Fichus lits de plumes !
La presse, du Québec comme ailleurs, aime bien de 1880 à 1910 rapporter des faits paranormaux. Ça fait sans doute vendre.
Ici, un quotidien montréalais recourt à une nouvelle provenant des États-Unis : La superstition au Michigan.
Le petit village de Graafschap, dans le comté d’Allegan (Michigan), qui est exclusivement peuplé de descendants Hollandais honnêtes, laborieux et paisibles, vient d’être jeté dans la plus grande agitation, par suite d’une étrange superstition qui y règne encore.
Lorsqu’une personne tombe gravement malade et que le mal résiste à tous les remèdes et à tous les soins, les habitants de Graafschap sont convaincus qu’il est causé par des « diables de plumes ».
Les oreillers et le lit de plumes du malade son éventrés en présence des voisins convoqués pour le circonstance et, si l’on y trouve des plumes entrelacées formant des croix, des couronnes ou tout autre sorte d’autres objets du même genre, ces plumes sont immédiatement jetées au feu, car on est convaincu que ce sont les diables qui causent la maladie.
Or, ces jours-ci, il paraît que quelques-uns de ces « diables de plumes », emportés sans doute par un courant d’air lorsqu’on les jetait au feu, n’ont pas été brûlés, et ont disparu.
Cet incident a suffi, dit-on, pour jeter tout le village dans la terreur et la consternation. Trouve-t-on une poule ou une oie ayant quelques plumes entrelacées, elle est plongée dans une chaudière et on la fait bouillir jusqu’à ce qu’elle soit morte.
La Patrie (Montréal), 29 octobre 1889.