Des amoureux en mal d’un lieu propice pour se faire des mamours
Du journal Le Canadien, édition du 25 septembre 1884.
Il faut comprendre d’abord que bientôt on ajoutera au petit tuyau de l’aqueduc de Québec depuis le lac Saint-Charles un maître-tuyau qui gagnera le cœur de la ville. Par sections, le tuyau est pour l’instant déposé tout au long du parcours et viendra bientôt le jour où elles seront raccordées et enfouies. Entre temps, on lui trouve d’autres usages.
Les personnes que leurs occupations ou toute autre chose ont conduites cet été hors barrières, dans la vallée St Charles, ont pu voir que les tuyaux du nouvel aqueduc étaient échelonnés sur tout le parcours de celui-ci. Or on a vu que ces tuyaux étaient énormes, leur diamètre étant de 30 pouces.
Donc, cet été, il arrivait souvent que par un temps de pluie, les ouvriers qui se trouvaient éloignés de la ville s’introduisaient temporairement dans ces tuyaux et y passaient même la nuit.
Il y a quelques jours, il s’est passé près de St Sauveur un fait inouï, et qui est bien propre à faire pouffer de rire les gens les plus sérieux.
En passant près des tuyaux, des ouvriers ont aperçu dans l’un d’eux un couple qui se contait fleurettes. Comme on connaissait l’individu, et qu’il est marié, vite on est allé le dénoncer à sa femme qui est accourue avec un fouet.
Il est bien facile de s’imaginer la comédie qui s’en est suivie. Coûte que coûte, il a bien fallu évacuer la place, et c’est alors que le fouet a joué son rôle. Houspillé de la belle façon par l’arme maniée d’un bras vigoureux, le couple a détalé, à sa courte honte, de toute la vitesse de ses jarrets.
On se rappelle qu’en plusieurs circonstances, il est sorti par des robinets de l’aqueduc des crapauds, des grenouilles et des poissons. Pour peu que cela continue, qui sait si, un jour ou l’autre et en forçant un peu la note, on ne verra pas sortir des bipèdes du genre de ceux dont nous venons de raconter l’aventure !