Skip to content

Éloge des chutes de la rivière Chaudière

saint romuald chutes de la chaudiereIl y a soixante-cinq ans, l’hon. J. S. Buckingham, un gentilhomme anglais qui avait beaucoup voyagé par tout l’univers, a écrit la description qui suit des belles chutes des Chaudières, situées à environ neuf milles de la cité de Québec :

Les Chutes des Chaudières auxquelles nous trouvâmes un accès facile, accompagnés par notre guide, nous ont surpris et enchantés par leur beauté; et, d’autant plus peut-être parce que plus d’une personne nous avait dit qu’elles ne valaient pas de se déranger pour les voir. Une longue expérience nous a cependant enseigné la difficulté d’obtenir des renseignements précis d’autres personnes sur des sujets de cette nature; aussi nous décidâmes-nous d’aller voir nous-mêmes afin de former notre propre opinion.

Ainsi les chutes de Montmorency, qu’on nous avait tant vantés, n’ont pas réalisé notre attente, tandis que les chutes des Chaudières, dont on avait parlé avec tant de dédain, ont grandement dépassé nos prévisions. La hauteur perpendiculaire de la Cascade a à peine plus de cent pieds, mais la masse d’eau est si romanesquement brisée par les rochers à projection, qu’elle produit, dans sa descente, une turbulence et une furie qui sont d’un caractère sauvage et pittoresque à l’extrême.

La largeur de la chute est d’environ un quart de mille; et le mugissement des eaux roulant par-dessus les masses brisées qui interceptent son cours vers le bassin du bas, est grand et impressionnant, tandis que les strates d’ardoise relevées, posées à un angle d’environ 50 degrés avec l’horizon, et présentant les bords d’innombrables échancrures aux pieds du visiteur qui les traverse jusqu’au bord de la cataracte, ajoutent beaucoup d’intérêt et de beauté à la scène.

Les accessoires de bois et de verdure sur les rives adjacentes améliorent l’ensemble et les arcs-en-ciel produits par l’action du soleil sur les nuées de brouillard et d’écume qui ici, comme à Niagara, s’élèvent du pied du précipice, sont plus brillants et somptueux dans leurs couleurs qu’aucun autre dont nous ayons mémoire.

Nous nous sommes attardés parmi les rochers aussi longtemps que nous le pûmes, ayant peine de quitter cette scène de si romanesque beauté, mais finalement nous dûmes nous retirer avec notre guide au cottage duquel nous reprîmes notre voiture et de là retournâmes à Québec.

 

La Patrie, 7 juillet 1904.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS