Un pèlerinage contre le mal de gorge !
Le journal La Patrie du 5 août 1898 annonce que la paroisse Sainte-Élisabeth, à Montréal, organise pour le 10 août un pèlerinage à Saint-Blaise-sur-Richelieu. Pourquoi donc se retrouver dans cette nouvelle paroisse du Haut-Richelieu fondée en 1892 ?
La publicité au sujet de cet événement nous dit:
Départ de la gare Bonaventure à 7 hrs a. m. Arrêts à Ste-Cunégonde, à St-Henri, au Village Turcot, et à St-Jean, en revenant. Billets, aller et retour, pour adultes, $1.00, pour enfants, $0.50; en vente au presbytère de Ste-Élisabeth, aux endroits où sont déposés les cartes d’annonces et dans les chars.
Saint Blaise est particulièrement invoqué pour la guérison des maux de gorge. Ceux qui veulent être guéris ou préservés de ces maux s’approchent de prêtres qui, tenant à la main deux cierges bénis, d’après une formule approuvée par la Saint Siège, les appliquent sur le cou des pèlerins et récitent sur eux cette prière:
Par l’intercession de Saint Blaise, évêque et martyr, que le Seigneur vous préserve du mal de gorge et de tout autre mal. Au nom du Père, etc., etc.
En invoquant ce grand saint avec confiance, on ressent les salutaires effets de sa puissance. En ce pays, où cette dévotion est introduite depuis quelques années, on lui attribue un grand nombre de guérisons miraculeuses.
Profitons de l’occasion qui nous est offerte et allons en foule au sanctuaire de Saint Blaise pour y vénérer la relique de ce grand saint, et recevoir l’application des cierges bénis en son honneur.
Je vais vous dire. J’ai tant cherché d’où venait cette dévotion à saint Blaise contre les maux de gorge. Dans les journaux du début du 20e siècle, on mentionne, à l’occasion que le 3 février, jour de la fête du saint en question et lendemain de la Chandeleur, on invitait les fidèles, dans certaines paroisses catholiques, tant chez les Canadiens français que les Irlandais d’origine, à se rendre à l’église pour qu’un prêtre leur appose sur la gorge une relique du saint ou deux cierges bénis, sans doute ceux de la Chandeleur. Mais, diable, il doit bien y avoir alors des sirops ou des pastilles contre le mal de gorge !
C’est ma longue quête dans les rencontres en bibliothèque qui m’a permis de comprendre. Un jour, une dame demande à prendre la parole. Je suis une infirmière à la retraite. Vous savez, à l’époque, le goitre était une maladie endémique au sein de certaines populations. On prenait le goitre pour un mal de gorge. C’est au cours du 20e siècle que nous découvrirons que cette maladie venait d’une carence alimentaire, d’un manque d’iode. Le goitre se retrouvait là où les populations ne consommaient guère de poissons, de poissons d’eau salée riches en iode.
Alors que je reprends le propos de cette dame dans une autre bibliothèque, un citoyen, originaire d’une paroisse de l’arrière-pays de la Côte-du-Sud, ajoute : Je viens de la région du Kamouraska, mais de l’arrière-pays. Ce que vous dites se vérifie. On trouvait du goitre dans les paroisses d’en arrière, mais pas chez celles du littoral.
J’étais si heureux qu’enfin, la lumière se fasse. Et c’est la raison pour laquelle, au 20e siècle, on introduira de l’iode dans le sel de table. D’où le sel iodé.
L’histoire de la santé est vraiment un domaine captivant.
Au sujet du Hareng atlantique (Clupea harengus, Atlantic Herring), on répète, qu’avec la Morue franche (Gadus morhua, Atlantic Cod), il fut longtemps le plus important des poissons dans l’alimentation de l’humanité.
L’itinéraire est intéressant, d’est en ouest:
Gare Bonaventure, église Sainte-Cunégonde ( on saute la paroisse Saint-Irénée, ma grand-mère née en 1900 était de celle-ci), paroisse Saint-Henri (grand-père 1902) et Village Turcot situé tout près (peut-être même faisant parti ?) de l’église Sainte-Élisabeth, rue de Courcelles.
La paroisse de ma tendre enfance (naissance-baptême- mois de marie fête Dieu, croisés…) De son vrai nom Saint-Élisabeth-du-Portugual.
La 1ère église a été rasé par les flammes au début des années 50 peu avant ma naissance (1953) et la deuxième reconstruite peu après a subit le même sort à
l’hiver 2006-07 !. Ironie du sort, j’ai participer à ce combat contre ce sinistre à titre capitaine de pompier.
Croyez- moi, je n’avais pas mal à la gorge, mais je l’avais serré.
Je suis à vous chercher un exemplaire du volume que j’ai aidé à produire sur l’histoire des pompiers de Montréal ( LE FEU SACRÉ ) que je trouverai le moyen de vous faire parvenir à moins que vous ne l’ayez déjà.
Merci de tous ces renseignements, cher Monsieur Léonard. Je me sens gêné, je n’ai jamais vu passer votre ouvrage sur l’histoire des pompiers de Montréal.
Vous n’avez pas à vous excusez, le livre a été tiré à 2000 exemplaires et n’a été en librairie que très peu de temps.
Si vous me faite parvenir vos coordonnés ( qui ne serviront qu’à ce seul effet) sur mon courriel, je me ferai un plaisir de vous le faire parvenir par la poste à titre gracieux en remerciement dès quelques bons mais trop rare moments dont j’ai profité lors de vos apparitions à la télé.
C’est vraiment trop de bonté, cher Monsieur Léonard.