Une version plus nuancée du vent du nord-est québécois
Dans son texte sur le vent du nord-est, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau frappe fort. Mais il faut en prendre et en laisser. Voici une autre version extraite de mon livre Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent. Au début de cet ouvrage, on trouve une page sur les vents québécois. Les lignes sur le nord-est vont ainsi :
Le nordet.
Aussi appelé le «vent d’en bas». Il vient du golfe et des eaux glacées de la zone septentrionale de l’Atlantique, souffle du nord-est et «refroidit toujours le temps». L’hiver, les tempêtes de neige poussées par le nordet sont les plus violentes; au printemps et à l’automne, ses pluies sont les plus froides et les plus cinglantes. Le voyageur suédois Pehr Kalm, de passage en 1749, assure que tout le mur intérieur d’une maison se couvre d’une gelée blanche quand souffle le nordet en hiver. On prévoit sa venue lorsque, dans le «savonnier», le pain de savon n’arrive plus à s’assécher entre deux lavages. La ménagère remarque: «Il va faire nordet, la barre est encore trempe». D’autres disent que le sel et le sucre s’humidifient, s’alourdissent, quand il y a apparence de nordet.
Les auteurs ont exagéré l’importance du nordet qui, somme toute, est rare de juin à octobre et épisodique en hiver. Certaines localités abritées, par exemple dans Charlevoix, ne le connaissent pas. On a aussi écrit qu’il causait une certaine dégradation du mur nord-est des édifices. À la vérité, l’absence d’ensoleillement direct et le jeu des vents dominants, qui assèchent la face ouest, mais qui par un effet de retour, de tourbillon, maintiennent l’humidité sur la face est, occasionneraient cette détérioration.