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Guerre aux chiens pas de médaille !

Vous avez un chien, vous l’aimez, prenez-en soin, procurez-lui une «licence». La ville de Montréal a décidé de nettoyer les rues et tout chien sans licence y passera. La Patrie du 6 juillet 1905 vous prévient.

Les chiens errants, pelés, galeux, vont passer un mauvais quart d’heure.

Aussi les jolis toutous bien brossés, bien bichonnés, mais dont les maîtres trop négligents n’auront pas payé la licence.

C’est la saison de la chasse aux chiens et nos policemen vont commencer à parcourir les rues et s’échauffer pour attraper des sujets de fourrière.

Les chiens trouvés sans le traditionnel collier et ne portant pas la médaille révélatrice seront gardés pendant quelques jours, et s’ils ne sont pas réclamés on les détruira.

Cette chasse aux chiens par nos agents a parfois plusieurs côtés typiques.

Les façons de procéder varient selon les circonstances.

Un agent aperçoit un chien ne portant pas de collier. Vite, il le file pour trouver le domicile de ses maîtres. Si ce chien est vagabond et n’a pas de domicile, son affaire est vite faite, on l’amène et il est condamné sans autre forme de procès. Mais il y a toujours le trouble de le filer. Cela n’est pas une mince besogne, car ça court parfois très fort, un chien. Plusieurs de nos agents aiment cent fois mieux filer un malfaiteur, et ceux qui ont de la voix préfèrent encore de beaucoup filer un son.

Ils filent donc le chien jusqu’au domicile de ses maîtres. Si domicile il y a et que les occupants, ayant reconnu leur plus fidèle ami, reconnaissent leur qualité de propriétaires, la chose est vite bâclée; l’agent dresse procès-verbal contre eux.

Il arrive souvent que les tribulations de nos policiers ne s’arrêtent pas là.

Certaines personnes prétendent parfois que la bête leur avait appartenu, mais qu’elles s’en étaient défaite; seulement le chien ayant conservé sa vertu de fidélité ne peut s’empêcher de regagner son ancien domicile. Ici nouvelle course pour trouver le nouveau propriétaire du chien. Le tout se complique souvent d’explications devant le tribunal.

Les agents arrêtent aussi aux portes. Ils demandent à ceux qui viennent ouvrir s’il y a un chien dans la maison et si ce chien est en règle avec la loi qui veut que la licence ait été payée.

Dans le but d’éviter de payer, et comme dans certains cas, on tient à garder quand même le chien auquel on s’est attaché, il arrive qu’après l’avoir fait disparaître soigneusement dans quelque armoire ou dans quelque placard, le chien qui ne comprend pas toutes ces façons mystérieuses, se mette à aboyer à l’instant où la bonne ou la maîtresse de la maison est en train de répondre vivement à l’agent qui s’informe.

« Oh, non, monsieur l’agent, je vous jure que nous n’avons jamais eu de ces sales bêtes dans la maison. »

Si le policier a l’oreille dure, tant mieux; n’empêche que l’indiscret toutou en tient une dont il se souviendra.

Méfiez-vous cependant des agents qui ont l’oreille dure; il paraît qu’il n’y en a pas.

 

Source de l’illustration : le journal L’Opinion publique, 14 novembre 1878, p. 550.

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