Le vol des Étourneaux sansonnets en formation très serrée, d’auto-organisation, est incroyable
L’ornithologue et naturaliste américain Noah Strycker s’y arrête.
Quiconque a déjà vu une nuée — ou, plus poétiquement, un « murmure » — d’étourneaux converger vers un dortoir comprendra pourquoi ce spectacle a pu fasciner tant d’internautes.
Les étourneaux se rassemblent généralement le soir, parfois par centaines de milliers à la fin de l’été et, juste avant de s’installer pour la nuit, ils patrouillent tous ensemble dans l’espace aérien du lieu, parfois pendant une demi-heure ou plus. Très peu d’espèces aviaires forment des nuées aussi denses et serrées. Et nul ne sait pourquoi les étourneaux exécutent ces vols. Pour brûler leur trop-plein d’énergie avant de s’endormir ? Pour guider des retardataires du groupe ? Pour repérer d’éventuels prédateurs ? Toujours est-il que le spectacle est impressionnant. Ces nuages d’oiseaux ressemblent à une épaisse nappe de fumée prise dans une tornade invisible. Comment parviennent-ils à maintenir une formation aussi mouvante et dynamique sans jamais se percuter ? Le mystère reste entier.
La beauté du phénomène est à elle seule saisissable. […] « Le charme envoûtant des étourneaux vient en partie du fait qu’ils semblent écrire des messages dans les airs, dans une langue que nous ne savons pas déchiffrer », déclarait en 2007 le journaliste, essayiste et ornithologue amateur américain Jonathan Rosen dans un article du New York Times illustré des photos de [Richard] Barnes.
Les scientifiques parlent de comportement collectif pour désigner un groupe d’individus agissant comme une seule et même entité coordonnée. Dans ce cas précis, ce comportement s’organise de lui-même, ce qui est d’autant plus intéressant que, dans notre univers, la tendance serait plutôt au désordre : si un verre se brise au sol, ses éclats n’ont aucune chance de se réagencer spontanément. La logique et l’expérience semblerait indiquer que, pour rester organisés, les vols d’étourneaux obéissent à quelque mystérieuse force extérieure, une force qui irait à l’encontre de la deuxième loi de la thermodynamique — qui veut que les systèmes physiques tendent vers le chaos.
Noah Strycker, Ce que les oiseaux disent de nous, Une enquête ornithologique, Flammarion Québec, 2018, p. 42s.
Ci-haut, l’Étourneau sansonnet est une création de l’artisan Berchmans Charest.