La présence du fleuve Saint-Laurent dans la presse québécoise de 1900 est quotidienne
Il y a toujours matière à causer.
Cet hiver, il n’y a pas eu encore d’empêchement pour les bateaux de traverser entre les deux rives, par suite de la grande quantité de glace. Cela nous rappelle les émotions de traversée d’il y a quelques […] alors que les bateaux pris dans les glaces descendaient à la dérive et travaillaient pendant des heures pour atteindre la rive opposée.
C’était un peu de contretemps pour ceux que des affaires pressées appelaient à Québec ; mais tous les passagers, quelquefois au nombre de plus de deux cents : hommes de professions, gens de métiers, cultivateur avec leurs traîneaux chargés de denrées, voyageurs, promeneurs, en prenaient gaiement leur parti et, pendant que le vaisseau chauffait dur pour avancer d’un pas et se frayer un passage à travers les banquises, en l’intérieur [sic], les gais lurons, qui étaient en voix, entonnaient une de ces vieilles chansons canadiennes, au grand amusement des passagers.
Et lorsqu’enfin le bateau accostait à Québec, après deux ou trois heures de travail pour franchir la distance de Lévis à Québec, c’était un cri de joie. On était enfin arrivé. Bien peu maugréait.
D’autres fois, il est arrivé que les bateaux n’ont pu traverser durant une journée entière, par suite d’une formidable tempête.
Mais aujourd’hui l’on ne voit plus de ces contretemps. Nous avons de forts bateaux qui ne craignent ni tempête ni glace, et qui sont commandés aussi par de braves et habiles capitaines, comme les capitaines Chamberland et Thivierge, deux hommes estimés de leurs supérieurs et très populaires parmi les passagers de tous les jours.
Le Soleil, 6 février 1899.
Ce discours du journaliste du Soleil est bien audacieux. En 1908, les passagers ont passé une nuit sur le traversier Lévis-Québec.