, constate qu’À la Claire Fontaine est «l’air national des Canadiens français». Un pianiste allemand et la fanfare du 19e régiment présentent des passages de Robert le Diable de Meyerber et de la Fille du régiment de Donizetti. Fondation du Quebec Dramatic Club.

1851 — Le recensement montre que 68 % des jeunes de 6 à 15 ans fréquentent l’école. Pour la première fois, la population de langue anglaise dépasse celle de langue française au Canada, qui est de 670 000 habitants.

1852 — Fondation de l’Université Laval, la première de langue française en Amérique. Dans la petite rue Champlain, il y a un théâtre du même nom.

1853 — Québec compte dix associations culturelles regroupant plus de 2 300 membres. Inauguration de l’Académie de musique, rue Saint-Louis, le grand théâtre de Québec pendant près de 50 ans. Le musicien et compositeur Ernest Gagnon devient organiste à l’église Saint-Jean-Baptiste de Québec.

1855 — On dit qu’après la reprise des activités dans les chantiers navals du quartier Saint-Roch, on entend les ménagères, «vaquant aux milles soins de leur intérieur», fredonner une chanson de Pierre Jean de Béranger ou de Gustave Nadaud. Visite de la corvette Capricieuse, premier navire de la marine française à s’amener à Québec depuis 1759. De passage, des artistes d’Angleterre, d’Italie et d’Allemagne interprètent des œuvres de Beethoven, de Liszt, de Bellini et de Donizetti. Antoine Dessane, l’organiste de la cathédrale de Québec, monte le premier acte de la Dame blanche de François-Adrien Boïeldieu.

1857  — À la dissolution la Société harmonique de Québec, Édouard Glackemeyer, le fils de Frederick, fonde le Septette Club. Inauguration à Québec des «concerts promenades», lancés à Paris en 1833. À l’Université Laval, Auguste-E. Aubry, d’origine française, inaugure un cours d’histoire universelle. Ouverture d’une école normale pour la formation des maîtres.

1858 — Au Québec, précisément à Sillery, on chante pour la première fois le Minuit chrétiens, écrit en 1847 par un négociant en vin de Roquemaure, près d’Avignon, en France.

1859 — Ernest Gagnon fait les arrangements pour la chanson populaire Un soir à bord. Pour le 100e anniversaire de la mort du marquis de Montcalm, un Libera est chanté à quatre voix, chez Les Ursulines, par un chœur d’artistes sous la direction du folkloriste et organiste Ernest Gagnon. Il s’agirait, semble-t-il, de Lacrymosa, extrait du Requiem de Mozart.

1860 — Les Irlandais forment le tiers de la population de Québec. L’Ursuline qui tient la chronique des jours pour sa communauté juge indigne cette danse désordonnée qu’est la polka.

1861 — Le docteur Hubert Larue fonde la revue Soirées canadiennes. Ouverture du Stadacona Club, à l’angle des rues Sainte-Anne et de l’Esplanade pour l’élite militaire et commerciale.

1862 — Ernest Gagnon fait les arrangements de la chanson Le carnaval de Québec pour piano seul.

1863 — Philippe-Aubert de Gaspé père publie Les Anciens Canadiens. Naissance de la revue Le Foyer canadien.

1864 — Emmanuel-Marie Blain de Saint-Aubin, originaire de Rennes, en France, compose un chant patriotique, La Mère canadienne, dédié au lieutenant-colonel Melchior-Alphonse de Salaberry et mis en musique par Antoine Dessane. En 1878, Blain de Saint-Aubin est le chef du bureau des traducteurs français à la Chambre des Communes à Ottawa. Voir H. de Lamothe, Cinq mois chez les Français d’Amérique (1879), p. 108.

1865 — Ernest Gagnon publie Chansons populaires du Canada. L’œuvre fait sensation, tant en France qu’au Québec. Un critique parisien écrit : Ces chansons sont les mêmes que chantait la France heureuse en d’autres temps; le peuple canadien continue de les chanter et la France ne s’en souvient plus. Départ du gouverneur général et de plusieurs fonctionnaires pour Ottawa, la nouvelle capitale canadienne.

1866 — Pour soutenir les sinistrés du grand incendie qui ravage Saint-Roch et Saint-Sauveur, le musicien Célestin Lavigueur compose Donnez. Formation du Corps de musique du Petit Séminaire de Québec.

1867 — Lors d’une conférence à l’Institut canadien, Blain de Saint-Aubin attire l’attention de ses auditeurs sur le rôle joué par la chanson dans la conservation de l’identité canadienne. Le jeune Joseph Vézina joint la fanfare militaire du neuvième bataillon des Voltigeurs. Entrée en vigueur de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, qui réunit le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec.

1869 — Antoine Dessane et Louis-Nazaire Levasseur fondent la Société musicale Sainte-Cécile. Léon Provancher fonde la première revue scientifique canadienne de langue française, Le Naturaliste canadien.

1871 — Arthur Lavigne et Antoine Dessane fondent le Septuor Hayden, fort populaire jusqu’en 1903, moment de sa disparition. La garnison britannique quitte Québec définitivement en jouant Goodbye, Sweetheart, Goodbye et Auld Lang Syne. Le gouverneur général Lord Dufferin met de l’avant un vaste projet d’aménagement pour intégrer les fortifications au tissu urbain. Visite à Québec du romancier et critique américain Henry James.

1877 — Pour la cause de Wilfrid Laurier qui se présente dans Québec-Est aux élections fédérales, le musicien Célestin Lavigueur  compose Pas de Thibault, c’est Laurier qu’il nous faut.

1878 — Louis-Nazaire Levasseur dirige La Perle du Brésil de Félicien David.

1879 — Fermeture du Stadacona Club, maintenant remplacé par le Garrison Club, rue Saint-Louis, devenu par la suite le Club de la Garnison.

1880 — Rue Couillard, Calixa Lavallée compose l’Ô Canada sur des paroles d’Adolphe-Basile Routhier. Le 24 juin, lors du grand rassemblement des Canadiens français d’Amérique sur les Plaines, une messe est chantée par un chœur de 600 voix, accompagné de plusieurs corps de musique sous la direction de l’organiste de la Basilique, Gustave Gagnon; 50 000 personnes assistent à ce «saint pèlerinage de la nation».

1881 — Louis-Nazaire Levasseur publie Historique de la Société musicale Sainte-Cécile de Québec.

1884 — Louis-Nazaire Levasseur compose la chanson Aurora Snow Shoe Club.

1887 — Louis Fréchette publie La Légende d’un peuple, ouvrage couronné par l’Académie française. Ernest Gagnon fait les arrangements pour Les soirées de Québec. Louis-Nazaire Levasseur compose la chanson On me disait.

1891 — Fondation du Ladies Morning Musical Club, qui deviendra le Club musical de Québec.

1892 — Fondation de la maison Lavigueur et Hutchison, rue Saint-Jean, spécialisée dans la vente d’instruments et de partitions de musique. Construction du Château Frontenac.

1897 — Ernest Gagnon publie Cantiques populaires du Canada français. Visite à Québec de l’aventurier américain Buffalo Bill.

1900 — On dit qu’à Québec, la chanson Un Canadien errant, d’Antoine Gérin-Lajoie, est connue de tous. Incendie de l’Académie de musique, aussi appelé le Music Hall, le grand théâtre de Québec. À Lévis, un manège fait son apparition sur le terrain de la Halle Notre-Dame, et il faut voir, dit-on, «la jeunesse des deux sexes s’en donner à cœur joie, le soir, sur les petits chevaux, au son d’une musique vive et entraînante donnée par un nègre automate».

1901 — En novembre, Le Soleil reproduit les paroles et la musique de la chanson Ma Normandie, de Frédéric Bérat, composée en 1836, chef-d’œuvre, dit-on, de tendresse nostalgique.

1902 — Fondation de la Société symphonique de Québec, qui deviendra l’Orchestre symphonique de Québec. Pour la Saint-Patrick, fête des Irlandais, Le Soleil reproduit les paroles et la musique de Wearing of the green, chanson extraite, dit-on, de Arrah Na Pogue, arrangée par S. Behrens. Les Ursulines offrent maintenant des cours de mandoline. Lors des fêtes du cinquantenaire de l’Université Laval, on confie la partie musicale à Joseph Vézina et on interprète Le Paradis perdu de Théodore Dubois.

1903 — Inauguration de l’Auditorium, qui deviendra le Capitole. La grande soprano québécoise Emma Albani donne un concert au manège militaire. Sur le nouvel orgue Casavant des Ursulines, Blanche Gagnon donne des cours d’orgue. En octobre, au marché Champlain, «les conversations entre acheteurs et vendeurs, les cris des charretiers s’adressant à leurs bêtes de somme, les airs nasillards sur l’accordéon de la fille aveugle se mêlent à la voix de stentor du marchand ambulant». Dans le but d’ériger un monument à Jacques Cartier à Saint-Malo, le barde breton Théodore Botrel donne un grand concert au manège militaire.

1904 — En février, après une soirée et une nuit à Charlesbourg, les raquetteurs du club Montagnais reviennent en ville à l’aube en chantant le refrain du club : «Nous sommes Montagnais, et joyeux compagnons, la plaine nous connaît, nous la parcourrons».

1905 — La tragédienne française Sarah Bernhardt, dite «La Divine» , se produit à Québec.

1906 — Ernest Gagnon publie Les Sauvages de l’Amérique et l’art musical. Récital d’adieu au Manège militaire de Québec de la grande cantatrice Emma Albani. Elle chante Souvenirs du jeune âge, on pleure dans la salle. Naissance du ténor Raoul Jobin.

1907 — Omer Létourneau devient titulaire de l’orgue de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, dans la paroisse Saint-Sauveur. Après la première chute du Pont de Québec qui fait 76 morts, un certain Jean Trouvères compose la Complainte sur le Pont de Québec sur l’air de La Pimpolaise, de Théodore Botrel. Visite du romancier et poète anglais Rudyard Kipling.

1908 — En mars, un violoneux aveugle établit  ses quartiers d’été près du monument Laval» en haut de la côte de la Montagne. Dans le faubourg Saint-Jean, comme à l’habitude, sitôt le printemps arrivé, un joueur d’orgue de barbarie fait son apparition dans les rues, jouant l’air «si connu» de la chanson grivoise La Matchiche, «et autres airs popularisés par les théâtres». Lors des fêtes du tricentenaire de Québec, on réalise de grandes représentations historiques sur les Plaines sous la direction du metteur en scène Frank Lascelles; Joseph Vézina est chargé de la musique du spectacle.

1909 — À l’occasion de leur tournée, les Mardi-gras se présentent aux portes en chantant «Ah, le beau  mardi, il n’y a personne aujourd’hui, qui ne se voisine pas, Ah, le beau mardi-gras».

1911 — Création du Prix d’Europe par l’Académie de musique de Québec, attribué chaque année à un élève pour couvrir les frais d’un séjour de deux ans d’études en Europe.

1912  — La Société du parler français au Canada convoque le premier Congrès de la langue française, placé sous le patronage de l’Université Laval. Visite à Québec de l’écrivain français René Bazin.

1913 — Omer Létourneau remporte le Prix d’Europe pour se perfectionner à l’orgue.

1914 — L’impresario J.-A. Gauvin et le violoncelliste Hermann Courchesne fondent le magasin de musique Gauvin & Courchesne. Naissance de Félix Leclerc à La Tuque.

1915 — Fondation de la Maîtrise du chapitre de Québec.

1916 — Naissance à Lévis du violoneux et compositeur Jean Carignan.

1918 — Émeutes de Québec durant les jours saints et les premiers jours pascals. Naissance à Saint-Flavien de Lotbinière du ténor Léopold Simoneau.

1919 — Omer Létourneau devient organiste de l’église Saint-Sauveur. Le prêtre belge et musicien averti Joseph de Smet dirige désormais la Maîtrise de Québec.

1922 — Fondation de l’École de musique de l’Université Laval. Naissance de l’ensemble musical du Royal 22e Régiment.

1923 — Naissance de Lady Alys Robi. Le violoneux Arthur-Joseph Boulay enregistre pour la compagnie Victor le tout premier 78 tours québécois de mélodies folkloriques.

1924 — Ouverture de la première station de radio à Québec, CKCI.

1926 — Entrée en ondes de CHRC et de CKCV.

1928 — Le Festival canadien de la Chanson et des Métiers du Terroir, dirigé par Marius Barbeau et Harold Eustache Key, se tient à Québec. Naissance de Gilles Vigneault à Natashquan.

1930 — L’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft séjourne à Québec.

1932 — Inauguration du Monument national, ou Palais Montcalm. Récital de la contralto Marian Anderson au Château Frontenac… qui refuse de l’héberger parce qu’elle est Noire.

1933 — Inauguration du Musée de la province, qui prend le nom de Musée du Québec en 1961, et de Musée national des beaux-arts du Québec en 2002.

1934 — Naissance du groupe Les Montagnards laurentiens et début de leur émission à CHRC suscitant un grand engouement pendant près de 20 ans. Omer Létourneau acquiert le magasin de musique Gauvin & Courchesne, qui devient la Procure générale de musique. Le musicien et facteur d’accordéon Marcel Messervier voit le jour.

1936 — Naissance du folkloriste Raoul Roy.

1937 — Parution des cahiers de La Bonne Chanson de l’abbé Charles-Émile Gadbois.

1938 — Gérard Thibault ouvre le café Chez Gérard au coin des rues Saint-Nicolas et Saint-Paul. Entrée en ondes de CBV, la station de radio de Radio-Canada. Fondation de la faculté des Lettres et de l’École de sciences sociales de l’Université Laval. Lors du premier congrès eucharistique au Canada, la foule évaluée à 100 000 personnes entonne des chants religieux bien connus de tous, comme le Tantum ergo, le Salutaris hostia, l’Adoro te devote, le Loué soit à tout moment, le Prions le Sacré-Cœur, et le Nous voulons Dieu.

1939 — Le Jésuite Jean Laramée compose Notre-Dame de la Recouvrance pour rappeler le recouvrement de la colonie en 1632.

1940 — Le soldat Roland Lebrun, cantonné à Valcartier durant la guerre, compose des chansons mélancoliques qui lui valent une très grande popularité.

1942 — L’Institut canadien de Québec emménage dans l’ancienne église Wesley. Naissance de Luc Plamondon à Saint-Raymond et de Florian Lambert à Issoudun. L’écrivain et aviateur français Antoine de Saint-Exupéry séjourne quelques semaines à Québec.

1943 — Naissance de Sylvain Lelièvre et de Claude Patry, surnommé «Monsieur Country».

1944 — Le folkloriste Luc Lacourcière fonde les Archives de folklore à l’Université Laval. Ouverture du Conservatoire de musique de Québec. Roger Lemelin publie Au pied de la pente douce.

1945 — Début de l’émission Blue Skies à CKCV diffusant quotidiennement, le soir, et pendant près de 20 ans, les grands succès du jour. Le 8 mai, jour de la fin de la guerre en Europe, le cardinal Rodrigue Villeneuve chante un Te Deum sur le parvis de la Basilique devant des milliers de personnes. Naissance de Jean-Pierre Bérubé.

1946 — L’écrivain français Albert Camus séjourne à Québec.

1947 — Fondation des Comédiens de Québec par Pierre Boucher.

1948 — Naissance de l’Opéra national du Québec qui se produit à Québec et à Montréal.

1949 — Charles Trenet chante pour la première fois au café Chez Gérard. Les Compagnons de la chanson et les duettistes Pierre Roche et Charles Aznavour y apparaissent quelques mois plus tard. Ayant obtenu une bourse d’étude du British Council, Paul Hébert gagne l’Angleterre pour étudier le théâtre. Fondation de la troupe de théâtre Les Treize de l’Université Laval.

1950 — Félix Leclerc triomphe en France avec Le petit bonheur, L’hymne au printemps, Moi, mes souliers, Bozo, etc. Fondation des Collégiens Troubadours et de la Chorale de l’Université Laval. Henri Salvador tient l’affiche pendant trois semaines au café Chez Gérard. Le café Chez Émile, rue du Pont, dans Saint-Roch, propriété de Gérard Thibault, commence à offrir des spectacles; Willie Lamothe, La Poune et Ti-Gus et Ti-Mousse y viendront à de nombreuses reprises. CJNT, première station de radio de langue anglaise à Québec, entre en ondes.

1951 — Alfred Hitchcock, réalisateur américain, tourne à Québec le film I Confess (La Loi du silence). Après Edwin Bélanger, Wilfrid Pelletier devient le quatrième directeur musical de l’Orchestre symphonique de Québec. Récitals de Maurice Chevalier au Capitole. Stéphane Golmann publie La Marie-Joseph.

1952 — Ouverture du restaurant-cabaret À la Porte Saint-Jean, rue Saint-Jean, propriété de Gérard Thibault; Charles Aznavour et les Compagnons de la chanson y prennent l’affiche au cours de l’année. Les Frères Jacques se produisent Chez Gérard. À son retour d’Europe, Paul Hébert monte Le Cid de Corneille avec les Comédiens de Québec. Naissance du pianiste, arrangeur et chef d’orchestre Gilles Ouellet. Début de la télévision de Radio-Canada.

1953 — Mouloudji à l’affiche de Chez Gérard. Décès de l’abbé Joseph de Smet, directeur de la Maîtrise de Québec depuis 1919.

1954 — Entrée en ondes de CFCM-TV, à Québec, la première station de télévision privée de langue française au Canada.

1955 — Dès la première édition du Carnaval, Pierrette Roy fait un malheur avec La chanson du Carnaval. Formation des Jérolas. Hervé Brousseau crée Mon patin à l’envers. Félix Leclerc et Gilbert Bécaud à l’affiche de Chez Gérard. Duke Ellington et son orchestre, Édith Piaf, Joséphine Baker et The Ink Spots se produisent À la Porte Saint-Jean. La saison de l’Orchestre symphonique de Québec se termine avec le Concerto pour piano de Khatchatourian joué par le jeune Henri Dorion, dont on dit le jeu « fougueux et raffiné ». Naissance de Mario Brassard à Beauport.

1956 — Raymond Lévesque lance Quand les hommes vivront d’amour. Édith Piaf À la Porte Saint-Jean.

1957 — Fondation du Théâtre de l’Estoc. Le jazzman Miles Davis se produit au Baril d’huîtres. Félix Leclerc et Pauline Julien à l’affiche Chez Gérard. Raymond Lévesque, lui, À la porte Saint-Jean. Récital de Glenn Gould au Palais Montcalm. La Société Radio-Canada organise le Concours de la chanson canadienne; Jacques Blanchet reçoit le premier prix avec Le ciel se marie avec la mer.

1958 — Ouverture du Théâtre La Fenière. Le Conservatoire d’art dramatique de Québec amorce ses activités. Fondation de la Troupe V’la l’Bon Vent. The Crew Cuts : À la Porte Saint-Jean. Ouverture du cabaret À la Page blanche, propriété de Gérard Thibault; récital de Jacques Blanchet.

1959 — Parution de la chanson de Marius Delisle, À Québec au clair de lune. Jacques Labrecque interprète la première chanson de Gilles Vigneault, Jos Montferrand. À la Page blanche : Raoul Roy

1960 — Gérard Thibault ouvre la Boîte aux chansons, rue Saint-Jean, petit cabaret de type Rive gauche dirigé par Jean Leblond. Gilles Vigneault, Marie Savard, Yves Roberge, Pierre Desrosiers et Jacques Keable font parti du premier spectacle. Au cours de l’année, on peut aussi entendre Clémence Desrochers, Raoul Roy, Pauline Julien, Catherine Sauvage et Hervé Brousseau. À l’affiche Chez Gérard : Les Trois Ménestrels, Guy Béart, Catherine Sauvage, Félix Leclerc.

1961 — Fondation du Théâtre lyrique de Nouvelle-France. Jacques Brel, Pauline Julien, Guy Béart, Georges Brassens, Les Trois Ménestrels et les Baronets apparaissent Chez Gérard. Gilbert Bécaud et Raymond Devos à l’affiche d’À la Porte Saint-Jean. Jean-Pierre Ferland, Monique Leyrac et Stéphane Golmann à l’affiche à la Boîte aux chansons. Récital de Yves Montand au Capitole. Création du ministère des Affaires culturelles et de l’Office de la langue française.

1962 — Le Chœur Les Rhapsodes voit le jour. Au Carnaval, le baryton Guy Lepage interprète pour la première fois Salut Bonhomme. Johnny Farago fait ses débuts comme chanteur avec le groupe Les Mercedes. Formation du groupe yéyé Les Bel Canto. Mouloudji, Catherine Sauvage, Claude Gauthier, Renée Claude et les Mégatones en spectacle à la Boîte aux chansons.

1963 — Sylvain Lelièvre gagne le concours «Chansons sur mesure» de la Société Radio-Canada avec Les Amours anciennes. Récital de Léo Ferré au Capitole. Les Cyniques à l’affiche à la Boîte aux chansons. Le café Chez Émile ferme ses portes. Entrée en ondes du premier poste FM à Québec, CHRC FM.

1964 — Chez Gérard : les Cailloux. À la Boîte aux chansons : Sylvain Lelièvre, Jean-Guy Moreau et Robert Charlebois, Pierre Calvé, Pierre Dudan, Pierre Létourneau et Yolande Leclerc.

1965 — Marie-Claire Blais remporte le Prix Médicis avec Une saison dans la vie d’Emmanuel. Gilles Vigneault chante pour la première fois Mon Pays. Premier disque enregistré par la Maîtrise de Québec. Chez Gérard : Jacques Michel. Fermeture de la Boîte aux chansons et d’À la Page blanche.

1966 — Fondation des Amis de l’orgue de Québec. Naissance de Lynda Lemay à Portneuf.

1967 — Le folkloriste Yves Albert participe à l’enregistrement d’un coffret de chansons folkloriques canadiennes. Le Théâtre pour Enfants de Québec, une branche du Théâtre de l’Estoc, devient autonome. Fondation du Théâtre du Vieux-Québec. Chez Gérard : Sœur Sourire et la Troupe V’la l’Bon Vent. Transformation d’À la Porte Saint-Jean en deux salles : le bistro À la belle époque et la Licorne, une discothèque.

1968 — Naissance du Festival d’été de Québec. Fondation de la Société lyrique d’Aubigny. Jean-Paul Filion, l’auteur de La Parenté, La Grondeuse et Monsieur Guindon, s’installe sur la Côte de Beaupré. Patrick Zabé connaît ses premiers succès. L’organiste Lucien Hétu, originaire de L’Ancienne-Lorette, reçoit de RCA Victor un trophée pour son millionième disque vendu. Création de l’Ostidshow. Création de Télé-Québec.

1969 — Transformation de Chez Gérard en deux salles : la Chasse-Galerie, une discothèque, et la brasserie Jean-Talon, où Gérard Thibault présentera à l’occasion des spectacles. Première édition du Festival de la chanson de Granby. Fondation du Grand Cirque Ordinaire.

1970 — Félix Leclerc s’installe à l’île d’Orléans. Fondation du Théâtre Euh! Naissance de Mitsou Gélinas à Loretteville.

1971 — Inauguration du Grand Théâtre de Québec. Fondation du Théâtre du Trident. Première production de l’Opéra du Québec, Samson et Dalila de Saint-Saëns.

1973 — Naissance de CKRL MF, la première radio communautaire de langue française du monde.

1974 — Fondation du groupe Le Rêve du diable. Pierre Jobin acquiert Le Galendor, à l’île d’Orléans, qui devient le Théâtre de l’Île; Léo Ferré y chante dès ce moment. Découverte des musiques du monde à l’occasion de la Superfrancofête. Fondation du Théâtre de l’Aubergine. Fondation du théâtre Les Marionnettes du Grand Théâtre de Québec. Avec l’Orchestre symphonique sous la direction de Pierre Dervaux, le sitariste Ravi Shankar exécute son concerto pour sitar et orchestre.

1975 — Le Festival de la chanson québécoise, la Chant’août, se tient sur les Plaines d’Abraham, où Fabienne Thibault fait ses débuts.

1976 — Fondation du Théâtre de la Bordée et du Théâtre du Gros Mécano. Capitaine No et Georges Langford se produisent à la brasserie Jean-Talon.

1977 — Fondation du Théâtre des Confettis et du Théâtre du Bois de Coulonge. Fondation du Trio Nouvelle-France, devenu par la suite l’Ensemble Nouvelle-France. Création du Conseil de la culture des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. Parution du premier album de Diane Tell, née à Québec. À l’affiche à la brasserie Jean-Talon : Uzeb, Fabienne Thibault, Cano, Robert Paquette, Offenbach, Diane Tell, Breton-Cyr, Dominique Tremblay et Daniel Lavoie.

1978 — L’Ensemble Anonymus voit le jour, de même que l’Association de musique actuelle de Québec. Ouverture de L’Anglicane à Lévis. Fondation  du Théâtre de la Commune à Marie. Incendie de l’édifice abritant la brasserie Jean-Talon; Gérard Thibault se retire alors du monde du spectacle.

1979 — Fondation du Théâtre Blanc. Pierre Jobin prend la direction du Théâtre Petit-Champlain et en fait un haut lieu de la chanson francophone.

1980 — Au référendum du 20 mai, plus de 85 % des Québécois expriment leur choix et près de 60 % d’entre eux rejettent l’option souverainiste proposée par le Parti québécois. Fondation du Théâtre Repère.

1981 — Les Danseries de Québec, devenu le Centre de valorisation du patrimoine vivant, voit le jour. Le comédien Yves Jacques produit, réalise et interprète le premier vidéoclip québécois. Dorothée Berryman, native de Loretteville, présente son premier spectacle solo. Gilles Carle tourne Les Plouffe, d’après le roman de Roger Lemelin.

1982 — Début des fouilles archéologiques à l’îlot des Palais. Parmi les milliers d’objets retrouvés, un seul est lié à la vie musicale, une guimbarde en fer en mauvais état, probablement jetée par un des travailleurs d’autrefois.

1983 — Le poète et chanteur français Jacques Bertin se produit pour la première fois à Québec. Première édition du festival Musique de chambre à Sainte-Pétronille et du Festival international de musique actuelle de Victoriaville. Ouverture de la Bibliothèque centrale, future bibliothèque Gabrielle-Roy. Création du Festival en chanson de Petite-Vallée.

1984 — Fondation de l’orchestre de chambre Les Violons du Roy. Le ténor Yves Cantin fonde le Théâtre lyrique du Nord. Création de la Quinzaine internationale de théâtre de Québec.

1985 — Fondation de l’ensemble vocal Bernard-Labadie, devenu la Chapelle de Québec. Débuts de l’Opéra de Québec fondé un an plus tôt; première production : Madame Butterfly de Puccini. Ouverture de l’Implanthéâtre, qui deviendra en 1989 le Théâtre Périscope. Fondation du Théâtre de recherche Le Contre-courant. Québec devient la première ville nord-américaine inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

1986 — Le Théâtre Artefact, fondé l’année précédente, prend le nom de Théâtre Niveau Parking.

1987 — Fondation du Centre de diffusion de théâtre jeunesse Les Gros Becs. Le deuxième Sommet de la francophonie, réunissant les représentants d’une quarantaine de pays ayant en commun le français, se tient à Québec.

1988 — Ouverture du studio Séquence. Début de TV5 Québec-Canada, dont les émissions proviennent de toute la francophonie.

1989 — Le Carrefour mondial de l’accordéon de Montmagny voit le jour.

1990 — Fermeture de la station CKCV.

1991 — Fondation du Théâtre Les Enfants Terribles.

1992 — Formation du duo [Robert] Cyr/[Richard] Lavoie. Première édition du Carrefour international de théâtre de Québec. Fondation du Théâtre Les Moutons Noirs. Au festival d’été, première canadienne du Liverpool Oratorio de Paul McCartney.

1993 — Fondation de la compagnie multidisciplinaire Ex Machina.

1994 — Le Théâtre Sortie de Secours fonde Premier Acte. Le Centre de production artistique et culturelle Alyne-Lebel ouvre ses portes. Le Théâtre Petit-Champlain devient Maison de la chanson.

1995 — Fondation du théâtre du Sous-marin jaune. Création de l’Ensemble vent et percussion de Québec. Naissance de la compagnie Pupulus Mordicus. Ouverture de la coopérative de diffuseurs et producteurs artistiques, culturels et communautaires Méduse. Robert Lepage réalise son premier film, Le Confessionnal.

1996 — Ouverture du centre d’art La Chapelle.

1997 — Inauguration de la Caserne Dalhousie par Ex Machina. Fondation du Théâtre des Fonds de Tiroirs et du Théâtre des Trois Sœurs. Première édition du Festival des musiques sacrées de Saint-Roch. Bernard Cimon publie Québec-Lévis.

1998 — Première édition du Festival international de musiques militaires de Québec. Fondation du Groupe Sismique, producteur de disques et de spectacles.

1999 — Pierre Jobin ouvre le café-théâtre Aux Oiseaux de passage. Fondation des Productions Préhistoriques.

2000 — Première édition du Festival Bach.

2001 — À Saint-Romuald, le Vieux Bureau de Poste devient salle de spectacles. Fondation du Théâtre Les Nuages en Pantalon et du Théâtre Édenté.

2002 — Fondation de Jeunes Musiciens du Monde, du Théâtre Le Carré Magique. The Hilliard Ensemble clôture le volet classique du festival d’été à l’église Saint-Roch.

2003 — Fondation du Théâtre Bienvenue aux Dames!

2006 — Ouverture du Morrin Centre.

2007 — Paul Hébert est récipiendaire du Prix Denise-Pelletier.

2008 — Parution de Kébek par Québec. On célèbre de mille et une manières le 400e anniversaire de Québec.

Jean Provencher, historien.
Avec la collaboration de Brigitte Duchesneau et de Bernard Roy.

http://www.ledevoir.com/culture/musique/193662/400e-de-quebec-kebek-par-quebec-est-lance

Yves Drolet et Guy Asselin

Bernard Roy et Richard Lavoie

Chez Belley

 

 

 

 

 

 

10 commentaires Publier un commentaire
  1. Sandrina Henneghien #

    Merci beaucoup pour cette chronologie culturelle. Pourriez-vous me dire où se situait rue Buade le Thespian Theatre ?

    19 décembre 2012
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Vous. Pour le Thespian Theatre, rue de Buade, je vais devoir fouiller. Mais, oups, j’y pense. Ça va être difficile de le savoir, car il n’existe pas encore d’annuaires de rues à Québec en 1783.

    19 décembre 2012
  3. Sandrina Henneghien #

    Merci, c’était une question plus par curiosité suite à une recherche au sein du Comité Champlain. J’essaie de replacer chaque propriété du quadrilatère d’Ailleboust à toutes les époques. Peut-être le théâtre se situait au-delà de ce quadrilatère.
    D’ailleurs, en y pensant, cela devait mettre en furie l’évêque. Un théâtre près de la basilique !

    20 décembre 2012
  4. Jean Provencher #

    Je vais essayer, Chère Vous, de trouver une autre approche pour arriver à une réponse encore plus juste. Je sais que chaque lot du Vieux-Québec et son bâti ont été documentés par la Ville de Québec. Cela dit, vous avez bien raison, un théâtre près de la basilique aurait été insupportable pour l’évêque. Sous Frontenac, vous le savez, le clergé a fait la chasse au théâtre.

    20 décembre 2012
  5. Sandrina #

    Effectivement. Paradoxalement, l’ implanter sur la rue du nom de celui qui avait déjà confronté l’Église dans ce domaine, c’est doublement drôle.

    20 décembre 2012
  6. Jean Provencher #

    Absolument.

    20 décembre 2012
  7. Sandrina Henneghien #

    À force de fouiller les archives du secteur, il m’apparaît que le « Thespian theatre » aurait pu être situé dans l’édifice du lieu-dit « Taverne de Prenties », anciennement l’auberge du Chien d’Or (et encore d’après de nombreuses lectures, premier siège franc-maçonnique à Québec). Donc, sous toutes réserves, il aurait été situé où s’élève désormais l’ancien bureau de Poste.

    9 mars 2013
  8. Jean Provencher #

    Bravo, chère Sandrina, pour la trouvaille du Thespian Theatre ! Je savais que le Chien d’or occupait un emplacement à cet endroit sous le Régime français. Mais au moment de la construction du bureau de poste, en 1871, il y a là trois ou quatre masures, dit-on, qu’on va démolir. Et les sources précisent que l’édifice original du Chien d’Or n’existe plus depuis un moment déjà. Le bois, ça vieillit rapidement en bibitte, je le constate avec ma maison de campagne qui a maintenant plus de 90 ans.

    9 mars 2013
  9. Sandrina Henneghien #

    En effet, des masures formant un îlot que l’on dénommait « Ilôt Clouet ». Clouet pour le nom d’un des propriétaires de ces bâtisses et qui fut député à l’Assemblée nationale à partir de 1822 jusqu’en 1833.

    9 mars 2013

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  1. Ah, la chanson ! | Les Quatre Saisons

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