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Le magasin à rayons amène la disparition du magasin général

magasin a rayons

Pendant longtemps, les communautés tendaient à se suffire à elles-mêmes et retrouvaient ce qui leur manquait au magasin général. Mais avec le développement de la consommation, en particulier par la sollicitation sous plusieurs formes, naît dans les villes le magasin à rayons, souvent sur plusieurs étages. La variété des produits offerts fait qu’il devient rapidement le grand concurrent du magasin général.

Au printemps 1907, le marchand montréalais et propriétaire d’un grand magasin rue Sainte-Catherine Frederick A. Scroggie donne une conférence à ce sujet au YMCA de Montréal.

Le magasin à rayons est aussi nécessaire aujourd’hui que le télégraphe, le télégraphe, le téléphone et la lumière électrique. […] Le conférencier dit ensuite que le magasin à rayons n’est encore que dans son enfance. C’est relativement une institution nouvelle. L’innovation a de tout temps donné contre le heurt des conservateurs, dit M.Scroggie, et il y a aujourd’hui des gens qui s’opposent à cette nouvelle institution en clamant qu’elle est un empêchement pour le commerce.

Le magasin à rayons n’est que l’évolution du magasin de la campagne. Il a pris les vieilles méthodes du commerce en détail, les a améliorées, et a donné au public un bien meilleur service. Le système n’est plus le même. On ne garde plus, comme autrefois, la même marchandise au-delà d’une année; il faut s’en défaire à tel ou tel prix avant que l’année ne soit écoulée. […]

Le magasin à rayons est aussi nécessaire que le simple et plus petit comptoir. Et pour ceux qui jugent à tort, qu’ils se rappellent que le magasin à rayons n’est, après tout, que l’ensemble de simples magasins. […]

Puis, parlant du service de la malle [le courrier postal], le conférencier dit que, comme il y a beaucoup de gens qui ne peuvent trouver chez eux tout ce dont ils ont besoin, le magasin à rayons publie au printemps et à l’automne un catalogue des nouveaux articles. Ce travail est toujours confié à un spécialiste responsable.

On a aussi dit que le magasin à rayons accaparait le commerce de la campagne. Mais l’état actuel de nos campagnes l’exige. Le tant pour cent de la population qui habite la ville est bien petit. Dans les campagnes, les magasins généraux ne peuvent répondre en tout temps à tous les besoins de la population dont ils relèvent. […]

Les grands marchands réalisent combien il est important de décorer leurs vitrines d’une façon artistique. On y expose toutes les nouvelles modes, les nouveaux articles, et tout ce que l’esprit s’efforce de trouver. Pour cela, il faut un expert, un homme de métier, qui sait bien les tons des diverses couleurs et leurs effets. Le conférencier ajoute que les décorateurs sont très rares. […]

En terminant, M. Scroggie déclare que le magasin à rayons est un bien pour la ville. Il augmente la valeur immobilière. Ainsi l’augmentation de la valeur des propriétés sur la rue Ste-Catherine est due à l’extension qu’ont prise les magasins à rayons depuis quelques années. Dans quelques années, tous se seront encore améliorés d’une façon merveilleuse, et cela pour le bien commun.

 

La Patrie (Montréal), 1er avril 1907.

On comprendra que c’est là bien sûr le discours habile d’un homme d’affaires à la défense du magasin à rayons.

La photographie prise vers 1920 du magasin à rayons Au Bon Marché Letendre Limitée, 625, rue Sainte-Catherine Est, à Montréal, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Collection initiale, Épreuves photographiques, cote : P318, S2, P12.

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