La domestication de l’araignée

J’aime beaucoup les araignées. Je prends plaisir à les voir évoluer chez moi.

Et voici qu’on apprend qu’il serait possible de les domestiquer. La Patrie (Montréal) du 10 mars 1882 fait sa une avec un texte sur les araignées. Extraits.

Pellisson-Fontanier, l’ami de Conrart, auteur d’une Histoire de l’Académie française et membre lui-même de l’Académie française, s’est rendu célèbre pour avoir complètement apprivoisé une araignée.

Secrétaire du roi en 1652, puis maître des comptes, il fut enveloppé dans la disgrâce de Fouquet, arrêté à Nantes, puis enfermé à la Bastille. Il resta cinq ans dans cette prison et sa principale distraction fut d’élever une araignée qu’il sut rendre tout à fait familière.

Un Américain, le capitaine Holden, s’est également rendu célèbre aux États-Unis pour avoir élevé et collectionné de ces insectes sans ailes qui «filent leurs toiles jusque dans les palais des rois». Depuis plus de vingt ans, disent les journaux de Cincinnati, ce patient naturaliste a réuni environ 25,000 spécimens d’araignées, embrassant 4,000 espèces, non seulement de l’Amérique, mais encore de tous les pays du globe.

On voit l’araignée domestique commune dans les maisons inhabitées, dans les greniers, les étables; l’araignée labyrinthique qui élit domicile sur les buissons, les arbrisseaux, les haies; l’araignée des tours en ruine et des donjons; l’araignée de cave, de jardin; l’araignée de l’ancien et du nouveau monde; l’araignée de l’Afrique et celle de l’Asie; l’araignée si petite qu’elle est presque invisible et celle qui est si grosse qu’elle peut tuer des oiseaux dont elle fait sa nourriture. Toutes ces araignées sont conservées dans des bocaux en verre, pourvus d’étiquettes indiquant le nom de la localité où elles ont été prises et le nom de celui qui les a capturées.

La Californie seule a fourni cinq mille spécimens. Une espèce est représentée par cent huit spécimens provenant de toutes les parties des États-Unis.

Cette singulière collection, qui vient d’être transportée de Marietta (Ohio) à Cincinnati, est accompagnée d’un catalogue de tous les ouvrages et écrits publiés sur l’araignée et comprenant soixante dix mille références sur dix mille fiches.

Voyez ici cette histoire étonnante de l’araignée domestiquée de Paul Pellisson. Ce dernier disposait des mouches sur le rebord du soupirail et, au son de la flûte, la bête accourait manger. Et Pellisson finit par la domestiquer.

Et puis, autre histoire, un anthropologue américain, distrait, troublé par une araignée.

P. S. L’araignée n’est pas un insecte. Elle fait partie de la famille des arachnides, celle des scorpions et autres acariens, dont le plus ancien représentant, fossile bien sûr, remonte à 500 millions d’années.