Un jour, les ballons nous permettront-ils des voyages aériens réguliers ?
On en rêve à compter du dernier tiers du 18e siècle. Mais, à l’usage pendant plus d’un siècle, on se rendra compte que le ballon rendra bien hasardeux les voyages aériens d’un endroit à un autre.
Voici un Américain bien échaudé en 1906. La nouvelle provient d’Augusta, en Georgie.
Le professeur Julian P. Thomas, aéronaute, vient de faire une ascension de ballon dont il se souviendra. Il a vu la mort de bien près et s’en tire avec un bras à demi arraché.
Il voulu tenter l’ascension malgré un vent de 30 milles à l’heure. Au départ, son ballon s’accrocha dans des fils télégraphiques et la nacelle fut endommagée. Plus tard, son ancre s’embarrassa dans des toitures et il lui fallut la couper avec un couteau qu’il tenait entre ses dents, sous peine de se voir assommer contre les sky scrapers [les gratte-ciels].
Enfin, le ballon monta comme une flèche jusqu’à une hauteur de 5,000 pieds dans les airs. La descente fut plus terrible, car le vent augmentait de vélocité. Le ballon fut entraîné sur une distance de plusieurs milles franchissant les cours d’eau. Il rasa le sol et le professeur put atterrir en plein champ.
Mais le ballon lesté du poids de l’aéronaute remonta si brusquement que le professeur Thomas, qui avait la main embarrassée dans un des cordages, fut enlevé de nouveau à une hauteur de 500 pieds. Il demeura ainsi suspendu et entraîné dans l’air pendant plus d’une demi-heure.
Quand le ballon tomba à terre pour la deuxième fois, le professeur avait les jambes prises dans le filet. Il fut traîné sur le sol rocailleux sur une étendue de plusieurs verges. Des hommes accoururent enfin, et purent délivrer le malheureux.
La Patrie (Montréal), 3 novembre 1906.
La photographie est d’Emmanuelle Provencher.