Henry David Thoreau (1817-1862), philosophe, naturaliste et poète américain est du groupe. « Je baigne chaque matin, dit-il, mon intelligence dans la prodigieuse philosophie cosmogonique de la Bhagavad-Gita. Des milliers d’années se sont écoulées depuis sa composition, mais en comparaison de cette œuvre, notre monde moderne et sa littérature semblent chétifs et insignifiants. »
Aldous Huxley (1894-1963), écrivain, romancier et philosophe britannique. « La Bhagavad-Gita est le plus clair et le plus riche recueil de philosophie éternelle jamais compilé. Cela en explique la valeur permanente, non seulement pour le peuple indien, mais pour toute l’humanité. »
Arthur Schopenhauer (1788-1860), philosophe allemand. « Il s’agit là de l’œuvre la plus instructive et la plus sublime qui soit au monde. »
André Chédel (1915-1984), philosophe et chercheur suisse, écrivain, orientaliste et journaliste. « L’œuvre entreprise par le Swami Prabhupada est à la fois considérable et précieuse, car en lisant ses traductions du Srimad-Bhagavatam et de la Bhagavad-Gita le spiritualiste et le sanskritiste sont assurés de posséder une nourriture spirituelle insurpassable et un instrument de travail incomparable qui permet d’avoir accès à la moelle du texte. La pensée authentique est ainsi restituée dans sa pureté primitive, sans apports subjectifs subséquents. »
Rappelez-vous, je Vous disais que Mon fils et moi, pendant deux ans (en 1975 et 1976), été comme hiver, avons lancé dans la mer, là où se trouve aujourd’hui le Quai des cageux à Québec, le long du boulevard Champlain, des bouteilles contenant un message. J’avais prévenu mes amis de me donner leurs bouteilles vides. Ce temps fut merveilleux. Il y eut 455 bouteilles qui ont quitté Québec. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons eu une quarantaine de bien belles réponses. Et diverses. Des personnes habitant les rives du Saint-Laurent au sud et au nord. Et plus loin. Terre-Neuve. Les Îles-de-la-Madeleine. L’Île-du-Prince-Édouard. Et Miquelon. Et tout cela pour Vous dire que pour composer les quatre pages du texte du message, je me suis beaucoup inspiré des textes très riches de Satprem (pseudonyme de Bernard Enginger), un sage né à Paris le 30 octobre 1923 et qui a longtemps vécu à Pondichéry, en Inde. Il s’est envolé le 9 avril 2007. Mon fils, au fil du temps, a bien aimé le texte. Voici, ici, la page 4 de ce message. Il provient de quelqu’un qui l’a trouvé au Bic. Voilà.
Plus temps de s’évader, plus temps de chercher dans l’extérieur des choses, dans les temples séniles, les Écritures, mais de transmuer tout. Plus temps d’inventer des systèmes, encore des systèmes, encore des évangiles, mais de rassembler toutes nos forces et de lancer notre foi très haut, comme un harpon de lumière pour crever le ciel de suie — et tirer un Rayon d’or qui change la face des choses.
Ah! point nés pour tourner en rond dans les cycles aveugles! Changeons la vague qui nous emporte en conscience qui roule les mondes — une conscience qui se souvient dans un corps qui rayonne. Car en vérité, ce qui était au début doit se retrouver à la fin, non plus dans un éclatement solaire où tout est aboli, non plus dans un éclatement noir où tout est englouti, mais dans un corps radieux sur une terre accomplie, dans l’innombrable joie des formes qui expriment Dieu partout.
Tout est joie, il faut se souvenir, se souvenir! Elle est là tranquille et sûre sous la peau noire des choses. Elle nous aime.
Et je devine des profondeurs, des profondeurs sans fin, des étendues de conscience comme des mers frémissantes de soleils.
Je sens cela tout proche, comme un sourire derrière un voile. Nous sommes au bord de quelque chose, la vie commence!
Rêvons divinement. Et la lumière dans un corps.
La crique ruisselle au bastingage de mon grenier. Ah! que reste-t-il des boues anciennes ? jamais été, jamais été — rien qu’une petite poudre de joie qu’au long des jours secrètement, j’avais orpaillée, rien qu’un sourire tout au fond. Ah! que reste-t-il!… Je suis ce seul enfant radieux avec l’éternité dans le cœur.
Et cette Présence autour, cette Présence en moi très douce, qui me tire comme par un fil de lumière vers je ne sais quel envol, et qui m’emporte dans une risée sur un grand voilier blanc. […]
Le corps mort est largué. Déjà j’ai pris ma gîte sur les premières lueurs vertes de l’aurore, déjà la route est belle; je tiens ce fil de lumière qui tire, qui tire vers les grandes Indes chargées d’espoir.
15 août 1957.
Satprem, L’orpailleur, Éditions du Seuil, 1960. Voilà de courts passages des pages 237 et 238. Ce qui termine cet ouvrage.
Ah! fausse nuit! Faux moi qui marchait dehors quatre par quatre et la pelle sur l’épaule! J’étais comme étourdi de bonheur, j’aurais voulu toucher les choses, prendre des mains, j’étais ressuscité des morts. Faux frère dehors! — J’étais dedans comme un sourire léger. Faux soleil, fausse souffrance! — Ça levait, levait en moi comme une flamme pour brûler toutes les ombres, un grand vent à laver les mensonges.
Ah! que pouvaient me faire les armes de ces faux hommes et tous leurs crématoires! J’étais le feu qui brûle le feu. J’étais invulnérable et libre, libre. J’étais cela au creux du cœur, sourire et flamme. J’étais le vent qui ne meurent pas, l’odeur d’un printemps sauvage. J’étais l’espace et les grandes landes avec le cri d’une mouette, et cette constellation chantante dans la dérive du ciel. J’étais la Joie, la Joie comme un cri d’hirondelle derrière tout ce mensonge, et cette clarté derrière la nuit — une île de lumière battue d’oiseaux blancs.
Et j’ai marché jusqu’au fleuve, comme porté par un souffle, avec un sourire qui aime. […]
Je traîne avec moi toutes sortes d’hommes — c’est navrant — et quelques bêtes aussi. J’ai essayé toutes sortes de continents, je suis entré dans toutes sortes de peaux. J’ai eu toutes les religions infaillibles qu’on peut avoir — j’ai même adoré Sekmeth, un jour au bord du Nil, parce qu’elle m’avait donné un coup au cœur, comme ça, sans que je lui demande rien. Ah! il faut faire tout le tour, Grégory, et ça n’en finit pas. Je suis un bric-à-brac de choses, et quelques autres que je n’ai pas encore crachées — un marin, oui, un amant, un ascète, un boulotteur infatigable; je suis nègre et mongol, pharaon, premier communiant, parricide, parricide! et parfois j’ai des ailes — un vrai carnaval, et pas pour rire. […]
On n’en finit pas de faire le tour.
Une multitude en dedans. Une multitude de petits je séparés qui tourbillonnent dans le corps, au-dessus, en dessous, partout, comme des planètes folles autour d’un mystérieux soleil. Et on voyage. Interminablement on voyage, d’une planète à l’autre à travers nos années, des Indes à Cayenne, au diable je ne sais où, à travers des vies et des vies, d’un je à l’autre, à des dizaines et des dizaines d’autres, toujours plus vrais les uns que les autres, toujours plus péremptoires et dinosauresques. Et on devient toutes sortes de vérité infaillibles, toutes sortes de systèmes irréfutables, une multitude d’expériences qui se heurtent et se dévorent, et nous dévorent — une multitude de frères contradictoires. Où est le vrai, ou donc ? Et chaque fois, il semble qu’on tient l’absolu, chaque fois la vérité increvable, à se mettre à genoux et à cracher je le jure, et tous les autres pantins s’évanouissent, comme si on les avait rêvés, et on passe la moitié de sa vie à croire qu’on a rêvé l’autre, à renier ou à prêcher — à oublier. Déjà la vérité de ce soir est du rêve pour demain, et on tourbillonne, tourbillonne sans fin d’une planète à l’autre, infatigables saltimbanques.
Satprem, L’orpailleur, Éditions du Seuil, 1960. Ce sont ici de courts passages pris dans les pages de 157 à 160, de ce roman de Satprem. Comme je vous le disais, si jamais vous en voyez une copie chez votre libraire, attrapez-la.
James Gleick est journaliste scientifique au New York Times. C’est durant les années 1970 que des scientifiques français et américains commencent à explorer le chaos. Ce livre de Gleick est devenu un best-seller aux États-Unis et a été traduit en onze langues.
Voici quelques passages dans cet ouvrage. Par exemple, on croit que l’ouragan est par définition une tempête de dimension donnée. Mais cette définition, ce sont les gens qui l’imposent à la nature. En réalité, les météorologues prennent actuellement conscience que, depuis le tourbillonnement des papiers au coin d’une rue jusqu’aux systèmes cycloniques visibles de l’espace, le désordre qui agite l’atmosphère forme un continuum. Les catégories ne fonctionnent plus. Les extrémités de ce continuum forment un tout avec son milieu. Page 143.
Arrêtons-nous sur la notion de fractal.Le fractal est synonyme d’une manière de décrire, de calculer et de penser des formes irrégulières et— fragmentées, déchiquetées et disloquées —depuis le contour cristallin des flocons de neige jusqu’aux poussières discontinues des galaxies. Une courbe fractale implique une structure organisatrice dissimulée à l’intérieur de la complexité monstrueuse de ces formes. Page 150s.
Dans les recherches, on s’est rendu compte que la nature contenait des formes — non des formes visibles, mais enfouies dans la structure du mouvement — qui attendaient d’être révélées. Page 156.
Vous observez des êtres humains en interaction et vous en tirez certaines conclusions. Étant donné la masse énorme d’informations dont disposent vos sens, comment votre décodeur parvient-il à l’ordonner ? Il est évident — ou presque — que le cerveau ne dispose pas de copies conformes du monde extérieur. Il ne contient pas une bibliothèque de formes et d’idées avec lesquelles comparer les images fournies par la perception. L’information est stockée avec une certaine flexibilité qui autorise des juxtapositions fantastiques et des sauts d’imagination. Le cerveau semble avoir plus de souplesse que la physique classique pour discerner l’ordre dans le chaos du monde. Page 209.
James Gleick, La théorie du chaos. Vers une nouvelle science, Flammarion, 1991, 433 pages. Un livre bien intéressant.
Vous trouverez cette photographie d’Albert Einstein prise en 1904-1905 sur la page de Wikipédia qui lui est consacrée. Et voici.
« Einstein, paradoxalement, invente peu. Il met le doigt sur le défaut — souvent une incompatibilité légère, mais certaine, entre deux développements théoriques. Il réarrange tranquillement les morceaux du puzzle, tout s’emboîte, merveilleusement, et la vérité déconcertante apparaît. »
Maurice Arvonny, , Ce qui a changé en 1905, Le Monde (Paris), 14 mars 1979.
Voici l’historien, anthropologue et journaliste Emmanuel Todd, né à Saint-Germain-en-Laye le 16 mai 1951. Vous pouvez le retrouver à une page Wikipédia à son nom.
Critiquant l’ouvrage de Lewis S. Feuer, Einstein et le conflit des générations, Emmanuel Todd écrit : « Feuer met l’accent sur un point capital lorsqu’il souligne les fondements infantiles de la curiosité scientifique. Einstein donnait lui-même une explication à sa découverte : « L’adulte normal ne se casse jamais la tête au sujet des problèmes d’espace et de temps. À son sens, tout ce qu’il faut penser à ce propos a déjà été élaboré dans sa petite enfance. Mais moi je me suis développé si lentement que je n’ai commencé à m’interroger sur l’espace et le temps que quand j’étais déjà adulte. En conséquence, j’ai creusé le problème plus à fond que ne l’aurait fait un enfant ordinaire. »
Voici ce texte de Colin Martindale (1943-2008), professeur à l’université du Maine pendant 35 ans.
Les artistes créateurs soulignent tous la nature spontanée et incontrôlable de leur inspiration, le caractère imprévisible des idées nouvelles. Il y a plusieurs années, en analysant certaines études, j’ai découvert que les sujets créatifs se décrivaient en employant des adjectifs qualifiant un état de non-inhibition (tels que « enthousiastes », « péremptoires », « impulsifs » alors que les non-créatifs se décrivaient comme satisfaits, conventionnels, vertueux, rationnels… Arthur Koestler a remarqué que les grands savants sont extrêmement sceptiques, « au point de se montrer souvent iconoclastes dans leurs attitudes envers les idées traditionnelles, les axiomes, les dogmes », alors qu’ils font preuve « d’une ouverture d’esprit qui les prédispose à une naïve crédulité envers les nouveaux concepts ». On peut observer ce phénomène dans n’importe quel musée, classe, jardin public ou salle de concert. Confrontés à la nouveauté — qu’il s’agisse de dessin, de musique ou d’idée — les individus créatifs se sentent excités et concernés, alors que les non-créatifs se montrent méfiants ou même hostile. »
Colin Martindale, Intelligence et créativité, Psychologie, 70 (novembre 1975) : 42.