Ce qu’on sait de la foudre en 1903
Dans La Patrie du 5 décembre 1903, un chroniqueur anonyme y va de ces constats au sujet de la foudre.
On nous a demandé de plusieurs côtés à la fois quelles précautions il fallait prendre chez soi au moment de l’orage pour se mettre à l’abri du danger. Les préceptes à l’usage des personnes qui craignent la foudre remontent à Franklin, et depuis on n’y a guère ajouté. Arago les a, de son côté, résumés. Ils sont simples.
Mais la foudre est capricieuse, et l’on ne sait pas toujours bien pourquoi elle a choisi telle route plutôt que telle autre. Ainsi, dans le dernier orage qui a éclaté à Paris, j’ai vu dans la banlieue tomber la foudre sur un arbre à 100 mètres de moi. Cet arbre était un acacia. Il fut dépouillé presque complètement de son écorce, dont les débris furent projetés dans l’avenue où il est planté en bordure.
Or, pourquoi cet acacia plutôt que son voisin ? Il n’avait rien de particulier, et tous les autres acacias restèrent indemnes. Et l’avenue où il se trouve est à 50 mètres du Bois de Boulogne. Pourquoi celui-là plutôt que les nombreux arbres du Bois ? Mystère.
Arago recommande aux habitants des maisons de demeurer isolés le plus possible dans une grande pièce, au milieu, loin des murs; il va jusqu’à préconiser l’emploi d’un hamac suspendu à des cordons de soie. À défaut de suspension, il est bon d’interposer entre soi et le sol un corps non conducteur, un tabouret, par exemple.
Arago dit : du verre, des matelas, etc. Puis il ajoute : «Ceci peut atténuer le danger, mais point le faire disparaître, car on a vu le verre, la poix et plusieurs épaisseurs de matelas traversés par la foudre». Le mieux serait de déposer dans la pièce une chaîne métallique reliant la cheminée à l’espagnolette de la fenêtre. La foudre n’agit violemment qu’aux extrémités du conducteur métallique.
Mais c’est surtout de la cheminée, avec sa suie, qu’il faut s’éloigner. Il faut éviter le voisinage des objets métalliques, poêles en tôle, en fonte, serrures, garnitures de glace. Ne pas conserver sur soi ses clefs et autres objets de métal.
Ces précautions ne sauraient nous garantir réellement; mais elles sont toujours bonnes à prendre et diminuent nos chances de foudroiement. Un physicien philosophe a préconisé un moyen peu connu. De même qu’un petit chien éloigne les voleurs, un petit chien peut servir de paratonnerre. La foudre, quand elle a à choisir, donne sa préférence aux chiens.
Cette boutade, malgré son étrangeté, pourrait trouver sa justification dans les faits. Ce sont les animaux, en effet, que semble préférer la foudre. On a recueilli beaucoup d’observations qui semblent confirmer cette singularité. Des conducteurs de bestiaux n’ont pas été touchés, alors que la foudre tuait, à côté d’eux, de nombreuses brebis. […]
Un autre physicien, plein d’imagination, recommande de se mettre au lit pendant l’orage. Dans l’antiquité, on croyait généralement que les personnes couchées n’avaient rien à redouter de la foudre. […]
Enfin, ajoutons, ce qui est particulièrement rassurant, que dans les grandes villes les accidents sont extrêmement rares.
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