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Pour gagner Québec à la veille des Fêtes, les habitants de l’île d’Orléans ne sont guère intéressés par la traversée en bateau

Ils préfèrent le pont de glace. Un fromager de l’île se confie à un journaliste d’un quotidien local.

Un  cultivateur de l’Île d’Orléans, venu ce matin à la ville, pour apporter sa provision hebdomadaire de fromage raffiné, nous dit que les entrefilets que nous avons publiés ces jours derniers au sujet du service d’hiver de l’Île d’Orléans, ont suscité le plus vif intérêt.

Bien qu’il soit personnellement intéressé, il doute fort cependant que ce projet puisse jamais réussir.

Suivant lui, la cause de l’insuccès résiderait dans l’apathie des cultivateurs mêmes.

Il a donné comme exemple ce qui est arrivé les années dernières. On a déjà tenté ce service. Eh bien, on a vu la grande majorité des cultivateurs attendre quand même qu’il y eut un pont de glace, plutôt que de débourser les quelques centins qu’on demandait comme prix du passage.

Plus que cela, au printemps, ils se risquaient sur la glace toute désagrégée par les rayons du soleil printanier pour économiser quelques sous au péril de leur vie.

Naturellement, les cultivateurs intelligents comprennent tout le profit qu’ils retireraient du service proposé ; mais pour prélever le montant nécessaire pour subventionner raisonnablement la compagnie qui l’entreprendrait, il faudrait l’unanimité des résidents de l’Île, et malheureusement il s’écoulera encore bien des années avant que l’on puisse l’obtenir.

 

Le Soleil, 17 décembre 1897.

Le tableau ci-haut du peintre Clarence Gagnon, Le Pont de glace, illustrant justement ce pont entre Sainte-Pétronille et Québec, est l’une des quatre premières œuvres achetées par le Gouvernement du Québec en 1920, au départ de la collection actuelle d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec. La reproduction apparaissant ici, extraite de l’ouvrage de Pierre-Georges Roy, L’Île d’Orléans, publiée en 1928 par la Commission des monuments historiques de la province de Québec, ne rend malheureusement pas justice au tableau original, plus nuancé, d’une grande finesse, d’une beauté achevée.

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