En France, on veut recenser la variété des accents
La course aux accents toniques.
Un journal parisien a questionné M. Gaston Pâris, au sujet de la nouvelle société des parlers français, dont le but est d’établir l’origine et les variantes de tous les patois français.
La société nourrit un plus grand projet encore, celui d’une carte linguistique de la France :
«C’est un travail, a dit M. Gaston Pâris, que nous espérons pouvoir faire pour la grande exposition de 1900. Ce sera l’une des plus grandes œuvres du siècle. Nous pourrons dire au siècle suivant : voilà ce que nous avons fait, et en quelques années seulement. Ce n’est pas une œuvre complète.
«Cette carte a pour but de démontrer qu’il n’y a qu’une seule langue : le français; qu’il n’y a pas, comme on l’a cru très longtemps, un provençal, un catalan, mais une langue unique, qui a subi des modifications, des altérations, suivant les climats, les latitudes, et surtout la phonétique des différentes provinces.
«Telle lettre qui se prononce avec un accent tonique dans le Midi, l’a, par exemple, se prononce e dans telle partie du Nord, puis redevient a dans telle autre.
«La carte que la société se propose de dresser indiquera, par un tracé plus ou moins régulier, les différentes variations des sons.
«Si le son change, la langue en elle-même ne varie pas, et l’on retrouve absolument les mêmes mots, avec leur même origine, aussi bien au Nord qu’au Sud, à l’Est qu’à l’Ouest.
«Bien entendu, la société n’envisage et n’étudie que les parlers français. Certains dialectes tel que le bas-breton et le basque, d’origine étrangère, en sont exclus.»
La Patrie (Montréal), 11 avril 1894.
L’illustration provient du site Casting vocal.
Bonjour!
L’Atlas linguistique de la France publié au début des années 1900 a été commandé par Jules Gilliéron à Edmond Edmont. Ils sont partis enquêter à travers la France par chemin de fer, à pieds, à vélo, etc. C’est un ouvrage grandiose que l’on consulte dans les cours de linguistique française. Le souhait de M. Pâris a donc été réalisé!
Merci infiniment, chère Madame Lessard. Je suis heureux que ce grand projet, annoncé ici, ait eu une suite !