Un citoyen de Trois-Rivières se met à rêver
Allez, ne lui coupons surtout pas les ailes maintenant. Il envoie une lettre au quotidien montréalais La Patrie. Ce dernier la publie le 11 juin 1910.
Monsieur le rédacteur de La Patrie,
La ville de Trois-Rivières possède dans ses limites le plus beau champ d’aviation que l’on puisse concevoir. La nature a tout disposé à souhait. L’amphithéâtre par ses coteaux est immense. Ses degrés sont spacieux, larges et bien échelonnés. La piscine à leurs pieds est vaste, unie et sans obstacle, contournée du côté nord-ouest par de belles collines s’élevant graduellement à l’intérieur des terres à perte de vue.
Le fleuve St-Laurent, du côté du sud-est, avec ses deux milles de largeur, présente à l’intrépide planeur la plus fascinante surface du monde, où des milliers de spectateurs sur ses flots seraient tous des sauveurs aux infortunés aviateurs cassant leurs ailes.
Cette plaine de forme ovale, piquée des deux côtés par de magnifiques fermes, atteint une longueur d’une douzaine de milles [plus de 19 km] à l’embouchure du lac St-Pierre sur environ six à sept milles de largeur si l’on y ajoute la largeur du fleuve. Ceux qui connaissent tant soit peu notre ville (ils sont légion) voient tout de suite la beauté, la magnificence du site où des millions de spectateurs pourraient jouir d’un tel tournoi.
Où pourrait-on trouver un point de départ et d’arrivée pour rivaliser avec le nôtre où dix, vingt, même cinquante aviateurs placés soit sur le premier coteau, soit sur le deuxième, soit sur les terrains du camp militaire, pourraient sans entraves s’élancer dans l’espace et atteindre à quelques verges de distance une élévation de cent à deux cents pieds.
Croyez, monsieur le rédacteur, au dévouement de votre tout dévoué serviteur,
Un Trifluvien.
La photographie de l’avion est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Rouyn-Noranda, Fonds Ministère des Ressources naturelles, Secteur Mines, Bureau régional de Rouyn-Noranda, cote : E20,S2,SS1,P1437.