Lentement le mystère s’éclaircit
Si vous nous suivez depuis un moment, vous savez que le 26 avril, dernier, jour anniversaire de mon acquisition de cette maison en 1976, je trouvais sur la marche basse de ma galerie avant un petit contenant de cuir fait main.
Les écureuils l’avaient fait tomber du grenier par une petite planche manquante du larmier. Or, ce petit objet contenait des documents roulés à l’intérieur, documents d’affaires remontant au 19e siècle d’un homme portant le nom de J. N. Allard. Qui était-il ?
Les jours passant, les écureuils continuaient d’échapper de nouveaux documents, qui venaient nourrir la vie de cet homme.
Le 16 juillet, j’en venais à un portrait approximatif de ce monsieur Allard. J’ai créé sur ce site une nouvelle catégorie — La maison bavarde — regroupant les billets à ce sujet.
Les derniers documents trouvés le furent par mon ami René venu réparer la planche du larmier, non sans récupérer auparavant les papiers à portée de main autour de cette ouverture, papiers qui sont ceux attachés à ce billet tout en bas.
Hier, mon ami Paul Pilon, véritable limier, me faisait parvenir le fruit de ses trouvailles au sujet de Joseph Napoléon Allard et de sa famille. Quelle belle surprise ! J’ignorais tout à fait ce travail de sa part. Le voici maintenant :
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Plus jeune, on l’appelle Joseph, puis de façon plus formelle Joseph Napoléon ou Joseph N.
François Joseph Napoléon Allard est né à St-Jean-Baptiste-de-Rouville le 25 avril 1851, le fils de François Allard (37 ans) et de Julie Jannot (23 ans). Fait intéressant, son parrain s’appelait Hyppolite Allard dont le prénom en grec ancien signifie « celui qui dompte les chevaux ».
L’année suivante, au recensement de 1851, on apprend que son père est un marchand et que Joseph est fils unique, une sœur étant décédée quelques mois avant sa naissance.
Le 29 mars 1859, alors âgé de 7 ans, Joseph perd sa mère. Elle avait 31 ans. Six semaines plus tard, le 9 mai 1859, son père se remarie avec Louise Mainville, 23 ans. Pour lui, c’était un troisième mariage puisqu’il était veuf lors de son mariage à Julie Jannot (il avait précédemment épousé Marceline Ménard).
Au recensement de 1861, Joseph n’apparaît pas avec son père et sa belle-mère à St- Jean-Baptiste-de-Rouville. Où était-il ? Possiblement dans un collège. J’ai trouvé un Joseph Allard, 10 ans, au Collège de Joliette. C’était peut-être lui.
Le 20 avril 1864, Louise Mainville décède en couche.
Au recensement de 1871, Joseph a 20 ans. Il est maintenant de retour chez son père à St-Jean-Baptiste-de-Rouville et on dit qu’il est apprenti sellier. Se trouvent également à la maison deux demi-sœurs, Victorine et Eliza.
Le 29 octobre 1888, à 37 ans, Joseph Napoléon épouse à Saint-Agapit Marie Rosalie Croteau, 40 ans, fille de Flavien Croteau et d’Elisabeth Baker. Le marié est de St-Jean-Baptiste-de-Rouville et la mariée de Saint-Agapit. La qualité de la signature du marié au bas de l’acte témoigne de quelqu’un qui a fait des études.
Au recensement de 1891, Joseph a 40 ans. Il habite cette fois Warwick avec son épouse Rosalie et sa fille Elisabeth, née le 20 juillet 1889 et baptisée à Saint-Apollinaire. À l’acte du baptême d’Elisabeth, on dit que Joseph est fromager.
En 1892, il suit le cours d’inspecteur à l’École de laiterie à Saint-Hyacinthe. Sur sa photo de classe, on dit qu’il est de Saint-Agapit.
En 1893, son père François décède à Marieville à l’âge de 79 ans. Il s’était depuis remarié avec Elmire Niverville (un quatrième mariage).
Aux recensements de 1901 et de 1911, Joseph est à Saint-Agapit avec son épouse Rosalie, sa fille Elisabeth et un fils Léon, né à Saint-Agapit le 10 janvier 1893. On le dit inspecteur pour le beurre.
Joseph Napoléon Allard est décédé à 61 ans, le 11 août 1912, à Saint-Agapit. Son épouse Rosalie est décédée à 85 ans à Saint-Agapit le 12 novembre 1933. Sa fille, Elisabeth, est décédée à 81 ans à Saint-Agapit en 1970. Elle ne s’est jamais mariée. Son fils Léon Eugène est décédé en 1922 à St-Étienne-de-Lauzon à 29 ans. Ce dernier avait épousé Marie Ange Lemay avec laquelle il a eu deux fils dont l’un est décédé en bas âge et l’autre vit toujours à l’âge de 95 ans.
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Voilà les trouvailles de mon ami Paul.
Et puis voici les nouveaux documents trouvés par mon ami René. Le premier ci-bas est un reçu d’Édouard Huot pour une somme touchée pour services rendus sans doute à la fromagerie de Joseph Napoléon Allard à Warwick, reçu daté du 25 août 1890. Le second document est la police d’assurance de Rosalie Croteau, l’épouse de monsieur Allard, pour la maison et les biens meubles de Saint-Agapit couvrant la période de 1910 à 1913. Qui sait, peut-être qu’en 1910, monsieur Allard n’était pas en mesure, pour des raisons de santé, de prendre lui-même cette assurance. Les deux autres documents prolongent l’assurance jusqu’en 1919.
Merci à mes amis Paul et René pour ces nouveaux détails de la vie de Joseph Napoléon Allard et de sa famille.
P. S. Nous ignorons toujours ce que cette documentation faisait dans les murs de ma maison.