Quel temps !

À quelques heures de Noël.

Température variable, aujourd’hui ; après la grêle, hier soir, il a plu durant toute la nuit jusqu’à tard ce matin, et les chemins sont rendus impraticables, soit par les nombreuses flaques d’eau qui les recouvrent, soit par le danger d’enfoncer à tout instant dans la neige rendue fondante. Les tramways circulent dans une couche d’eau variant entre 3 et 6 pouces [entre 8 et 15 centimètres] sur tout leur parcours, et les piétons doivent se garer s’ils ne veulent pas se faire éclabousser.

Les avalanches des toits sont aussi à l’ordre du jour et plus d’un propriétaire a profité de ce doux temps pour faire enlever la glace recouvrant les gouttières et qui menaçait, à divers endroits, la tête des passants.

Pour peu que ce temps de dégel se continue, nombre de promenades projetées pour aller à la messe de minuit à la campagne devront forcément être mises de côté.

Tout en faisant ménager le bois aux familles pauvres, cette température trop douce pour la saison a le désavantage de rendre les chemins mauvais et d’empêcher grand nombre de cultivateurs des environs de Québec de se rendre au « Marché de Noël » et celui de faire craindre des pertes sérieuses à nos commerçants qui ont cru devoir faire ample provision de dindes, oies et volailles de toutes sortes à l’occasion de la semaine des fêtes.

Le Soleil (Québec), 23 décembre 1898.