À Montréal, les amours entre pompiers et téléphonistes
Il y a divers types d’embrasement. En voici un auquel on n’aurait peut-être jamais pensé. Le téléphone, un outil de communications bien nouveau, est monopolisé par les amoureux. Et quels amoureux !
Les pompiers ne sont pas de bois : ceci est une manière de dire par analogie qu’ils s’enflamment bel et si bien que l’embrasement de leur cœur attire trop de jolis regards vers les stations de feu. Et comme, pour annoncer ces incendies, le télégraphe d’alarme ne convient guère, ces dames se servent préférablement du téléphone.
Mais elles s’attardent malheureusement aux informations et le service des autres incendies en souffre trop.
Des gens dont la maison se disposait à brûler et qui couraient au téléphone pour avertir les pompiers, trouvaient la ligne occupée durant des quarts d’heure, pour ne pas dire des demi-heures.
On s’est plaint à l’hôtel de ville, et la commission des incendies, qui se compose cependant de fort galants échevins, a dû prendre des mesures nécessaires pour réduire ce flirt aux stations de feu. Réellement, les compagnies d’assurance — l’eût-on cru ? — n’auraient pas manqué d’y trouver un nouveau prétexte pour lever d’un nouveau cran leurs taux.
Mesdemoiselles les bavardeuses ne devrons donc pas être étonnées de s’entendre à l’avenir refuser la communication aux stations des pompiers par le «central» du département où sera attaché un opérateur à l’oreille exercée.
La Patrie, 12 février 1903.
Rappelez-vous, l’affaire n’est pas nouvelle.
Mes parents se sont connus comme ça ! Via le central. Mon père monteur de ligne devait passer par la téléphoniste pour appeler sa blonde en Beauce, lui dans Bellechasse, ma mère à St-Anselme. Et voilà, paraît-il qu’un beau soir mon père flirta avec ma mère et lui donna rendez-vous après son travail tard dans la soirée.
Quelle audace en 1944 ! Ils se marièrent deux ans plus tard et eurent 7 enfants !
Quelle belle histoire, chère Ode. Merci beaucoup.