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Un ami de Sabatier, Saint-Saëns, Rossini, Litz, et Paderewski

La Patrie nous annonce le 28 décembre 1899 le décès d’un grand musicien québécois, un pédagogue, Dominique Ducharme.

M. Dominique Ducharme, un de nos musiciens les plus connus et les plus distingués, est décédé subitement ce matin, vers neuf heures, à sa résidence, rue Bleury. Le défunt était atteint d’une maladie de cœur. La mort de [Frantz] Jehin-Prume arrivée il y a quelques mois l’avait tellement affecté qu’il en tomba gravement malade. Il semblait à peu près complètement rétabli, cependant, et, depuis une couple de mois, il avait recommencé ses leçons. […]

Ce matin, il se proposait de vaquer aux occupations de sa profession, comme d’habitude. Une élève, Mlle Miles, arriva et le trouva, selon toute apparence, endormi dans on fauteuil. Elle lui toucha légèrement l’épaule, mais n’obtint aucune réponse : elle courut alors prévenir Mlle Ducharme qui constata que son père était bien mort. […]

M. Ducharme naquit à Lachine, en 1840. Il commença à bonne heure ses études musicales avec le professeur Andrews, demeurant à Lachine même, un ancien organiste anglais. Arrivé à Montréal, il étudia sous M. Paul Letondal, et plus tard, quand le célèbre [Charles Wugk] Sabatier vint en ville, il fut un an son élève.

Ce fut en 1863 qu’il alla à Paris où il suivit durant cinq ans les cours du fameux [Antoine-François] Marmontel, au Conservatoire, où il avait été admis comme auditeur.

Et c’est là, à Paris, durant son séjour, qu’il eut le bonheur de connaître intimement Camille de Saint-Saëns, le fameux compositeur. Il fut traité en enfant de la maison par [Gioachino] Rossini qui l’appelait toujours son «Grand Canadien» : et de là, chez Rossini, il se fit un ami intime de [Franz] Litz, le fameux auteur des Rhapsodies, à toutes les soirées musicales que donnait Rossini. C’est grâce aux conseil de ce dernier, qui avait alors une renommée universelle comme pianiste, que M. Ducharme acquit toute sa science technique, en même temps que le toucher et le doigté merveilleux qu’il communiqua à ses élèves.

En 1889, il connut [Ignacy] Paderewski et s’en fit un ami pour la vie. M. Ducharme possède même un portrait de ce dernier sur lequel il y a écrit : «À mon bon ami, grrrrrrrr….and Canadien, un charme des charmes, Ducharme. Signé, Paderewski.

Dans sa conversation, M. Ducharme, lorsqu’il nous parlait du grand art et des maîtres qui l’ont illustré, avait le secret de nous communiquer son enthousiasme. Ses anecdotes étaient piquantes d’intérêt parce qu’elles avaient été vécues.

Deux jours plus tard, le 30 décembre, La Patrie affirme qu’une grande foule de parents et amis ont assisté ce matin aux funérailles du regretté Dominique Ducharme, en l’église du Gésu.

M. Arthur Letondal, successeur de feu M. Ducharme, comme organiste du Gésu, a dû être vivement ému ce matin, lorsqu’il a touché l’orgue qui avait tour à tour pleuré, chanté, intercédé et envoyé au ciel des cris d’allégresse, sous la touche savante et pleine d’âme du distingué musicien qui vient de s’endormir dans la paix du Seigneur.

À l’Offertoire, le chœur a rendu le «Beati mortui» de Mendelssohn, et M. Jos. Saucier a chanté le «Pie Jesu» de Beethoven. À la communion, MM. Édouard Lebel et Jos. Saucier ont chanté un «Libera» des plus touchants.

Le portrait de Dominique Ducharme est celui accompagnant la nouvelle de son décès dans La Patrie du 28 décembre 1899.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. josee jacinthe #

    Ses anecdotes étaient piquantes d’intérêt parce qu’elles avaient été vécues.
    —-
    ah que j aimerais pouvoir les entendre ces anectodes là… je ne connaissais pas du tout ce Dominique Ducharme.

    tout ce qu on perd quand un beau personnage s en va et qu inéluctablement il s efface de la mémoire, populaire – tout au moins ici. par contre, on a récemment beaucoup parlé de son célèbre ami, Frank Liszt , pour le bi-centenaire de sa naissance (10-1811).

    j avais manqué cet article… Merci!

    22 janvier 2012
  2. Jean Provencher #

    Bien dommage que ce Dominique Ducharme n’ait pas laissé d’écrits sur son vécu, assurément riche.

    22 janvier 2012
  3. Louise #

    C’est bien l’archivage par thématiques.

    Je ne connaissais pas ce musicien. D’ailleurs que savons-nous de notre passé musical?

    2 février 2012
  4. Jean Provencher #

    Merci, chère Louise. L’archivage par thématiques était essentiel. J’espère que tout visiteur se rend compte de son existence dès le départ, dans la bande de thèmes apparaissant sous le titre «Les Quatre Saisons». Sinon, il va être perdu. Imaginez, à ce jour, 2 février, il y a 338 articles sur le site.

    Une lectrice m’a écrit qu’il y avait à boire et à manger et, manifestement, elle ne savait pas comment s’y retrouver. Je l’ai orientée sur cette bande de thèmes en lui disant «Si vous vous intéressée seulement aux oiseaux, cliquez sur La Nature, puis le sous-thème Les Oiseaux, et vous retrouverez là tous les articles qui portent sur les oiseaux. Vous vous intéressez au cirque, allez dans La Culture, puis le terme Ethnologie et vous verrez apparaître Le Cirque. Fonctionnez ainsi.»

    Merci, chère Louise, de me donner l’occasion de ces précisions sur l’archivage par thématiques.

    2 février 2012

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