De la neige en juin, pourquoi pas
Souvent, des personnes sachant que je travaille depuis un moment sur l’histoire du climat me demandent «Nous n’avons jamais vu ça ?»
Nous avons tout vu. Et nous ne cesserons de tout voir, je crois bien.
En juin 1909, il neige sur Montréal.
De 75 degrés qu’il marquait hier [en Celsius, quelque 24 degrés], le thermomètre a dégringolé, cette nuit, à 47, sous l’action d’une brise glacée venant de l’est.
Ce froid anormal a succédé à la pluie d’hier soir et, ce matin, cette pluie s’est condensée en grêle et en neige.
De la neige le 18 juin !
Et les prophètes qui nous prédisent un été torride !
Les anciens ne connaissent qu’un seul précédent à une température aussi anormale et, si leurs souvenirs sont précis sur ce point, c’est qu’il y a une excellente raison pour que l’événement se soit gravé dans leur mémoire.
C’était en 1872, le 24 juin, jour de la célébration de la Fête de la Saint-Jean-Baptiste.
De grands préparatifs avaient été faits et la procession promettait d’être magnifique. Le matin du 24 juin, un froid sibérien sévissait et les citoyens ne purent assister à la procession sans s’exposer à attraper des onglées et des rhumes.
Il est même avéré que le petit St-Jean-Baptiste de cette année-là est mort peu de jours après la procession, succombant à une fluxion de poitrine.
Gare à nous, cette année !
La Patrie (Montréal), 18 juin 1909.
Et, même ici, on a la mémoire courte. En 1816, l’année dite «sans été», il neige en juin et en août.
Cela dit, il faut noter que le quotidien montréalais La Minerve du 24 au 26 juin 1872 ne mentionne aucun mauvais temps lors du 24 juin à Montréal ou aux alentours. Bien au contraire. Les «processions» furent «magnifiques». Quelqu’un quelque part nous raconte des histoires.