Du poète hongrois Gyula Illyès (1902-1983)
Si, un jour, on vous ouvre la porte sur la culture hongroise, entrez. Vous y découvrirez un peuple d’une grande culture. Voici les mots d’un de leurs écrivains.
Les hirondelles
Ouvre la porte, que le ciel
Du petit matin montre sa frimousse…
Qu’il nous lèche un peu comme un animal
De son souffle qui sent la mousse.
Ce petit monde, qu’il est beau !
Là-bas les vallées, ici notre hôtel.
Dans l’air cru d’en haut et dans la lumière
Notre balcon s’accroche au ciel.
Nuages… pins… viens près de moi.
Viens comme tu es. Vois, le soleil brille,
Et qui peut te voir ? Mais les hirondelles !
Et c’est alors qu’elles babillent.
Et vont tourner dans le ciel,
Plus que jamais ivres, plus éclatantes
Et feront tourner la planète aveugle,
Celle du temps, la scintillante
Dont vont pouvoir nous arracher,
S’élançant encor, s’élançant toujours,
Enchaînées dans un seule enchaînement,
Nos étreintes, mon bel amour…
La traduction du poème d’Illyès est de Guillevic.
Le texte apparaît dans Gyula Illyès, avant-propos par André Frenaud, présentation par Ladislas Gara, Choix de textes, bibliographie, portraits, documents, Paris,, Éditions Pierre Seghers, 1966, Poètes d’aujourd’hui, 145. La photographie est encartée dans cet ouvrage.