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Pourquoi pas un timbre-poste international ?

L’idée est dans l’air en 1900. Un artiste français y va de son projet. Le quotidien montréalais Le Canada raconte l’histoire le 12 septembre 1904.

On sait que le directeur général des postes de Washington étudie un projet de timbre de dix centimes (2 cents) pour les relations postales entre l’Amérique et l’Europe.

L’Angleterre serait, paraît-il, à peu près acquise à cette création d’un timbre à bon marché. Mais la France se heurte à une difficulté : son timbre intérieur coûte 15 centimes, et il serait trop illogique d’envoyer une lettre aux États-Unis pour 10 centimes, alors qu’on ne pourrait en adresser une à Versailles ou même au boulevard des Italiens sans payer 15 centimes.

Mais il est une création dont l’utilité s’impose et à laquelle rien ne semble s’opposer : c’est celle du timbre international.

Voulez-vous, en écrivant à l’étranger, inclure dans votre lettre un timbre pour la réponse ? À quoi bon, puisque votre correspondant ne pourra l’utiliser, votre timbre n’étant pas accepté dans les bureaux de poste de son pays. Il vous sera également impossible de lui adresser une somme modique sans vous déranger pour faire établir un mandat ou pour vous procurer, dans quelque agence spéciale, les timbres qui auront pour lui une valeur réelle. Combien l’usage d’un timbre international simplifierait les choses !

La question sera soumise au prochain congrès international des postes, par un artiste français, qui, lui, apportera un projet de timbre international. Ce timbre, il l’a déjà conçu et même exécuté.

Les détails symboliques n’en sont point compliqués. Autour d’une sphère, qu’un léger gaufrage rendra sensible au toucher, les divers pays de l’Union postale sont représentés par des armoiries, dans l’ordre suivant :

Allemagne, Australie, Autriche, Abyssinie, Argentine, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Chine, Danemark, Espagne, Égypte, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Japon, Mexique, Pays-Bas, Perse, Portugal, Roumanie, Russie, Siam, Suède-Norvège, Suisse, Serbie, Turquie.

L’auteur de ce projet, le peintre héraldiste J. van Driesten, a donné, sur le modèle dont il a fait exécuter plusieurs planches, les explications suivantes :

— J’ai fait un choix, pour les inscriptions, de la langue française, parce qu’elle est la langue diplomatique. Mais chaque État pourrait, sans inconvénient, employer sa propre langue. D’un autre côté, en groupant les pays par ordre alphabétique, je pense avoir évité toute cause de froissement. Enfin, si j’ai cru devoir employer le symbole féodal, c’est qu’aucune autre figure ne saurait rendre plus clairement l’idée des collectivités nationales groupées de par le monde.

Mon timbre est celui de 25 centimes, c’est-à-dire celui du tarif international actuel; mais rien n’empêchera d’un faire un timbre de 10 centimes, si jamais le timbre international à bon marché, préconisé par les États-Unis, est universellement adopté.

 

J’aime ce texte, car voilà alors quelque 400 ans que nous voyageons passablement. Sans trop nous en rendre compte, nous avons ainsi «rétréci» la Terre, et cette démarche d’un timbre-poste international, même si elle fera long feu, s’inscrit dans un mieux-vivre ensemble. Lentement, nous nous rendons compte qu’il faut poser des gestes pour rendre plus harmonieux, dirais-je, notre vécu commun.

Cette photographie de l’édifice des Nations-Unies à New York, prise en 2008 par un photographe qui se donne le nom de frado76, apparaît à la page suivante.

 

 

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