La longévité de la vie
L’espérance de vie, comme aujourd’hui, revenait souvent dans l’actualité d’autrefois. Régulièrement, on sentait la nécessité d’une mise au point. Voici le propos du journaliste français Félix Duquesnel, qui fut un temps propriétaire du Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris. Son texte fait la une de l’hebdomadaire montréalais Le Bulletin du 29 juillet 1906. Extraits.
Il y a cinquante ans, nos actions de longévité ont pris de l’essor. Notre moyenne a augmenté de plus de huit ans, et vers 1850 nous étions à 36 ans quatre dixièmes.
Aujourd’hui, c’est mieux encore, le vingtième siècle nous accorde huit autres années de supplément et nous voilà à 46 ans deux dixièmes.
Eh bien, rien n’est encore moins exact. […] Si l’on veut connaître la durée normale vraie, tout au moins la durée possible, il faut prendre une durée physiologique, qui est celle de la durée de nos organes dans leur usage modéré, c’est-à-dire en dehors des excès de tout genre, qui les usent en faisant «campagne double».
Et Duquesnel de citer le physiologiste français Pierre Fourens. «La vie normale «possible» serait, tout naïvement, de cent ans, à la condition, bien entendu, que nous n’éprouvions aucun accident de route, que nous ne soyons pas assassinés par les apaches, victimes de virage d’automobile; qu’il ne nous tombe pas de cheminées sur la tête; que nous ne nous surmenions pas à tel point que la lame use le fourreau; que nous n’attrapions pas de chaud et de froid; que nous ne nous alcoolisions pas; que nos parents ne nous aient pas transmis quelque mal héréditaire; bref, qu’aucune circonstance fortuite et intempestive ne vienne pas interrompre le cours normal de la vie animale, que nous accordent les physiologistes. […]
D’aucuns posent encore une question ? «Où vit-on le plus longtemps ? Est-ce dans le nord ou bien dans le midi ?»
Je n’en sais ma foi rien; il paraît cependant que les centenaires sont plus fréquents dans le nord.
Cela tient peut-être plus encore à la qualité du caractère et au genre de vie des habitants des pays septentrionaux qu’à la température et au climat.
Je ne sais quel philosophe a dit : «La vie humaine est une partie qui se joue en cent points : l’hygiène marque 33 points; le calme, 20; la sobriété et la modération en toutes choses suffisent pour le reste. Pas d’émotion, boire, manger et dormir assez, pas trop, et avec cela beaucoup de chance, c’est tout ce qu’il faut pour vivre cent ans… au moins !»
C’est aussi ce que je vous souhaite de tout cœur, si vous tenez à la vie.
Félix Duquesnel.