Un mot sur l’écrivain Régis Roy
Certains considèrent Régis Roy (1864-1944) comme le premier écrivain franco-ontarien né en Ontario (Ottawa). Il a publié plusieurs ouvrages, dans lesquels il s’amuse la plupart du temps. Le voici dans L’Épluchette paru en 1916. On trouve dans ces trois textes en prose rimée tout à fait le ton du livre.
À telle enseigne
Un étranger arrête chez Gros-Jean
Et demande à voir le maître.
Fanfan se penche à la fenêtre
Et dit : — Il est au bout du champ
Là-bas, il travaille
Dans la soute aux gorets.
Vous le reconnaîtrez sans frais;
C’est lui qui porte un chapeau d’paille !
* * *
Deuxième hyménée
Gros-Jean une seconde fois,
Dans l’hymen avait fait son choix.
Voulant savoir si la dernière
Lui plaisait plus que la première,
On l’interrogea dans ce sens.
Gros –Jean leur dit : — Bonnes gens,
Voici ce que du cas je pense :
La première avait la science
D’la maison beaucoup plus, je crois,
Mais elle avait les pieds plus froids !
* * *
Chien qui aboie ne mord pas
Gros-Jean, un jour, allait livrer
À messire notre curé
Un gros sac de pommes de terre.
Lorsqu’il arrive au presbytère,
Un dogue furieux en sort
Et contre Gros-Jean jappe fort.
L’air mauvais du chien en impose
À notre bonhomme qui n’ose
Plus avancer. Il crie alors,
Et le curé paraît dehors.
— N’ayez pas peur, dit-il, le verbe
Encourageant; vous savez bien,
Voyons, ce que dit le proverbe :
«S’il aboie, point ne mord, le chien ?»
— Pardine ! fait Jean, l’air superbe,
Vous, vous l’connaissez, l’proverbe,
Et pis moé, j’le sais itou,
Mais j’cré qu’vot chien l’sait pas du tout !
Régis Roy, L’Épluchette. Contes joyeux des champs en prose rimée. Recueil de monologues et de choses à dire, Montréal. Édition Gérard Malchelosse, 1916.