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Les développements dans le monde de l’aviation font peur

biplan wright

Où s’en va-t-on ? La Patrie du 3 juin 1910 craint l’usage que l’homme fera de l’aéroplane. On trouve ce texte dans l’éditorial de ce jour.

Nulle science humaine n’a, dans l’histoire, accompli de si rapides progrès que, depuis quelques années, la science de l’aviation. Il ne se passe pas de jour sans que l’exploit nouveau de quelque hardi conquérant de l’air ne relègue dans l’ombre le record accompli la veille et qui avait soulevé l’admiration du monde.

Paulhan vole de Londres à Manchester. Ne faisant qu’un seul arrêt, et se guidant dans l’espace avec la même sûreté que le navire sur l’océan. Puis Glen Curtiss franchit sans arrêt la distance entre Albany et New-York à une vitesse moyenne de 50 milles à l’heure, naviguant à 3000 pieds d’altitude.

Mais voici que Blériot devance Blériot, qui, le premier, a réussi sur son monoplan la traversée de la Manche. Cette fois, c’est un Anglais, l’hon. Charles Stewart Rolls, qui, de Douvres va à Calais et revient à Douvres sans atterrir, sur un biplan Wright. Le double trajet est accompli en une heure et demie, ce qui, dans la navigation aérienne, est une vitesse très modérée.

Il n’est plus permis de douter que l’homme soit devenu le maître de l’espace.

Il en est qui en tirent un heureux présage, pour la paix universelle.

L’aéroplane, espère-t-on, représente un si formidable engin de destruction qu’il rendra la guerre impossible. Contre les armées, contre les flottes de guerre, on a invité des moyens de défense. Mais quelle résistance pourra-t-on opposer à une flotte aérienne, évoluant à une extrême altitude, et qui ferait tomber sur les villes une pluie d’explosifs qui en achèveraient presque instantanément la destruction ?

Il ne faudrait point trop compter sur ce moyen pour la triomphe de la paix dans l’univers. Les armements modernes, avec leurs canons à longue portée, leurs obus, leurs sous-marins, leurs torpilleurs et leurs Dreadnoughts, sont déjà bien formidables et par surcroît si coûteux qu’ils paralysent largement le progrès des nations. Et pourtant le perfectionnement des moyens de destruction n’a point tempéré la folie belliqueuse de l’humanité.

Déjà, une année auparavant, le 10 juin 1909, le même quotidien, La Patrie, exprimait la même crainte.

Nous ne savons pas encore tous les perfectionnements que le génie humain tient en réserve, et nos arrières-neveux, ce dont toutefois Dieu les préserve, verront peut-être des armées s’entretuer dans les airs.

 

La photographie du biplan Wright apparaît sur la page Wikipédia en langue anglaise qui lui est consacrée.

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