Les campagnes sont pleines de filles à marier !
Le Canadien, à Québec, fait la une de son édition du 29 avril 1884 avec cette proposition d’«Épouses rurales».
Une dame qui doit habiter la campagne donne les conseils suivants aux jeunes citadins, par la voix du journal :
«Les jeunes gens de nos villes, qui font des affaires avec un capital restreint, ou qui occupent des positions dont le salaire est mince, désirent un home et le bonheur domestique, mais ils pensent avec raison que ce désiderature [sic] est hors de leur portée.
«Un jeune homme soucieux de faire des économies ne peut pas se permettre de se marier — du moins avec une jeune dame de la ville. Ses goûts et ses idées se sont formés dans une habitation luxueuse, et descendre à «tenir maison» avec une seule domestique et pas de voiture est un sort fait pour la décourager à jamais et pour mettre sur son visage, au lieu des sourires de l’épouse heureuse, d’éternels froncements de sourcils.
«Mais jeune homme, vous pouvez avoir, si vous voulez, une petite femme qui ne demanderait pas mieux. La campagne est pleine de jeunes dames aux joues rouges, à la santé robuste, qui pour le home que vous pouvez leur donner serait un vrai paradis. La fille campagnarde serait une compagne aussi sympathique que la belle citadine; quelques-unes d’entre elles sont même mieux élevées et leur sens commun est en vérité surprenant.
«Elles savent travailler et faire travailler; elles sont fortes, bien portantes, et elles ont aussi bonne mine que leurs sœurs de la ville. Si vous tenez à ce qu’elles aient par surcroît les petits airs, les grâces et les minauderies de la dame «fashionnable», vous n’avez qu’à le leur donner à entendre et il ne leur faudra pas longtemps pour les acquérir.
«Au courage de la citadine, la fille campagnarde n’est pas occupée exclusivement d’elle-même. Ses soins et ses pensées sont pour d’autres; elle soigne les enfants, allège la besogne de la mère, s’ajoute au confort de l’intérieur; et elle trouve encore le temps de jouer du piano, de broder, de faire de la peinture à l’huile et de lire, sans compter qu’elle est sa propre modiste et couturière.
«Jeunes gens, croyez-en mon avis, partez cet été pour la campagne, courtisez et épousez une campagnarde. Il y en a beaucoup, vous pourrez choisir. Courtisez-les comme si elles étaient les dames de la ville, elles vous laisseront faire, et quand vous aurez rencontré celle dont les goûts s’adaptent aux vôtres, n’hésitez pas à faire le saut.»