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«Expansions»

Trois fleurs dessin

À lire son recueil Toi et moi publié en 1912, il est bien facile de conclure que l’écrivain et poète français Paul Géraldy (1885-1983) fut un grand amoureux. Voici le premier de ses poèmes.

Expansions

Ah ! Je vous aime ! Je vous aime !

Vous entendez ? Je suis fou de vous. Je suis fou…

Je dis des mots, toujours les mêmes…

Mais je vous aime ! Je vous aime !…

Je vous aime, comprenez-vous ?

Vous riez ? J’ai l’air stupide ?

Mais comment faire alors pour que tu saches bien,

Pour que tu sentes bien ? Ce qu’on dit, c’est si vide !

Je cherche, je cherche un moyen…

Ce n’est pas vrai que les baisers peuvent suffire.

Quelque chose m’étouffe, ici, comme un sanglot.

J’ai besoin d’exprimer, d’expliquer, de traduire.

On ne sent tout à fait que ce qu’on a su dire.

On vit plus ou moins à travers des mots.

J’ai besoin de mots, d’analyses.

Il faut, il faut que je te dise…

Il faut que tu saches… Mais quoi !

Si je savais trouver des choses de poète,

En dirais-je plus — réponds-moi —

Que lorsque je te tiens ainsi, petite tête,

Et que cent fois et mille fois

Je te répète éperdument et te répète :

Toi ! Toi ! Toi ! Toi !…

 

Extrait de Paul Géraldy, Toi et moi, Paris, Éditions Stock, 1960, p. 11s.

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