Edison et la naissance de la boîte vocale
À l’occasion, il est étonnant de constater comment en 1900 on entrevoit déjà le monde contemporain.
Voici qu’Edison met au point le télégraphone. À votre retour, vous pouvez prendre les messages entrés en votre absence. Dans l’hebdomadaire montréalais Le Monde universel, du 16 décembre 1905, le journaliste A, Beauchamp raconte la nouvelle invention de l’Américain.
Tout le monde sait qu’Edison, l’inventeur du téléphone, du phonographe, etc., est l’homme le plus occupé d’Amérique. À sa demeure, les communications téléphoniques, les dépêches et les messages arrivent de toutes parts et ses nombreux secrétaires ne suffisent pas, souvent, à lui rendre compte des communications dont le monde entier ne cesse de l’entretenir.
Les communications téléphoniques ayant été plus d’une fois mal interprétées ou oubliées, le grand inventeur vient de créer un nouvel appareil, le «télégraphone», qui enregistre les messages téléphonés.
Une communication est-elle faite en votre absence ? Un rouleau phonographique — que l’inventeur a adapté, avant de sortir, à son téléphone — est mis en contact avec une fine aiguille qui vibre à chaque parole prononcée par le téléphone et l’inscrit sur le rouleau.
À son retour, Edison n’a plus qu’à appliquer le rouleau à un phonographe qui lui répète, mot pour mot, avec la voix de son interlocuteur, tout ce que celui-ci a voulu lui dire.
Cette heureuse innovation va pouvoir s’appliquer à tous les téléphones et, lorsqu’on s’absentera de chez soi, au lieu d’avoir recours à un tiers, qui oublie la plupart du temps, ou interprète mal un message, on aura, grâce au téléphone, une exacte version du message téléphoné.
L’ancien dicton «Verba volant, scripta manent» (les paroles s’envolent, les écrits restent) obligera dorénavant les abonnés du téléphone à tourner plusieurs fois leur langue dans leur bouche avant de parler; leurs paroles demeurant pour jamais enregistrées avec leur son de voix, ce qui est une manière de signature.
L’illustration d ‘un répondeur apparaît sur le site Légitime dépense de Télé-Québec.
