Et la campagne, ça va chez-vous ?

Tour d’horizon alors, et vous pourrez comparer. Arrêt dans certaines paroisses. Le 2 juin 1905, La Patrie publie ce qu’elle dit être d’importants renseignements sur la situation agricole reçus de ses correspondants ruraux.

Sainte-Geneviève-de-Batiscan
Les semailles sont à peu près finies. La température a été assez favorable aux travaux de la terre. Cependant, les dernières pluies ont quelque peu retardé les semences, mais en revanche les prairies et les pâturages en ont largement bénéficié. Les fromageries et les beurreries sont en pleine opération, et tout fait prévoir une année prospère. Il n’y a pas beaucoup de foin en grange, et la demande n’est pas active.

Saint-Ubalde de Portneuf
Les semailles sont terminées. Jusqu’au 20 mai, grâce au temps froid que nous avions très fréquemment, la végétation n’a fait que très peu de progrès, mais, depuis cette date, la température s’étant réchauffée, la végétation s’est ressentie des effets bienfaisants de ce changement. Aussi, les pâturages sont actuellement assez abondants pour procurer la nourriture aux animaux de la ferme.

Saint-Basile de Portneuf
Les semailles sont très avancées. La plupart des cultivateurs ont fini. Elles ont été tardives cette année. Cependant, avec les quelques jours de chaleur que nous avons eus et des pluies assez fréquentes, la végétation va reprendre le temps perdu. Les prairies ont de belles apparences. L’herbe pousse rapidement et la récolte, d’après ce que l’on peut en juger maintenant, promet d’être meilleure que l’année dernière.

Saint-Thomas de Joliette
Les semailles sont en grande partie finies. Les prairies ont une bien triste apparence. Les pâturages ont aussi une moyenne apparence.

L’Assomption
Les semailles sont en partie finies. Il reste encore la plantation du tabac. Cette année, nos cultivateurs se livrent plus que jamais à la culture du tabac. Malheureusement, la plupart d’entre eux n’ont pas été heureux dans la confection de leurs couches. Le temps de transplanter est arrivé et les plants de tabac ne sont pas encore assez avancés. On attribue cela au manque de chaleur. Depuis quelques jours, la température est devenue beaucoup plus favorable.

Terrebonne
Depuis les dernières semaines, l’apparence a tout à fait changé, et aujourd’hui à Terrebonne, Lachenaie et Saint-François, tout s’annonce pour le mieux pour les cultivateurs.

Saint-Scholastique
Les travaux des semences sont finis. Ils ont été considérablement retardés par l’inclémence de la température. La végétation a aussi beaucoup souffert du froid. Elle s’est bien améliorée, cependant, depuis quelques jours. Les pâturages sont bons, de même que les prairies.

Saint-André-Avellin
Les cultivateurs ont à peu près tous fini leurs semences, mais les fortes gelées que nous avons toutes les nuits retardent beaucoup l’avancement du grain, ainsi que les légumes des jardins. Cependant, les prairies et les pâturages sont très bons.

Saint-Polycarpe
Les travaux des semailles sont terminés. Les prairies et les pâturages sont magnifiques. La levée des grains est très belle. La perspective de la récolte est bonne. Quelques cultivateurs se plaignent que le grain est mangé.

Saint-Rémi
La floraison des arbres fruitiers est particulièrement belle. Les pommiers, les pruniers et les cerisiers sont totalement recouverts de fleur. Les petits fruits des jardins potagers seront aussi abondants, si on excepte les fraises qui ont eu beaucoup à souffrir des grands froids de l’hiver dernier.

Farnham
La belle température de la semaine dernière a permis à nos cultivateurs de terminer leurs semailles. Tout fait prévoir une récolte abondante pour le foin. Les arbres fruitiers, au dire des connaisseurs, rapporteront le double de l’année dernière. La température a été particulièrement excellente pour les pommiers et les pruniers. Les pâturages sont bons.

Val Racine
Les semences ne sont pas encore avancées. Le grain, qui a été semé les premiers jours de mai n’est pas encore levé. La température est toujours froide, et la germination se fait très lentement. Beaucoup de gens craignent que les patates semées au commencement du mois pourrissent avant de lever. Les prairies et les pâturages, quoique très en retard, ont bonne apparence. Les gelées du printemps n’ont nullement endommagé les plantes.

Que conclure de tous ces constats ? Qu’il s’agit probablement, au fond, d’un printemps québécois normal. Et qu’il s’en est trouvé de pires, au fil des ans, mais aussi de meilleurs. Et que le temps frais semble favoriser les prairies et les pâturages, qui seraient à peu près partout luxuriants.

Et comment donc interpréter cette image, fort originale ? Où sommes-nous ? Mystère. À l’endos, il est simplement écrit : Rangée arrière à droite, Rosine (la femme de mon oncle Néré). Et magnifique illustration du propre et du sale, sujet de notre entretien, à mon ami Serge Bouchard et moi, dimanche soir dernier. Le propre est à l’étage, le sale, tout en bas.