Des nouvelles du Bic
Le Bic, un peu en amont de Rimouski, sur le littoral sud du Saint-Laurent, nous offre un paysage québécois tout à fait original. Le dictionnaire Noms et lieux du Québec (1994), de la Commission de toponymie, décrit ainsi l’endroit : Une série de collines rocheuses alternant avec des bandes de terrains bas, parallèles au fleuve, y forment un paysage superbe de caps et de pointes, agrémenté d’anses et de baies. Ces particularités ont donné naissance à une légende suivant laquelle l’ange chargé d’orner la terre, lors de la création du monde, arrivé devant Le Bic en fin de journée, y a déposé tout son surplus d’îles et de montagnes, dotant le paysage bicois d’un pittoresque à nul autre pareil, qui lui a valu le surnom de Petite Suisse du Québec.
L’explorateur Jacques Cartier s’arrête au havre du Bic en 1535, lors de son second voyage au Canada. Samuel de Champlain fait de même en 1603, à sa première venue dans le Saint-Laurent, appelant l’endroit le Pic, en référence à une montagne assez élevée et pointue dominant le havre. Par corruption, Pic serait devenu Bic.
Le 5 octobre 1905, le journal Le Soleil échappe, en vrac, des nouvelles brèves du Bic.
La température de ces jours derniers a été des plus inclémentes. Une pluie diluvienne n’a cessé de tomber pendant deux jours.
On est à réparer la gare de l’Intercolonial. Le besoin s’en faisait sentir.
Le service de lumière électrique donne ample satisfaction depuis quelques jours.
Le fromage pour la première quinzaine du mois de septembre a été vendu à M. Adélard Blais, agent de la maison D. A. Macpherson, de Montréal, au prix de 11 cents.
La moisson du grain est en partie terminée et paraît être aussi bonne qu’abondante.
Les récoltes sont maintenant terminées à la grande satisfaction de nos bons cultivateurs. Malgré la grande sécheresse que nous avons eue pendant le mois d’août, le rendement a été très satisfaisant.
Plusieurs de nos jeunes gens sont partis travailler dans certains chantiers, au nord de l’État du Maine. Les salaires payés sont plus élevés que les années dernières; aussi, nombre de jeunes gens de la campagne viennent ici pour l’engagement. Tous ces hardis bûcherons nous reviendront le printemps prochain.
Le 17 septembre, le capt. J. E. Heppell a fait lancer un magnifique bateau de 65 pieds pour faire le service entre Québec et le bas du fleuve. La construction a été faite par M. Oct. Dion. Le vaisseau a été fait à toute épreuve et fait honneur au constructeur.
Je ne peux m’empêcher de penser que les bûcherons mentionnés ici, partant pour les chantiers du nord du Maine, apprendront là-bas, comme ceux de la Beauce, de Dorchester et du Témiscouata, le euchre, un jeu de cartes qu’ils rapporteront par la suite de ce côté-ci de la frontière. Gens originaires du Bic ou des alentours, avez-vous souvenance qu’on a joué au euchre dans votre coin de pays ?
Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Inventaire des biens culturels du Québec, Cote : 15 258 A-2