Le chant des oiseaux
Quand, comment, pourquoi les oiseaux chantent-ils ? On s’est beaucoup penché sur la question au 20e siècle. Si bien que nous croyons être arrivés à des précisions qui seraient assez près de la vérité. Mais voilà plus de 100 ans, que disait-on ?
Dans La Patrie du 5 octobre 1905, voici les dires d’Alexis Dvornitzky, de la province d’Astrakhan, qui, dit-on, touche par la Volga aux Moscovites de l’Europe et aux Turcs de l’Anatolie et de Constantinople.
Se rappelle-t-on ce Dr Garnier qui, il y a quelques années, prétendit avoir découvert le langage des singes, et cet autre savant qui avait trouvé la signification des croassements du corbeau ?
Leur renommée va pâlir devant celle d’Alexis Dvornitzky, de la province d’Astrakhan, qui affirme avoir découvert et pouvoir expliquer le moyen par lequel les oiseaux se communiquent leurs observations.
Comme M. d’Alexis Dvornitzky est un savant qui fait autorité en des sciences plus positives, bien entendu, il se trouve un grand nombre de gens pour prendre au sérieux ses déclarations.
Le savant russe a observé un grand nombre d’oiseaux captifs et, parmi toute cette gent ailée, il a découvert des moyens de communication.
À vrai dire, les oiseaux ne discutent pas entre eux sur la pluralité des mondes habités ou sur les théories de Schopenhauer; ils se contentent, et c’est déjà beaucoup, d’échanger des pensées, si j’ose dire, sur les émotions purement physiques, ou, si l’on aime mieux, physiologiques. La voix sert à dire la faim, la colère, l’amour.
Les gestes des ailes, du bec et des pattes prennent des significations plus complexes. Ce sont des signaux et, ce qui le prouve, dit M. Dvornitzky, c’est que les oiseaux solitaires ne font pas ces signes.
«Si la matière cérébrale des oiseaux, dit–il, peut, comme c’est nécessairement le cas, concevoir des pensées d’un ordre instinctif, pourquoi ne pourrait-elle pas donner aux membres l’impulsion nerveuse nécessaire pour faire traduire l’instinct en geste et, si ces gestes existent, comme tout le monde peut s’en rendre compte par l’observation, ils doivent servir à leur fin immédiate qui est celle d’avertir.»
M. Dvornitzky dresse en ce moment des tableaux graphiques de ces gestes.
Ici, voilà le Bruant chanteur, toujours là en ce moment, remarquable par son chant lorsqu’il arrive en mars ou avril. Ce n’est pas pour rien que, sous le Régime français, les colons venus de France l’ont vite appelé Rossignol, faute de leur vrai rossignol. Jusqu’à la première quinzaine de juillet, il se fait bien entendre. Par la suite, toujours là, il ne chante plus, ou si peu. Il quittera quelque part en octobre sans avertir, soudain disparu. En 1996, je l’ai aperçu le 1er novembre, ma date la plus tardive à son sujet.
Remarquez les bourgeons qui se préparent pour l’an prochain.