Des automobiles pour la patrouille policière
Le 6 février 1901, un journaliste de La Patrie se demande si, à l’exemple de Toronto, l’automobile ne serait pas plus utile à la patrouille policière que la voiture à cheval.
Les dépêches de Toronto disaient dernièrement que le chef de la police de cette ville venait d’inaugurer un système de voitures automobiles pour la patrouille. Les frais d’achat et de fonctionnement de chacune de ces voitures s’élèvent à $3,000.
L’échevin LeBœuf est d’avis que ce système pourrait fort bien être introduit à Montréal dès que notre ville aura quelques rues carrossables. Il fonctionne déjà d’une manière admirable à Paris et dans la plupart des villes françaises, où l’automobilisme est beaucoup plus en honneur que dans notre pays.
En France, en Angleterre et ailleurs en Europe, l’automobile est actuellement l’un des grands moyens de locomotion. Ces voitures très perfectionnées sont conduites avec une rapidité vertigineuse. Elles sont employées par toutes les grandes maisons de commerce pour la distribution des paquets.
Si on pouvait les adapter au service de la patrouille, ce serait une excellente chose puisqu’on se débarrasserait du coup de l’embarras des chevaux et du fourrage.
Il faut savoir que la plupart des automobiles roulant alors sur les routes du continent nord-américain ont été importées d’Europe par bateau. D’où leur coût élevé. Par ailleurs, il faut bien reconnaître qu’au cours des premières décennies du 20e siècle, le fait de délaisser le cheval dans les villes au profit de l’automobile a permis alors, étonnamment aujourd’hui, d’assainir notre milieu de vie urbain.
La gravure ci-haut paraît dans L’Album universel du 9 mai 1903 (http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/detail/5507.jpg). Comme le dit la légende, c’est là le premier automobile circulant à Montréal, le 21 novembre 1899. L’homme d’affaires Ucal-Henri Dandurand est fier de le faire essayer au maire de la ville, Raymond-Fournier Préfontaine. Cette gravure est reproduite dans le journal La Patrie du 25 novembre 1899. À peine une quinzaine de mois plus tard, les voitures de la patrouille policière torontoise devaient probablement ressembler à celle-ci.
Fort intéressant. L`utilisation des premières automobiles ne devait pas être évidente avec les chemins de terre qui devenaient des chemins de boue après une bonne pluie. L`arrivée des routes carrossables a dû être appréciée.
Merci.
Vous savez, Monsieur Bastien, ce sont les cyclistes qui ont mené la toute première offensive pour l’amélioration du réseau routier. Aux États-Unis, naît au début des années 1890, le mouvement des bonnes routes, quand des cyclistes lancent une campagne de relations publiques pour des routes plus nombreuses et en meilleure condition. Il faut savoir qu’en 1884, on avait introduit le modèle de bicyclette à roues de même dimension, plus facile à conduire que le grand-bi, cette bicyclette apparue vers la fin des années 1860, possédant une roue avant d’un très grand diamètre et une roue arrière beaucoup plus petite . Puis, en 1888, apparaissent les premiers pneus gonflés.
Dans toutes les communautés américaines, le passe-temps favori le soir est alors la promenade en bicyclette. Les cyclistes ne se contentent pas de balade en ville ou au village, mais prennent d’assaut la campagne, organisant des rallyes, des courses sur route, des excursions de fin de semaine. Face au mauvais état des routes, ils décident de s’organiser et fondent en 1892 un magazine, «Good Roads», animé par I. B. Potter, un avocat et ingénieur civil new-yorkais. Le périodique se moque en particulier des routes américaines en les comparant aux routes de France, beaucoup plus belles.
Quelques années plus tard, les automobilistes, y voyant aussi leur profit, appuieront les cyclistes en faveur de l’amélioration des routes.
Merci pour ce petit supplément.