« L’endroit le plus froid de la terre »
Il résulte des observations du savant anglais Wild, que l’endroit le plus froid de la terre est Werchojansk [Verkhoïansk] en Sibérie. […]
Dans cette localité, la température moyenne au mois de janvier est de 45 degrés ; en février, de 49 ; en mars, de 33, etc. Le plus grand froid qu’on n’y ait jamais observé s’est manifesté le 30 décembre 1871 : le thermomètre est descendu à 93 degrés au-dessous du zéro.
Voici quelques-uns des effets produits par ce froid excessif : une triple fourrure de renne suffit à peine pour vous couvrir de façon à empêcher le sang de geler. Chaque mouvement de respiration cause une sensation douloureuse, insupportable au gosier et aux poumons.
La vapeur exhalée gèle instantanément et se transforme en menues aiguilles de glace, dont le frottement les unes contre les autres produit un bruit semblable à celui du velours ou d’une soie épaisse qui se déchire.
M. Wild raconte que toute la caravane qui l’accompagnait lors de son excursion dans ses parages se trouvait enveloppée d’un nuage bleuâtre, formé par l’haleine des hommes et des animaux.
Un corbeau qui passa en volant lentement à travers l’air glacial laissa derrière lui une longue traînée de matière vaporeuse.
Le Journal des Trois-Rivières, 16 octobre 1882.