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La Saint-Patrice (17 mars)

Dès leur venue au 19e siècle, de nombreux ponts liaient les Irlandais aux Québécois de langue française. Leur condition modeste, par exemple, leur foi catholique, le violon dans leur musique, et quoi encore. Tout de suite, ils étaient d’ici, engagés sur le plan social au cœur des villes ou partageant l’ouverture de grandes régions de colonisation. Et toujours ils ont célébré, avec ferveur et fidélité, leurs vieilles souches irlandaises, le jour de la Saint-Patrice. Retour en 1900.

Le 18 mars 1895, le Quotidien de Lévis raconte comment s’est fêtée la Saint-Patrice à Québec. Hier, les fils et filles de la Verte Érin célébraient avec enthousiasme leur fête nationale. Sur toutes les rues, dans toutes les directions, l’on voyait les porteurs du traditionnel ruban vert ou du petit bouquet de Shamrock. Le drapeau national flottait sur plusieurs édifices. La procession organisée par la Société St-Patrice a été admirable et imposante. Plusieurs bannières et drapeaux déployaient leurs plis au gré de la brise légère. La fanfare précédait la procession en faisant entendre des airs nationaux. L’église pour l’occasion [rue McMahon, dans le Vieux-Québec, aujourd’hui disparue] avait été décorée avec de nombreux drapeaux et bannières. Le coup d’œil était vraiment magnifique. La statue de St-Patrice placée sur le grand autel était entourée de lumières aux mille couleurs. La foule était nombreuse, plusieurs Canadiens Français et protestants s’étant joints aux enfants de l’Irlande.

Et le journal de rajouter le lendemain que la soirée organisée à l’Académie de musique par la société Saint-Patrice de Québec est sa 39e soirée annuelle.

À Joliette, L’Étoile du Nord rapporte, le 21 mars 1901, que la fête était plus discrète, mais tout de même soulignée. Dimanche était le jour de la fête du glorieux Patron de l’Irlande, Saint Patrice. Il n’y eut pas à cette occasion de démonstration civile ou religieuse publique; mais les citoyens d’origine ou de parenté irlandaise avaient orné la basque de leur habit de l’insigne verte traditionnelle. Dans les cités de Montréal, Ottawa et Québec, principalement, la population irlandaise a tenu à célébrer cette fête avec beaucoup d’éclat et de pompe.

Le 17 mars 1903, selon La Presse du même jour, 10 000 Irlandais paradent dans les rues dans les rues de Montréal.

La Gazette de Berthier du 18 mars 1904 rappelle : Hier, fête de St-Patrice, plusieurs de nos concitoyens portaient un ruban vert, et des drapeaux flottaient sur les bureaux publics et sur l’hôtel de ville. Erin go Bragh !

Retour à Québec. Quatre ans plus tard. Le Soleil y va de ce texte : C’est aujourd’hui la St-Patrice, fête de nos concitoyens d’origine irlandaise; il n’y a pas de célébration autre que le grand concert de l’Institut Littéraire St-Patrice qui sera donné à l’Auditorium ce soir. Par contre, les vitrines des magasins de nouveautés nous offrent des soieries vertes sous toutes les formes tandis que les librairies ont fait étalage de cartes postales d’actualités et de « shamrocks ». Nous souhaitons heureuse fête à nos concitoyens de la Verte Érin, et nous chantons avec eux : « Erin go Bragh ».

Puis, nous voici à Sherbrooke. Le journal La Tribune annonce le 15 mars 1910 : C’est jeudi le 17 que nos braves citoyens irlandais célébreront leur fête nationale. La célébration, cette année, à Sherbrooke sera toute paisible. Le matin, il y aura à l’église St-Patrice une grand’messe à laquelle assisteront les sommités irlandaises de la ville. Puis le soir, à la salle des Arts, M. John Hackett, avocat de Montréal, donnera une conférence patriotique. Un groupe de jeunes gens et de jeunes filles exécuteront les chants nationaux et de la musique appropriée à la fête.

Irlandaises, Irlandais, descendants du vert pays, mes amitiés. Erin go Bragh ! Que continue de vivre l’Irlande en vous !

 

P. S. La tempête de neige des 16, 17 ou 18 mars est celle de la Saint-Patrice. Ne restera plus alors que celle dite des Corneilles, la dernière de l’hiver, aussi appelée de l’Annonciation, si elle survient le 25 mars.

6 commentaires Publier un commentaire
  1. Pierre robitaille #

    Bonjour cher Jean,

    Je me demande si les québécois sont conscient du patrimoine qui nous a été légué par la population irlandaise ayant joint nos rangs depuis la grande famine du 19 sème siècle qui a sévit dans leur pays. Du côté de ma mère, qui est née à Sillery, bastion irlandais si il en a été un, je sais que j’ai quelques ancêtres irlandais. Outre le patrimoine génétique, ma mère nous faisait des «stews» irlandais par exemple, dans ma naïveté d’enfant, je croyais que ça s’écrivait stiou et le fameux juron mauzusse ne viendrait-il pas de «Moses», Moïse dans la sonorité anglaise?.
    J’ai habité sept ans dans près du cimetière St-Patrick, justement dans ce quartier populaire de Sillery où résidaient nombre de gens originaires de la verte contrée à une certaine époque. Mon gentil propriétaire, monsieur Cullerton, était né dans la région de Québec, et son père y était arrivé à un très jeune âge. Mais Cecil, c’était son prénom, gardait un profond attachement à l’Irlande qu’il fêtait avec fortes libations et agapes le jour de la St-Patrick.
    C’est lors d’une de ces fêtes, nous lui louions l’appartement qui était au-dessus de chez lui, qu’une douce et poignante mélopée entonnée en choeur par lui et ses invités est montée jusqu’à nous dans la nuit. Ils tapaient doucement du pieds et chantaient avec émotion
    Ô Danny boy . C’était beau en «Moses and a half»…
    Ma copine et moi en gardons un souvenir ému. Lorsque nous parlions avec lui des origines de sa famille, il ne manquait jamais d’échapper un larme de nostalgie. Je crois qu’il n’existe aucun peuple où l’attachement à la mère patrie subsiste si longtemps et si fortement chez les générations suivantes.
    C’est un sentiment puissant et magnifique.
    Bonne fête cher irlandais de mon coeur! Aujourd’hui ce dernier est vert tendre et il chante O Danny boy.

    17 mars 2012
  2. Jean Provencher #

    Merci infiniment, cher Pierre, pour ce témoignage chaleureux.

    17 mars 2012
  3. Jean Provencher #

    Mon amie Margot m’annonce :

    Il y aura danse ce soir à Ste-Agathe de Lotbinière, à la salle municipale. Plusieurs personnes de Québec se préparent pour y aller et rencontrer nos bons amis irlandais (beaucoup moins nombreux qu’avant…) Depuis quelques années, nous sommes plus nombreux de Québec (les vrais mordus) que de la communauté irlandaise de la région d’Inverness. Les vieux sont trop vieux et les jeunes… sont partis.

    Merci encore et bonne journée.

    17 mars 2012
  4. Jean Provencher #

    Envie de gagner Sainte-Agathe pour ce soir ? Voyez cette page : http://www.tourismelotbiniere.com/fr/site.asp?page=evenement&nActualite=0&nAnnee=2012&nIDEvenement=2136

    17 mars 2012
  5. Raymond et Bertha Provencher #

    Salut mon John,

    Un gros merci de nous avoir envoyé cette information si précieuse sur la Fête des Irlandais au Québec et ailleurs. Étant d’origine Irlandaise, Bertha en ma compagnie et celle de quelques amies nous nous sommes rassemblés dans un Pub irlandais local (The Triangle) à Halifax, hier midi. Une demi-heure d’attente, mais c’était la vraie fête une fois à l’intérieur. Nous étions 5 et à voir les gens qui nous entouraient et leur habillement et déguisement de tout ce qu’ils pouvaient trouver de vert et même dans un cas orange, c’était la comédie. Naturellement, une fois la fête terminée, ils reviennent tous à la normale.
    Toute une fête pour eux et la bière Guinness coulait à plein dans les robinets.
    Hier soir, après le soupe, Bertha nous a préparé un bon café irlandais, coutume régulière chaque année pour la Saint Patrice.

    18 mars 2012
  6. Jean Provencher #

    Hé, merci beaucoup, brother !

    18 mars 2012

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