Juillet n’a rien d’intéressant pour les vacances
En 1900, il faut en tirer son parti, juillet n’est pas un temps pour les vacances. Depuis Montréal, La Patrie du 18 juillet y va de cette nouvelle.
Si l’on compulse les statistiques de l’observatoire que dirige M. Gauthier, dans une des tours du palais municipal, on constate que depuis un mois, notre région a reçu une quantité de pluie qui dépasse de beaucoup la moyenne des années précédentes.
Si la ville de Montréal réalise des économies pour l’arrosage de ses rues, les habitants de la campagne commencent à faire entendre des plaintes au sujet de ces ondées par trop fréquentes. Nous sommes en pleine saison des foins et la température n’est pas faite pour en faciliter la récolte.
Plusieurs fermiers que nous avons vus hier au marché Bonsecours ne nous ont pas caché leurs inquiétudes. Ils réclament quelques belles journées de soleil pour faire mûrir les pommes de terre, les navets et autres légumes qui ont été surabondamment arrosés depuis deux semaines.
Pendant les trente-six dernières années, la moyenne de l’eau tombée dans notre région n’a pas dépassé 4.13 pouces, tandis que, depuis le commencement de juillet, le pluviomètre a enregistré 6.59 pouces de pluie.
Nos concitoyens qui sont allés en villégiature estivale dans les localités voisines se plaignent de n’avoir pu jouir encore d’une température favorable aux excursions champêtres. On patauge dans la boue du matin au soir et on se déclare heureux quand on a pu profiter d’une éclaircie pour mettre le nez dehors.
En bas du fleuve, la campagne n’est pas mieux partagée. Il a tellement plu en certaines localités que des trains de chemins de fer ont été retardés et que les communications par les routes provinciales sont très difficiles.
Tous ceux qui ne sont pas favorisés de la fortune et qui sont retenus à Montréal par les soucis de l’existence quotidienne se consolent facilement, cette année, de n’avoir pu réaliser le rêve d’aller passer un bon mois à la campagne.