Naufrage d’un esquif
La scène se passe à Sabreuvois, dans le Haut-Richelieu.
M. Édouard Trépanier, notre nouvel hôtelier, remplit sa charge à la satisfaction des bons viveurs.
L’autre jour, il lui est arrivé un incident digne de mention; ayant fait la construction d’un petit navire dirigé sous les soins de M. Lebeau, marin et constructeur d’expérience, on anticipait de bonnes courses de plaisir à la chasse et à la pêche.
On a enfin lancé le fameux bateau, mais on n’a pas tenu compte qu’en ce moment notre ruisseau ressemble un peu aux rapides de Lachine.
Le pilote qui sans doute n’avait pas l’expérience du gros Baptiste, de Lachine, n’a pu contrôler sa barque; alors les vagues en furie ont jeté le navire sur des rochers et des écueils dangereux, et pilote, marins et tout l’équipage ont fait naufrage et les nombreux spectateurs pouvaient par moment ne voir que la tête des naufragés et on entendait des plaintes et des lamentations qui s’échappaient des poitrines de ces navigateurs éperdus.
Les restes du bateau sont probablement en route pour St-Jean [-sur-Richelieu].
Gare aux navires, novices.
Le Franco-Canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu), 19 avril 1889.