On ne badine pas lors de la Révolution française
Un citoyen de Trois-Rivières l’apprend en 1793.
M. Benjamin Sulte a découvert que parmi les guillotinés de la Révolution française il y avait un Canadien-français. Ce Canadien-français était natif des Trois-Rivières et s’appelait Antoine Beaupré.
Il se trouvait en France au début de la Révolution et, croyant, dans sa candeur naïve que la devise du nouveau régime signifiait quelque chose, il avait pris la liberté de le critiquer tout haut et d’établir entre ce régime et le système constitutionnel anglais des comparaisons insuffisamment flatteuses pour la glorieuse république.
Il osa même insinuer que c’était heureux pour ses compatriotes, les Canadiens, que la cession de leur pays à l’Angleterre fût arrivée à temps pour leur permettre d’échapper aux agréments de la tyrannie républicaine. Il était d’avis, et ne s’en cachait pas, cet imprudent, que les pires sauvages n’étaient pas ceux du Canada mais ceux de France.
Il fut cruellement puni par la République, qui ne le mit pas à la Bastille, qu’elle avait détruite, mais à la Conciergerie, d’où il fut transporté sur la place de la Concorde (alors place de la Révolution) où il eût la tête tranchée au nom de la fraternité révolutionnaire, cela sans autre forme de procès et nonobstant sa qualité de sujet britannique.
Le Canadien (Québec), 4 août 1888.
Sur son site internet, Mathieu Pontbriand évoque ce personnage.