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Nouvel arrêt sur la Corneille d’Amérique

Est-ce bien vrai ce qu’on raconte sur sa puissante mémoire ?

Dans son pavé Le Génie des Oiseaux, la journaliste et naturaliste Jennifer Ackerman s’attarde, le temps de quelques lignes, à la reconnaissance des visages humains chez la corneille.

Une brillante série d’études menées au cours des cinq dernières années par John Marzluff et ses collègues de l’université de Washington a révélé les capacités extraordinaires de Corneilles d’Amérique pour reconnaître les visages humains et transmettre à leurs pairs des informations sur les personnes jugées dangereuses.

 Dans une expérience, des groupes de personnes ont sillonné plusieurs quartiers de Seattle, ainsi que le campus de l‘université de Washington, en portant différents types de masques. Dans chaque groupe, un masque particulier figurait l’individu dangereux (sur le campus, il s’agissait d’un « homme des cavernes »). Les personnes affublées de ce masque ont capturé plusieurs corneilles, tandis que les autres se contentaient de déambuler.

 Neuf ans plus tard, les scientifiques masqués sont retournés sur les lieux de leurs crimes. Les corneilles du quartier — y compris celles qui n’étaient même pas nées au moment de la capture — ont réagi aux personnes portant les masques dangereux comme si ces derniers étaient une menace, plongeant sur elles en piqué et croassant de manière menaçante tout en les assaillant.

 Apparemment, les oiseaux qui avaient été témoins de la capture originale, comme ceux qui avaient participé à des assauts ultérieurs sur les ravisseurs, se sont rappelés quels étaient les masques représentant le danger et l’ont enseigné à leurs jeunes. Cette tendance à attaquer les individus supposément nuisibles s’était répandue jusqu’à près de 800 m des zones où avaient eu lieu les événements initiaux, peut-être à travers les « réseaux d’information » des corneilles.

 

Jennifer Ackerman, Le Génie des Oiseaux, traduction de Patrice Salsa, Paris, Hachette Livre, Éditons Marabout, 2017, p. 160.

Extrait de ce livre, voici aussi des réflexions sur la Mésange à tête noire.

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