Début mai est la période des déménagements
Et quelle histoire !
La saison des déménagements est ordinairement fertile en anecdotes amusantes — une fois tout le tracas terminé.
Nous pourrions en raconter des centaines, mais à quoi bon ressasser des clichés. C’est toujours une occasion pour monsieur de liquider son répertoire d’expressions d’un parlementarisme douteux ; pour madame, de dire des vérités aigres-douces qui feront trouver meilleures les heures de la tranquillité future ; pour la marmaille, une aubaine excellente de se chamailler, de s’amuser, de briser de la vaisselle, etc. […]
Pour l’observateur qui passe, un déménagement est une étude de psychologie intime. Tous ces meubles pêle-mêle ont leur langage à eux et étalent parfois des secrets d’intérieur, intéressants à constater.
Tel ameublement cossu manquera totalement de style, de genre, tandis que tel autre, plus modeste, [est] d’un goût plus raffiné. Il y a aussi les déménagements d’artistes, ceux de nos étudiants de notre quartier latin, qui se font ordinairement à bras et qui ne prennent pas trois jours.
Il y a aussi… mais ça ne finirait pas.
Le Canada (Montréal), 1er mai 1903.