Skip to content

Quatrième billet avec les apostilles de Robert Mallet

page-couverture-mallet

Voilà un autre ouvrage surprenant. Mais, après trois billets, nous sommes quand même en terrain connu.

Mode d’emploi : avoir du temps devant soi, puis simplement et bien lentement laisser défiler. Occasion de faire le vide sur les heures ordinaires.

La lampe brûle, éclatante et droite. Son abat-jour lui permet d’être et de ne pas être. Toi qui voulais m’illuminer, tu m’éblouis. Et désireuse, toi, de m’apaiser, tu m’assombris. Où la trouver, l’ardente-douce ?

Deux corps qui, vêtus, se sont accordés, acceptent la découverte de leur nudité plus facilement que les autres qui, s’étant connus et aimés dénudés, ne se soumettent ensuite à la vérité de leurs habillements.

Le noir permet d’ouvrir tout grands les yeux sur la sensation, et peut donner au silence une apparence de sentiment.

Ne demande pas à ton amant de tout comprendre de toi, ou alors accepte qu’il ne soit plus que ton ami.

L’églantier devient rose par la greffe. La rose redevient églantier par le temps.

En amour, on n’arrive jamais trop tard, mais on ne part presque jamais assez tôt.

Pas repris d’amour comme on est repris de justice. La récidive en amour virginise.

Au mieux, que deviendra la robe de l’épousée ?

On aime pour fuir la solitude en face de la mort. On cesse d’aimer pour retrouver face à la vie sa solitude, pour être libre de se sentir à nouveau seul à éprouver le vide en espérant le combler.

Un rêve ne se limite pas, il cesse.

Bonjour, toi que j’aime. Adieu déjà, puisque je t’aime assez pour ne jamais oublier, te voyant ou te pensant, que je suis condamné à te perdre.

Le sable est merveilleusement blond et pur. On admire. On s’arrête. On s’éprend. On est pris. Cela commence à frémir sous les pieds, comme une caresse de chair. Et l’on se sent aspiré par la volupté de l’ombre offerte où notre corps tout entier pénètre. Le dur moment sera celui du sable qui fermera la bouche tandis que les yeux encore ouverts sur l’horizon baissé se brouilleront de larmes inutiles. Sois assurée, toi en qui je me suis perdu : je te redonne, disparu, toutes les chances du sable vierge.

 

Robert Mallet, Apostilles ou l’utile et le futile, Paris, Gallimard, nrf, 1972.

Voici les billets précédents.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS